Pour les voyageurs du monde entier, l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull est un coup dur. Pour Alain et Valérie, c’est une catastrophe. Car pour arriver à temps dans le petit village de Grèce où se marie leur fille, ce couple de divorcés, qui se voue l’un l’autre une détestation sans borne, va être amené par la force des choses à prendre la route ensemble.
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« Sinon, dites le volcan », conseille le sous-titre de l’affiche, histoire d’établir un quelconque contact avec les spectateurs avant qu’ils ne prononcent ce titre maudit en achetant leur place. Après son premier long-métrage, Une pure affaire (2011), Alexandre Coffre comptait sûrement signer une aventure belle et bien volcanique sur le couple dans un cadre dépaysant. Car si Eyjafjallajökull arbore des airs de road-movie, il s’agit surtout selon le réalisateur-scénariste d’une comédie antiromantique mettant en scène un duo de divorcés plein d’aigreur et de haine l’un envers l’autre. Et il faudra bien qu’arrive ce fait réel survenu au printemps 2010 – l’éruption du volcan islandais au nom démoniaque – pour forcer Alain (Dany Boon) et Valérie (Valérie Bonneton) à faire route ensemble. Face à l’état du trafic aérien, ils passeront de voitures en bateau entre l’Allemagne et la Grèce, où leur fille de 20 ans doit se marier. Pourquoi pas après tout ? Si la bande-annonce ne met déjà guère en confiance, on pouvait au moins espérer quelques situations mordantes nourries aux sarcasmes et autres manipulations mutuelles de ces deux-là. Certes, le coup du duo antinomique peut sembler usé jusqu’à la corde dans la comédie française, mais il a aussi fait ses preuves. Sur le ring conjugal, il y a donc Alain le clown triste, looser de service mais papa poule, et Valérie la quarantaine souriante et riche dont le portrait est un peu terni par son passé de mère absente. Chacun utilisera les failles de l’autre pendant plus de 2000 kilomètres, mais on ne sera jamais dupes des coups bas répétitifs qui surviendront dans les secondes suivant une potentielle réconciliation.
L’absence totale de surprise devient alors l’un des gros gros problèmes de ce deuxième film fumeux au néant scénaristique que l’équipe s’est efforcée de rythmer, sans y parvenir, à coup d’évasions invraisemblables et de montage ultra-coupé. Chaque gag tombe à plat puisque la méchanceté des situations devient hystérie et que les banalités des dialogues insipides empêchent tout régal sarcastique. Alexandre Coffre, sûrement plein de bonnes intentions, a déclaré avoir pensé à la fois à La Guerre des Rose, Little Miss Sunshine et A la poursuite du Diamant Vert. Rien que ça. Si on imagine bien la volonté de donner un triple visage à l’entreprise – comédie de remariage, road-movie intimiste et film d’aventure –, le cinéaste échoue sur tous les terrains et à tous les niveaux. Au final, le voyage ressemble au mauvais Safari (2009) d’Olivier Baroux et à du sous-Chatilliez. Quand même la pétillante Valérie Bonneton ne parvient pas à donner un peu de saveur à l’ensemble, le tout sent le souffre à plein nez. Mieux vaut alors passer son chemin que de fourcher sa langue devant le guichet.
EYJAFJALLAJÖKULL d’Alexandre Coffre en salles le 2 octobre 2013 avec Dany Boon, Valérie Bonneton, Denis Ménochet, Bérangère McNeese. Scénario : Laurent Zeitoun, Yoann Gromb, Alexandre Coffre d’après une idée originale de Yoann Gromb. Producteurs : Nicolas Duval Adassovsky, Yann Zenou et Laurent Zeitoun. Producteurs associés : Dominique Boutonnat, Arnaud Bertrand, Hubert Caillard. Directrice de production : Camille Lipmann. Coproductrice : Geneviève Lemal. Directeur de la photographie : Pierre Cottereau. Premier assistant réalisateur : Daniel Noah Dittman. Montage : Sophie Fourdrinoy. Casting : Marion Tenet. Décors : Gwendal Bescond. Son : Pascal Armand, Marc Bastien, Dominique Gaborieau. Costumes : Sonia Philouze. Maquillage : Flore Masson, Suzel Bertrand. Coiffure : Juliette Martin. Musique originale : Thomas Roussel. Distribution : Mars Distribution. Durée : 1h32.
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