100 BO cultes

Publié par Nathalie Dassa le 26 juin 2010

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100 BO cultesOlivier Cachin et Christophe Geudin – deux journalistes spécialisés dans la presse musicale – font paraître en 2008 les 100 BO cultes, à l’occasion du centenaire de la musique de films, dont la préface est signée par le groupe Air.

Apparue en 1908, la première musique de film est signée Camille Saint-Saëns – pianiste virtuose, organiste et critique musical alors au sommet de sa notoriété – pour L’assassinat du Duc de Guise d’André Calmettes et Charles Le Bargy, court-métrage de 15 minutes. Il devint ainsi le premier compositeur de renom à composer une musique spécialement pour le cinéma. Beaucoup de ses partitions furent reprises par la suite dans diverses œuvres cinématographiques telles la Belle et la Bête des studios Disney, Les moissons du ciel de Terence Malick, La Règle du jeu de Jean Renoir ou encore la neuvième porte de Roman Polanski.

Toutefois, avant que la musique ne devienne un complément indispensable au film sonore, sa fonction est réduite à une simple illustration d’images en mouvement, poussant le compositeur Igor Stravinsky à la considérer comme « papier peint », devant supporter l’image et l’histoire sans prendre le pas.

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Avec une sélection de films incontournables – en partant du Chanteur de Jazz (1927) jusqu’à There will be blood (2008) – Cachin et Geudin racontent et expliquent l’importance du rapport entre le son et l’image. Avec le long-métrage d’Alain Crosland considéré comme le premier film parlant, cinéastes, producteurs et musiciens ont compris le rôle du son et de la musique dans un film. Les auteurs retracent l’histoire de la bande originale et de son évolution, en s’appuyant sur les oeuvres de grands compositeurs tels Bernard Herrmann (Psychose, Obsession, Taxi Driver), Lalo Schifrin (Dirty Harry, Bullitt), Ennio Morricone (Mon nom est personne, Il était une fois en Amérique), John Barry (les James Bond), Jerry Goldsmith (La planète des singes), François de Roubaix (Le Samouraï) ou encore James Brown (Black Caesar), Miles Davis (Ascenseur pour l’échafaud) avec l’apport du jazz et de la musique noire en général.

Grâce à eux, la musique sur grand écran devient une « composante essentielle de la dramaturgie cinématographique ». La bande originale ne se contente plus systématiquement d’illustrer les images. Certaines servent de contrepoint au récit, tandis que d’autres font partie intégrante du scénario et définissent une situation, une émotion ou le caractère dans la composition d’un personnage.

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Dès l’apparition du rock, les réalisateurs n’hésitent pas s’octroyer les tubes du moment diffusés en radio, dans leurs films, engendrant ainsi des ventes record des BO (The harder they come, Easy Rider, Le flic de Beverly Hills ou encore Pulp Fiction).

Au fur et à mesure, des collaborations naissent entre réalisateurs et compositeurs, comme notamment le duo John Williams et Steven Spielberg. En 1975 sort au cinéma Les dents de la mer. Les auteurs racontent que le compositeur propose au cinéaste – dubitatif devant le minimalisme de la mélodie – un thème principal au piano sur « un simple motif binaire portant sur un Fa et un Fa dièse, inspiré de l’ouverture du Sacre du Printemps d’Igor Stravinsky ». Ce score à deux notes, célèbre dans le monde entier, allié à l’image, anticipe l’apparition du requin blanc; il augmente et s’accélère dès son approche imminente, et transforme radicalement l’attente du spectateur en véritable angoisse (extrait) + un autre extrait sur l’importance de la musique de John Williams.

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De Tangerine dream (Sorcerer) à Air (The Virgin Suicides), de Quincy Jones (L’or se barre) aux Goblin (Suspiria) de Howard Shore (La Mouche) à Clint Mansell (Requiem for a dream)… les auteurs dégagent l’essentiel des différentes étapes de travail – du scénario aux enregistrements – sur deux colonnes de texte, où se mêlent portraits des compositeurs, anecdotes et explications des séquences musicales, accompagnés de visuel(s) des pochettes de disques.

