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A l’occasion de la sortie le 4 avril de ‘Sur la piste du Marsupilami’ d’Alain Chabat, premier film européen à être projeté dans les salles IMAX, CineChronicle s’est entretenu avec Jérôme Gaiarin, directeur du Gaumont Disney Village qui fut le premier lieu à inaugurer la première des cinq salles IMAX en France, pour aborder ce nouveau phénomène technologique et cinématographique, populaire aux Etats-Unis.

 

 

Jerome Gaiarin - Directeur du Gaumont Disney Village

Jérôme Gaiarin – Directeur du Gaumont Disney Village

CC : Après le retour de la 3D, le phénomène IMAX s’impose. Pouvez-vous expliquer d’abord cette nouvelle technologie, populaire et répandue aux Etats-Unis ?

Jérôme Gaiarin : Comme son nom l’indique, IMAX signifie Image Maximum et son principe est donc de projeter des images géantes dans des grandes salles. L’objectif de l’opération est d’immerger les spectateurs dans le film et de leur faire éprouver de façon plus intense toutes les sensations. Depuis que IMAX collabore avec les studios hollywoodiens, leur travail se fait sur l’image avec un réétalonnage des couleurs, des lumières et de la définition afin de projeter des images de très grandes tailles, et un mixage de la bande son.

 

 

IMAX Gaumont Disney Village

IMAX Gaumont Disney Village

CC : Gaumont Disney Village a été le premier en France depuis 2005 à être équipé d’une salle IMAX . Quel a été le déclenchement et à combien s’est monté l’investissement ?

JG : Je ne peux pas vous répondre précisément sur l’investissement, mais cela s’est élevé à quelques dizaines de millions de francs à l’époque car ce bâtiment a été construit spécifiquement pour accueillir la salle IMAX à côté de Disney Village. En 1998, Gaumont avait construit une salle IMAX dédiée aux documentaires à Montpellier dans l’idée de s’approcher de celle installée à Barcelone. Montpellier étant une grande zone touristique, la volonté était de capter cette clientèle pour découvrir les documentaires dans ce format. Malheureusement, nous avons dû cesser d’utiliser cette salle assez rapidement au début des années 2000. Elle ne se rentabilisait pas. Puis IMAX est revenu vers nous pour nous proposer de projeter à la fois des documentaires et des blockbusters. C’était l’évidence pour Gaumont Disney Village. 95% des salles IMAX aux Etats-Unis, situées dans des parcs d’attractions ou en périphérie de musées, projetaient des documentaires sur écrans plats ou hémisphériques comme la Géode, dans des bâtiments architecturaux impressionnants. Derrière, il y a tout une économie du documentaire au format 70mm. Rappelons que le succès de IMAX vient du documentaire, après l’installation d’une caméra IMAX sur des satellites pour filmer la Terre depuis l’espace. C’étaient des images complètement inédites à l’époque.

 

Salle IMAX Disney

Salle IMAX Disney

CC : Est ce que votre salle est la plus grande en France ?

JG : Nous allons jouer sur les mots, mais Disney a le plus grand écran (450m2) intégré dans un multiplexe. Ce n’est peut-être pas la plus grande salle. L’écran est supérieur à celui des cinémas Pathé Quai d’Ivry (390m2) qui est une salle déjà existante adaptée à la technologie et à l’esprit IMAX. Celle de Disney est une salle native, donc construite à cet effet. Il faut savoir que les écrans IMAX ne sont pas normatifs. Avant que l’entreprise ne travaille avec les studios hollywoodiens, les salles étaient toutes des prototypes, avec des tailles d’écrans différentes.

 

Salle IMAX Disney

Salle IMAX Disney

CC : Pourquoi n’existe-t-il pas de salles IMAX dans Paris ? Quels sont les critères pour en construire une ?

