Hushpuppy, 6 ans, vit dans le bayou avec son père. Brusquement, la nature s’emballe, la température monte, les glaciers fondent, libérant une armée d’aurochs. Avec la montée des eaux, l’irruption des aurochs et la santé de son père qui décline, Hushpuppy décide de partir à la recherche de sa mère disparue.

 

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Les Bêtes du Sud Sauvage fait partie de ces petites pépites indépendantes à petit budget qui vous transpercent le cœur tout en remettant les pendules à l’heure de votre existence. Benh Zeitlin, réalisateur américain de 30 ans, signe ici son premier long-métrage, à forte résonance malickienne, d’une intensité émotionnelle et dramatique remarquable et captivante, grâce aux deux rôles principaux incarnés par des acteurs non professionnels. Caméra à l’épaule et tourné en 16mm, ce drame situé aux frontières de la réalité et du fantastique ou du fantasmagorique, coécrit par le réalisateur et Lucy Alibar d’après sa pièce Juicy and Delicious, se positionne essentiellement du point de vue de Hushpuppy, âgée de 6 ans, magistralement interprétée par Quvenzhané Wallis. Cette toute jeune actrice pleine de promesse a été choisie parmi 4000 candidates potentielles. Elle tient ici prodigieusement la distance par sa présence solaire, son visage expressif, son regard déterminé et ses petits bras frêles mais fermement robustes dans ce film sur fond de catastrophe climatique dont l’action prend place dans un bayou fictionnel de la Louisiane du Sud. Cet endroit nommé le Bassin (le Bathtub), séparé par une digue et écarté de la population par le gouvernement, est une zone humide à risque aussi magnifique qu’apocalyptique, en raison des pluies et des tempêtes fréquentes, et qui peut à tout moment disparaître dans les eaux marécageuses. Mais une poignée d’individus marginaux noirs et blancs y vivent, profondément attachés à jamais à cette terre en perdition, dans des conditions tellement sauvages, pauvres, insalubres et sans électricité qu’elles en façonnent une union résistante singulière en éliminant les quelconques questions et autres problématiques raciales.

 

 

Les Bêtes du Sud Sauvage concentre son récit sur la relation père/fille entre Hushpuppy et Wink, incarné par Dwight Henry, qui consomme beaucoup d’alcool et souffre d’une maladie du cÅ“ur. Mais Zeitlin affine son traitement dans une succession de gros plans sur la perception fascinante et imaginaire de cette jeune fille agile, intelligente et indépendante, élevée à la dure telle une future guerrière, face à la possibilité d’une fin du monde. Si la mère est absente physiquement du cadre, la figure maternelle est néanmoins fortement représentée par le biais d’une voix off, de conversations imaginées par sa fille ou d’images oniriques racontées par le père car selon son histoire légendaire, elle était si jolie qu’elle pouvait allumer le réchaud à gaz rien qu’en passant devant. C’est dans cette relation familiale particulière qu’il se bat pour lui inculquer les techniques de survie afin quelle puisse se débrouiller très vite seule. L’imagination de Hushpuppy se voit alors hantée par des Aurochs, sorte de créatures ancestrales étranges entre le bison et le sanglier, surgissant des marais comme un troupeau qui charge. Mais face aux entraves omniprésentes de toujours tout recommencer et tout remettre en place dans ce périple dantesque, Hushpuppy forge son caractère et se transforme en véritable force de la Nature gagnant le respect de ces bêtes sauvages nées de son propre désespoir.

 

 

Les Bêtes du Sud Sauvage, lauréat de la Caméra d’Or à Cannes, du Grand Prix à Deauville et à Sundance, est une fable contemporaine post-Katrina aussi bouleversante que libératrice, sur l’enfance et l’innocence mais aussi sur la puissance et les ressources même de l’enfance. Car Benh Zeitlin ne tombe jamais dans la complaisance ni dans le sentimentalisme et invoque encore moins la pitié ou la charité. Ce premier film en devient un choc poétique et philosophique voire un art brut onirique visuel, submergé par une photographie lumineuse et colorée, qui prend toute sa tonalité et son rythme sur une bande son magistrale, co-composée par le cinéaste, complice inhérente et fondamentale de cet incroyable petit bout de femme.

 

 

 

LES BÊTES DU SUD SAUVAGE (Beasts of the Southern Wild) de Benh Zeitlin en salles le 12 décembre 2012 avec Quvenzhané Wallis, Dwight Henry, Jonshel Alexander, Levy Easterly, Lowell Landes, Pamela Harper, Gina Montanna, Amber Henry. Scénario : Lucy Alibar, Benh Zeitlin d’après l’œuvre de Lucy Alibar. Producteurs : Dan Janvey, Josh Penn, Lucas Joaquin. Directeur Photographie : Ben Richardson.  Compositeur : Dan Romer, Benh Zeitlin.  Montage : Crockett Doob. Décors : Alex DiGerlando. Costumes : Stephani Lewis. Distribution : ARP Sélection. Durée : 1h32.  

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