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Les auteurs

Christophe Geudin est journaliste dans la presse musicale spécialisée (Muziq, Recording Musicien). Il est également auteur du Petit dictionnaire du cinéma rock et du rockumentaire (Les Cahiers du rock).

Olivier Cachin est journaliste et écrivain. Fondateur du magazine L’Affiche et de l’émission télévisée Rapline, il est spécialisé dans les musiques urbaines. Il a écrit une dizaine de livres parmi lesquels L’offensive rap, Eminem le prince blanc du hip hop, 100 albums essentiels du reggae et Rap Stories, ainsi que les biographies de Nino Ferrer et de Boris Bergman.

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Quelques extraits de BO en images

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Requiem for a dream de Darren Aronofsky (2000)

Ce long-métrage marque la seconde collaboration entre Darren Aronofsky et Clint Mansell après Pi. C’est aussi la seconde adaptation sur grand écran pour l’écrivain Hubert Selby Jr, qui fut un véritable accro à l’héroïne après la publication du très controversé Last exit to Brooklyn, réalisé par Uli Edel en 1989. Hormis les jeux radicaux de Hellen Burstyn, Jared Leto et Jennifer Connelly, la différence entre ces deux films provient essentiellement du score de Clint Mansell : tripal, oppressant, addictif. Une poésie de l’enfer qui vous pulvérise l’estomac et accompagne  » l’un des meilleurs films jamais réalisés sur le thème de la dépendance aux psychotropes » ainsi que le formulent les auteurs.

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L’or se barre de Peter Collinson (1969)

Lorsque Quincy Jones compose la musique de la comédie british loufoque de Peter Collinson, il a à son actif plus de 1600 morceaux écrits pour les plus grands – de Franck Sinatra à Charlie Parker – plus d’une quinzaine de bandes originales telles La chaleur de la nuit de Norman Jewison, avec une liste infinie de récompenses. La course poursuite en Austin mini sur The self Preservation Society, interprétée par Michael Caine lui-même, est l’une des scènes les plus mémorables et délirantes dans l’histoire du cinéma. Un remake librement inspiré du film, Braquage à l’italienne, est réalisé en 2003 par F. Gary Gray avec Mark Wahlberg, Charlize Theron, Donald Sutherland, Mos Def, Edward Norton, incluant cette fameuse scène avec des Mini Cooper.

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Orange mécanique de Stanley Kubrick (1972)
Adapté du roman A clockwork orange d’Anthony Burgess paru en 1962, Orange Mécanique a été interdit pendant plus de 20 ans en Angleterre en raison de son ultraviolence. Dans la plupart des longs-métrages de Kubrick, les musiques sont tirées d’œuvres classiques orchestrales : de Richard Strauss dans 2001 l’odyssée de l’espace, à Bach et Mozart (entre autres) dans Barry Lyndon en passant par Béla Bartok dans Shining. A l’affût des dernières innovations, Kubrick le perfectionniste engage Walter Carlos – qui deviendra plus tard Wendy Carlos – pour sa proposition de réécriture de la 9ème symphonie de Beethoven sur un instrument révolutionnaire à l’époque : le synthétiseur de Robert Moog. Les oeuvres du compositeur ont gagné une puissance inédite.

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Il était une fois en Amérique de Sergio Leone (1984)

Ennio Morricone a signé de nombreux scores pour la plupart des cinéastes italiens (Bellocchio, de Sica, Risi, Argento, Bevilacqua, Fulci, Pasolini, Bertolucci), mais également pour Verneuil (Peur sur la ville), Fuller (Dresser pour tuer), Carpenter (The Thing), de Palma (Les incorruptibles), Polanski (Frantic), Tarantino (Inglourious Basterds) et bien d’autres… Dans Il était une fois en Amérique, il compose l’ultime bande originale pour Sergio Leone qui décèdera cinq ans plus tard, et aussi l’une des plus ambitieuses. Ce chef d’œuvre cinématographique, d’une durée totale de 4h, a subi les coupes franches des producteurs afin d’être présenté dans une version de 2h aux Etats-Unis. Mais il va supporter une autre sanction tout aussi grave. Ce score historique ne fut même pas nominé à la course pour l’Oscar de la Meilleure Musique car « la maison de production, the Ladd Company, a négligé l’inscription obligatoire ».