JG : L’écran de Disney mesure 26mx18m, soit l’équivalent de deux terrains de tennis. Il est plus question de volume que de surface pour intégrer un écran dans une salle IMAX, c’est-à-dire de trouver de la place en hauteur (du sol au plafond) et installer au moins 600 fauteuils sachant que le premier rang est plus rapproché que celui d’une salle traditionnelle afin d’immerger le spectateur dans le film. Malheureusement pour Paris Intramuros, c’est une denrée rare. Si on décide par exemple de tout casser au Marignan sur les Champs Elysées pour n’installer qu’une salle IMAX, cela coûterait une fortune et l’économie du projet se rapprocherait de feu le Grand Ecran Italie. Aujourd’hui les salles uniques ne seraient pas viables car cela ne répond pas aux attentes des spectateurs. L’inconvénient d’une monosalle, c’est que vous êtes amené à faire constamment des paris sur les quelques films que vous sortez. L’IMAX est un format souvent utilisé par les studios hollywoodiens. Et il faut inclure les périodes creuses où aucun film ne sort sur le territoire comme septembre, octobre ou encore janvier. Vous vous retrouvez alors avec une salle qui n’a rien à proposer. Dans un autre cas, vous choisissez un film pour les vacances de la Toussaint par exemple, mais ce n’est pas le bon choix et il fait face à un film comme Intouchables distribué en salles traditionnelles. Vous perdez également énormément d’argent.

 

Alice au pays des Merveilles

Alice au pays des Merveilles

CC : L’IMAX consomme énormément d’énergie pour une puissance lumineuse et sonore entre 12 et 15000 watts sachant que deux projecteurs (6000 à 6500 watts) fonctionnent simultanément. N’est-ce pas un problème dans le contexte énergétique actuel ?

JG : Depuis que l’on est passé en cinéma digital, un écart important s’est réduit par rapport au standard du marché. Nous avons connu un basculement technologique en 2010 en passant à la projection numérique pour la sortie d’Alice au pays des Merveilles. Effectivement à l’époque, la projection en pellicule 70mm nécessitait beaucoup d’énergie. Mais comme toute technologie, tout ira dans le sens de la réduction. Pour faire un parallèle, le 70mm est une technologie spatiale et vous ne pouvez pas faire voler une navette spatiale aussi souvent que vous faites voler un avion. Malgré tout, c’est ce qu’on faisait en exploitant une cabine 70mm de façon récurrente comme une salle de cinéma. Mais nous avons eu des taux de pannes plus importants que sur l’industrie classique. Le cinéma numérique nous a apporté une fiabilité dans les projections qu’il devenait nécessaire d’offrir aux spectateurs. D’ailleurs, l’IMAX a acquis un brevet pour créer de la lumière à partir du laser. On aura donc des sources lumineuses qui consommeront moins d’énergie que les 14 000 watts actuels des projecteurs qui fonctionnent simultanément sur l’image.

 

IMAX digital projecteurs imax numerique

IMAX digital projecteurs imax numerique

CC : Un film en IMAX 3D consomme-t-il encore plus d’énergie ?

JG : Non mais c’est beaucoup mieux que le cinéma standard. Lorsque l’on fait de la 3D avec un projecteur numérique classique, on utilise un petit boitier qui va couper l’image en deux ; une pour l’œil droit et une pour l’œil gauche. Ce boitier consomme également un peu de lumière, on perd donc en luminosité et en contraste. La cabine de la salle IMAX possède deux projecteurs. Pour l’IMAX 2D, on utilise les deux projecteurs en même temps qui diffusent la même image, ce qui permet une meilleur qualité d’image en lumière, en contraste et en couleurs. Pour l’IMAX 3D, on utilise toujours les deux projecteurs simultanément, mais l’un sera pour l’œil gauche et l’autre pour l’œil droit. Ce qui est également un avantage sur le cinéma standard.

 

CC : Quelle est la différence entre IMAX 2D, IMAX 3D et IMAX DMR ?

JG : Vous pouvez oublier DMR car en tant que spectateur, vous ne le voyez jamais. DMR – qui signifie Digital Media Re-Mastering – est la technologie utilisée par IMAX pour convertir les films qui sont au format standard livrés par les studios au format IMAX afin de pouvoir les projeter sur un écran géant.

