Alphas (saisons 1 et 2) : critique

Publié par Philippe Tessier le 1 septembre 2012

Des individus dotés de capacités hors du commun sont recrutées par une agence secrète du gouvernement afin de lutter contre un groupe terroriste, Red Flag.

 

♥♥♥♥♥

 

Les individus dotés de pouvoirs surhumains ne cessent d’intéresser les producteurs. De Superminds à Heroes en passant par Incassable de M. Night Shyamalan, les scénaristes ont tenté de leur donner un côté beaucoup plus concret et réaliste que les super héros en costume des comics. Et, ce, depuis l’âge d’or des X-men où est abordé la guerre larvée entre l’humanité et les mutants comme dans l’album « Dieu crée et l’homme détruit » qui en a inspiré plus d’un. Alphas débarque donc après Heroes et une flopée d’adaptations plus ou moins réussies. Autant dire que ce n’est pas gagné d’avance. Ici, on ne parle pas de mutants ou de super-héros mais d’Alphas, des individus nés avec certaines capacités neurologiques qui peuvent s’avérer très discrètes. Ainsi, un des héros, Cameron Hicks (Warren Christie), est doté d’hyperkinésie et il est capable de lancer n’importe quel objet selon une trajectoire parfaite. Et presque tous les personnages principaux sont du même acabit. Ici, pas de pouvoirs spectaculaires (tout du moins au début de la série), on reste dans « l’un peu plus qu’humain ». L’idée de base d’Alphas, c’est que la plupart de ces « mutants » vivent très mal leur différence. Tous ont de lourds problèmes psychologiques ou sont même carrément autistes (à l’instar de l’excellent Ryan Cartwright qui incarne Gary Bell, un individu capable de voir toutes les transmissions électromagnétiques). Ce sont ces problèmes qui vont les conduire au début de la série à se retrouver entre les mains du Docteur Lee Rosen (David Strathairn) qui travaille au sein d’une division secrète du gouvernement. Ce dernier veut non seulement leur apprendre à s’accepter tels qu’ils sont et à contrôler leur pouvoir mais surtout éviter un conflit qu’il pressent entre les humains et les Alphas. Conflit incarné par le groupe Red Flag, une organisation qui milite pour la reconnaissance et l’indépendance des êtres différents. Mené par un certain Stanton Parrish (John Pyper-Ferguson), le groupe utilise tous les moyens nécessaires pour parvenir à ses fins.

 

 

Dès les premiers épisodes, les scénaristes brouillent les pistes et se débarrassent de l’éternelle rivalité entre les bons et les mauvais. Dans Alphas, il est très difficile de savoir qui a raison ou tort et les individus se différencient plus par les méthodes qu’ils emploient que par les objectifs qu’ils veulent atteindre. Dans ce domaine, le gouvernement et Red Flag se valent largement au grand désespoir d’un Docteur Rosen qui apparaît d’emblée comme le seul cherchant à trouver une solution pacifique. La relation Rosen/Parrish rappelle d’ailleurs celle entre le Professeur Xavier et Magnéto dans les X-Men, à cette différence près que Rosen est un simple humain. Rosen, qui n’a à priori aucun pouvoir particulier à part celui d’être fin psychologue, est le personnage central de la série. Tout s’articule autour de lui. A ses yeux, les Alphas sont avant tout des êtres humains accessoirement dotés de capacités surdéveloppées tandis que pour les autres humains se sont des êtres dangereux et anormaux qu’il faut à tout prix contenir et neutraliser. Cette peur de la différence, que l’on peut aisément comprendre quand un individu est capable d’incarner physiquement vos peurs les plus profondes, de vous brûler d’un simple contact ou de vous faire faire tout et n’importe quoi, motive l’utilisation de méthodes extrêmes que Rosen condamne et qui poussent les Alphas « rebelles » à voir en l’humain normal un ennemi. Le docteur se retrouve donc en plein milieu de ce conflit à tenter de concilier deux points de vue à priori difficilement conciliables. Il doit jouer sur les deux tableaux, quitte à se retrouver rejeté par les deux camps.

 

 

Toute la série insiste beaucoup sur la différence quel que soit le point de vue et sur la nécessité d’apprendre à vivre avec des gens différents. L’équipe du docteur Rosen en est une parfaite illustration : Gary Bell, un autiste qui ne supporte pas le moindre contact et qui a besoin d’organiser sa vie à la minute près, Hicks qui n’est pas vraiment à l’aise avec l’autorité, Rachel (Azita Ghanizada) dont les sens sont hyper développés et qui voit les moindres saletés laissées par ses collègues dans son bureau ou qui ne supporte pas certains savons ou parfums, Nina (Laura Mennell) qui peut d’un simple regard contrôler n’importe qui et Bill (Malik Yoba) un ancien agent du FBI qui vit très mal son éviction du bureau et qui tente d’apporter un peu d’organisation dans une équipe assez chaotique. Autant dire que, parfois, il est assez difficile de faire coexister tout ce beau monde et le docteur Rosen se retrouve souvent obligé de gérer leurs petites difficultés quotidiennes. Alphas est une série brillante qui sait renouveler un sujet qu’on pensait usé jusqu’à la corde. L’histoire de fond s’avère particulièrement intéressante et les « méchants » sont traités de manière intelligente à l’image d’un Stanton Parrish dont on comprend aisément les raisons d’agir. SyFy apprécie les crossovers entre ses séries et nous avions déjà eu droit à un rapprochement entre Eureka et Warehouse 13. C’est également le cas dans Alphas puisqu’un des personnages de Warehouse 13, le Dr. Vanessa Calder (Lindsay Wagner) fait une apparition dans l’épisode 6 de la première saison. Il faut par contre insister sur le fait que l’ambiance d’Alphas n’a strictement rien à voir avec celle de ces deux autres séries. Pour finir, notons que les doublages de la version française sont, pour certains personnages, largement en-dessous des voix de la version originale.

 

 

Philippe Tessier

 

 

 

Série américaine ALPHAS créée par Michael Karnow et Zak Penn de deux saisons de 12 et 13 épisodes de 43 minutes et diffusée sur SyFy à partir du 1er Juillet 2011 avec David Strathairn, Ryan Cartwright, Warren Christie, Azita Ghanizada, Laura Mennell, Malik Yoba et Erin Way. En France, la série est diffusée depuis le 21 février 2012 sur Syfy Universal.

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