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Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle (1958)

Alors âgé de 31 ans, Miles Davis signe son contrat deux jours avant d’entrer en studio et compose sa première bande originale pour le premier long-métrage du cinéaste, qui signe ici un polar noir. L’extrait est l’une des séquences clé du film « l’errance de Jeanne Moreau sur les Champs-Élysées, à la recherche de son amant introuvable ».

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Psychose d’Alfred Hitchcock (1960)

Ce film marque la 5ème collaboration entre Bernard Herrmann et Alfred Hitchcock. La plus célèbre scène dans l’histoire du cinéma devait initialement se dérouler dans un silence total. Ordre catégorique du maître… avant que le compositeur ne le fasse changer d’avis avec une bande-son truffée de pincements de cordes de violons, répétitifs. Pour rappel, le compositeur écrivit sa première bande originale sur Citizen Kane d’Orson Welles en 1941.

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Dead Man de Jim Jarmusch (1996)

Le cinéma de Jim Jarmusch s’articule autour d’anti-héros décalés, marginaux et désabusés, campés principalement par des acteurs-musiciens tels Tom Waits, John Lurie, Screamin’ Jay Hawkins, qu’il plonge dans un récit narratif où se mêlent humour pince-sans-rire, poésie et rock & folk (Stranger than paradise, Dawn by law, Mystery train, Coffee & Cigarettes). Considéré comme l’un des artistes les plus tristes de l’histoire du rock et du folk, dans la lignée des auteurs, poètes et chanteurs des années 70 empreints d’un profond pessimisme, Neil Young ne pouvait que croiser le chemin de Jim Jarmusch. Dans Dead Man, il « signe le score instrumental du récit symboliste de l’éveil spirituel de William Blake », un comptable, au patronyme homonyme du célèbre poète, interprété par Johnny Depp. Ce dernier récite d’ailleurs certains passages des poèmes dudit auteur. On peut découvrir également Iggy Pop dans le casting. Le son particulier de la guitare électrique dans ce western en noir & blanc transporte le spectateur dans un autre monde.

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Assaut sur le central 13 de John Carpenter (1976)

Second long-métrage dans la filmographie de John Carpenter, inspiré de Rio Bravo de Howard Hawks. Le célèbre thème principal, qui « s’articule autour de cinq notes sur une boîte à rythme », sera repris, copié, samplé de nombreuses fois. Ce film a fait l’objet d’un remake réussi en 2005 par Jean-François Richet – cinéaste du diptyque de Jacques Mesrine – avec Ethan Hawke et Laurence Fishburne.

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Le Samouraï de Jean-Pierre Melville (1967)

Autodidacte, François de Roubaix fait ses gammes dans les clubs de Jazz du côté de Saint-Germain des Prés, fortement soutenu par un père réalisateur et producteur. Sa carrière s’étale sur une dizaine d’années au cours desquelles il a composé principalement pour Robert Enrico (Le vieux fusil), Jean-Pierre Mocky (L’étalon), José Giovanni (La scoumoune). La bande originale du Samouraï qui dure en totalité 16mn34s, accompagne un film au scénario quasiment sans dialogues. Les consignes du cinéaste : « la musique doit fonctionner comme un portrait intérieur de Costello (Alain Delon). Un personnage marqué par un passé et surtout un destin ». Le thème est dévoilé dès les premières minutes du film.

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Rocky de John G. Avildsen (1976)

Premier scénario écrit par le jeune italo-américain Sylvester Stallone, alors acteur débutant. Les auteurs résument en une ligne la pleine signification du thème principal de Gonna fly now du compositeur Bill Conti, connu dans le monde entier et même dans l’espace : cette musique appelle aux vertus de l’endurance physique et de la résistance morale.

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Suspiria de Dario Argento (1977)

Seconde BO composée par les Goblin pour Dario Argento après Profondo Rosso, considéré comme le meilleur giallo. Alors que la carrière du groupe est au point mort, la musique du film rencontre un succès phénoménal engendrant plus d’un million d’albums vendus en dix mois.

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Source: CBO Box office

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