 

Avatar

Avatar

CC : Quels ont été les films projetés dans votre salle et quelle est sa rentabilité depuis son inauguration en 2005 ?

JG : Warner Bros étant le premier studio partenaire d’IMAX, nous avons souvent projeté leurs films comme Superman Returns ou le dessin animé Lucas, fourmi malgré lui. Mais ceux qui ont fait décoller les entrées de la salle IMAX ont été la saga Harry Potter, Je suis une Légende et tout particulièrement The Dark Knight, qui a fait venir de Paris les cinéphiles, cinéphages et autres passionnés de la technologie cinématographique. C’était le premier long-métrage qui proposait de longues séquences tournées avec de véritables caméras IMAX. Christopher Nolan est un dingue de ce format et les retours médias ont été très importants. Cela s’est donc fait en deux temps avec les fans, puis le public. The Dark Knight a permis de lancer Avatar qui a véritablement popularisé la salle et est devenu le film emblématique du Gaumont Disney Village. Il faut reconnaître que notre salle n’était pas particulièrement rentable jusqu’à Avatar. On a également réalisé un très bel été sur deux années avec Transformers 2 et 3. En 2012, MISSION IMPOSSIBLE 4 (notre critique) a attiré un bon public et nous avons dernièrement proposé HUNGER GAMES (notre critique) qui a marché correctement, à l’image des entrées honorables en France. Je pense que contrairement à Twilight, que nous n’avons pas projeté en IMAX, la franchise littéraire Hunger Games n’est pas encore bien installée dans l’hexagone.

 

Mission Impossible 4

Mission Impossible 4

CC : Et pour les films d’animation ?

JG : Il y a un frein économique pour les films animés. Déjà l’exploitation des salles IMAX exige un supplément de prix pour les spectateurs et ensuite les parents sont encore réticents à emmener leurs jeunes enfants voir un film même animé sur un écran géant.

 

CC : Quel est le prix du billet IMAX ?

JG : Les prix diffèrent entre le Gaumont Disney Village et le Pathé Quai d’Ivry (13,50 € et 9,40 € enfants). Nous sommes un peu plus chers. Le tarif normal est de 14,30€ et pour les enfants 10,70€. Pour les salles traditionnelles, le billet est à 10,30€ et pour les enfants 6,70€.

 

CC : Les places coûtent chères même si le cinéma reste encore le divertissement le plus abordable, du fait non seulement de la qualité IMAX mais aussi des salles situées à la périphérie de Paris. L’engouement ne risque-t-il pas de s’affaiblir comme la 3D ?

 

JG : Je suis d’accord avec vous, mais je vais vous répondre autrement. Cela nous oblige à l’excellence avec IMAX. Pour l’instant, je n’irais pas jusqu’à dire que l’on est dans l’excellence mais nous réalisons une prestation de très bonne qualité et à charge pour nous de veiller à la maintenir et à maintenir notre avantage concurrentiel.

 

Marsupilami

Marsupilami

CC : Justement, IMAX a choisi de projeter ‘Sur la piste du Marsupilami’ d’Alain Chabat pour leur premier film européen. Qu’attendez-vous comme retombées ?

JG : Avant tout des entrées car nous ne sommes pas subventionnés. Mais l’énorme intérêt de proposer ce film, c’est d’avoir un réalisateur qui aime le format et qui a envie de faire la promotion du travail fait conjointement avec IMAX pour convertir son film. J’espère qu’on aura les retombées médias utilisant la notoriété Chabat pour à la fois élargir notre clientèle et faire connaître notre salle.

 

CC : Mais outre le marsupilami, la forêt tropicale et les vues panoramiques et aériennes, toute la partie comédie ne sert pourtant pas vraiment le procédé IMAX…

JG : Oui mais dans le cinéma français actuel, quel film convertiriez-vous ? Nous sommes quasiment absent de la science-fiction, de la fresque historique ou de l’action pure. Qu’est ce qui nous reste ? Les drames intimistes ou les comédies de TF1 qui se passent dans un appartement d’un arrondissement de Paris… LE MARSUPILAMI (notre critique) n’est pas le film 100% idéal pour ce format, mais depuis des années IMAX cherchait à se greffer à un projet français ambitieux et il était nécessaire d’en proposer un dans ce procédé. De par son ambition visuelle, LE MARSUPILAMI est un bon compromis.

