Les Croods est l’histoire de la première famille moderne du monde. Elle se déroule à une époque jusqu’à présent inconnue, l’ère Croodéolithique. C’est dans ce monde à la fois comique et dangereux que la famille Crood doit s’aventurer pour trouver une nouvelle maison, leur cave ayant été détruite. Comme si la loi du plus fort n’était pas un problème suffisant, le père, Grug, tombe rapidement sur quelqu’un de beaucoup plus fort que lui – un jeune nomade plein d’imagination, Guy, qui en pince pour Eep, la fille de Grug. Les Croods sont contraints de dominer leur peur du monde extérieur et de découvrir que la seule chose vraiment nécessaire pour survivre, c’est de pouvoir compter les uns sur les autres.

 

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Les Croods afficheL’union fait la force est un adage vieux comme le monde. Mais lorsque elle prend justement forme aux origines de l’ère moderne, l’expression en ferait presque peau neuve. Et si sa narration comme sa forme n’offrent rien de révolutionnaire, le dernier film d’animation des Studios Dreamworks s’avère être un joli cadeau de printemps qui ne manque pas d’idées ni de fraîcheur. Les Croods – c’est le nom du nouveau-né en question – sort idéalement ce 10 avril, en pleines vacances scolaires et vise dans chacune de ses séquences le regard des pré-adolescents et de leurs parents. Beaucoup pourront en effet s’amuser devant cette tribu où trois générations sont représentées : voici donc Eep, l’aînée de la famille, son jeune frère Thunk et sa petite sœur, sa grand-mère Gran et ses parents, Grug et Ugga. Une bien curieuse famille qui vit recluse dans une grotte en pleine ère croodéolithique. Grâce à leur volonté et avec l’aide de Guy, jeune nomade débrouillard et plein d’imagination, le joyeux groupe va vivre une vraie révolution. Ou plutôt deux – la sienne et celle d’une planète en pleine mutation. Car c’est bien la grande idée de Kirk DeMicco et Chris Sanders : associer une sphère privée et une sphère environnementale qui, ensemble, vont connaître un virage à 180°C. L’esprit rebelle de Eep, à l’aube de l’âge adulte et en conflit avec son casanier de père, trouve en se sens sa représentation dans ce nouvel univers qui va petit à petit se découvrir, s’agrandir au fur-et-à-mesure que la jeune femme va s’éveiller au contact de son nouvel ami.

 

Les Croods1

 

Les Croods rappelle aussi qu’il est difficile, en 1h32, de donner substance égale à tous les personnages, même s’ils ne sont pas nombreux. Le triangle amoureux que forment Grug, sa fille et son gendre potentiel occupe beaucoup d’espace, dissimulant à peine un complexe d’Œdipe inversé. Ici, c’est le père qui se prend à vouloir tuer le promis de sa fille. Psychologie de bas étage ou ressort dramatico-comique efficace, il appartiendra à chacun de juger mais aussi de s’amuser des contrastes entre Grug et Guy, aux physiques et aux caractères parfaitement opposés. Grug est un paternel imposant, tout en muscles, craintif et sédentaire, Guy est un jeune orphelin maigrichon, aventureux et plein d’esprit. Des différences assez basiques, qui donnent mine de rien du poids à l’enjeu dramatique que vit Eep : s’évader au risque de ‘‘tuer’’ la figure paternelle, bien que l’on devine très vite l’issue heureuse vers laquelle le film avance. Le personnage de la mère, Ugga paraît du coup en pâtir. Elle fera moins rire que Gran, la grand-mère dont les sarcasmes échangés avec Grug assurent la partie grosse marade. Elle est logiquement moins expansive et sauvage que la petite dernière de la lignée, qui ferait passer les ‘‘méchantes’’ bestioles préhistoriques – comme un tigre géant a priori menaçant – pour des peluches inoffensives. Pourtant, il faut bien un personnage plus impartial et raisonnable, presque rassurant, pour rappeler les évidences, donner quelques respirations parce qu’il faut bien le dire, Les Croods respire peu dans la première moitié du périple. C’est un défaut qui n’en est pas vraiment un d’ailleurs : comment ne pas évoquer ce passage du Mésolithique – période de l’Homme chasseur confronté à la fin de l’époque glaciaire – au Néolithique – ère des mutations en tout genre, de l’agriculture et de l’élevage – ainsi que l’émancipation d’une jolie sauvageonne sans un minimum d’exaltation et de feu d’artifices !

 

Les Croods2

 

A ce titre, l’imagerie du film s’avère souvent virtuose, peuplée d’animaux insolites comme ces piranhas volants, ces fleurs carnivores ou cet étrange chimpanzé qui accompagne Guy, et qui s’avère être un acteur de génie à l’instar du singe d’Aladin. Passée une introduction sympathique sur fond d’iconographies au pastel rappelant celle de Shrek – on est bien chez DreamWorks – les traits grossiers des personnages sautent aux yeux. Filmées en plans resserrés en particulier dans le premier chapitre, ces têtes bizarres constituent en vérité un contrepoids assez malin à l’authenticité étrange de ce nouveau monde découvert après le chaos initial. C’est dans ce type de moments que la 3D montre son potentiel. Les couleurs et les reliefs explosent, et le spectateur comme les héros passent d’un film à l’autre, quittant ce semblant de vie morose pour une autre dimension, plus dangereuse encore mais plus belle et plus vraie. Il ne s’agit plus d’écouter les histoires dissuasives de Grug sur le danger extérieur, mais d’exister comme acteur d’un conte devenu réalité. Certains verront peut-être dans ce dernier produit un mélange réussi d’Avatar – pour la 3D et l’univers parallèle – d’Indestructibles pour la refonte du cercle familial – et de REBELLE (notre critique) pour la soif de liberté féminine. D’autres apprécieront une version ludique et grand public de l’allégorie de la caverne de Platon. Un dernier tiers, enfin, s’agacera de cette parabole biblique véhiculée via ce soleil lointain servant de guide et ce sauvetage d’animaux finalement domestiqués digne d’une Arche de Noé. Demeure cependant un aspect que nul ne peut nier : une énergie folle et généreuse qui, a défaut de marquer durablement, génère un effet prozac instantané.

 

 

 

LES CROODS de Kirk DeMicco et Chris Sanders en salles le 10 avril 2013 avec les voix de Nicolas Cage, Ryan Reynolds, Emma Stone, Catherine Keener, Clark Duke, Cloris Leachman. Scénario : Kirk DeMicco et Chris Sanders. Directeurs artistiques : Paul Duncan, Dominique Louis. Productrices : Kristine Belson, Jane Hartwell. Image : Yong Duk Jhun. Musique : Alan Silvestri. Décors : Christophe Lautrette. Montage : Darren T. Holmes. Distribution : Twentieth Century Fox. Durée : 1h32.

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