 

Marsupilami

Marsupilami

 

CC : Si l’on est enthousiaste pour cet événement français, quid des films des autres pays d’Europe ?

JG : La problématique par rapport à la dimension européenne est que, pour que les coûts de conversion du film au format IMAX soient amortis pour tout le monde, à commencer pour IMAX, il faut un parc de 10 salles. Seulement aujourd’hui, il n’existe pas un seul autre territoire européen qui ait au moins 5 salles comme en France. Il existe une salle en Allemagne, 1ou 2 en Espagne et en Italie, 2 ou 3 en Angleterre, après il faut aller en Russie. Et eux n’ont pas non plus une cinématographie qui permet toujours une conversion en IMAX. Bien sûr ce format explose en Asie avec notamment 12 salles en Chine et au Moyen Orient.

 

CC : Allez-vous également projeter ‘Sur la piste du Marsupilami’ dans une salle traditionnelle ?

JG : Nous avons une vision assez pluraliste et nous souhaitons toujours offrir le choix aux clients. Nous ne voulons pas les forcer à aller voir un format qu’ils ne connaissent pas ou qui n’est pas accessible budgétairement. Nous leur proposons toujours une alternative avec une projection normale et une premium (IMAX).

 

The Dark Knight

The Dark Knight

CC : Pour optimiser l’image IMAX, l’idéal est d’utiliser les caméras de ce procédé dès les prises de vues. Sont-ils nombreux à le faire ce jour, ou les films sont-ils essentiellement convertis comme la 3D ?

JG : Très peu de films utilisent des prises de vue natives en IMAX car aujourd’hui c’est possible uniquement sur pellicule 70mm et pas encore en caméra numérique. Lorsque vous chargez le magasin de la caméra IMAX, qui pèse excessivement lourd, vous avez 50 secondes de pellicule et après c’est vide, tant le volume est conséquent. Cela prend du temps et demande une mise en place importante générant des surcoûts qui ne sont pas gérables sur tous les projets. Pour The Dark Knight, 40 minutes ont été tournées en IMAX pour les scènes à grand spectacle comme celles du cambriolage, de l’explosion de l’hôpital et en haut d’une tour à Hong Kong. La caméra IMAX n’a aucune plus-value sur les scènes plus intimistes qui sont filmées avec des caméras traditionnelles. Ce fut la même logique pour MISSION IMPOSSIBLE 4 (notre critique).

 

Christopher Nolan camera IMAX

Christopher Nolan camera IMAX

CC : Aujourd’hui Hollywood intègre de plus en plus dans ses promo marketing des previews et autres bandes-annonces exclusives IMAX. Quand pensez-vous que ça arrivera chez nous ?

JG : Nous l’avons fait. En première de Je suis une Légende, nous avons projeté une séquence des 8 premières minutes de The Dark Knight. Les professionnels et les plus cinéphiles se sont déplacés uniquement pour découvrir cette séquence exclusive tandis que les autres sont venus avec l’idée de voir le blockbuster avec Will Smith. Ensuite, les négociations pour ce type de promo marketing est entre les mains des distributeurs français des films américains et sur lesquels nous avons pas forcément la main. Nous avons renouvelé l’expérience avec des images exclusives d’Avatar quatre mois avant sa sortie et pour Tron L’Héritage deux mois avant, en proposant aux fans de découvrir gratuitement et en exclusivité pendant une journée une projection d’extraits des films.

 

CC : A votre avis, l’IMAX est l’avenir du cinéma ?

JG : Je pense qu’Imax fait aujourd’hui tout ce qui est nécessaire pour conserver le plaisir de cinéma en salle intact. La fenêtre de diffusion « cinéma » offre grâce à la technologie Imax des atouts de différenciation sur les autres formats (home cinema, streaming, tablettes) qui restent inégalés pour vivre les œuvres cinématographiques.

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