Malavita de Luc Besson: critique

Publié par Nathalie Dassa le 7 octobre 2013

Fred Blake alias Giovanni Manzoni, repenti de la mafia new-yorkaise sous protection du FBI, s’installe avec sa famille dans un petit village de Normandie. Malgré d’incontestables efforts d’intégration, les bonnes vieilles habitudes vont vite reprendre le dessus quand il s’agira de régler les petits soucis du quotidien…

 

 

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Malavita posterAprès s’être penché précédemment sur la vie personnelle du symbole de la démocratie, la birmane Aung San Suu Kyi, Luc Besson s’empare ici de la comédie de gangsters. Malheureusement cette adaptation de Malavita, roman éponyme de Tonino Benacquista – dont les oeuvres La Boite Noire ou encore Les Morsures de L’Aube ont été aussi portées à l’écran -, laisse une impression de gâchis, pourtant basée sur une idée potentiellement forte avec à la clé un casting magistral. Le résultat dans l’ensemble est une tentative satirique paradoxale assez plate dans la plongée d’une famille mafieuse new-yorkaise, contrainte de déménager dans une bourgade perdue de la Normandie, dans le cadre du programme de protection des témoins du FBI. Ce n’est pas tant la mise en scène de Luc Besson qui pêche, car elle reste relativement dynamique et efficace, mais bien le scénario d’une maladresse paresseuse frôlant parfois l’amateurisme. Il faut bien l’avouer, cette confrontation des deux cultures, liée aux comiques de situations et aux personnages hélas souvent prisonniers de leurs caricatures, reste surfaite, pas vraiment crédible et décoince rarement les zygomatiques. La faute à une longue première partie dépourvue d’originalité dans laquelle Luc Besson sombre dans l’écueil des poncifs antiaméricains primaires et des clichés navrants sur les provinciaux et sur la jeunesse française et américaine avec ses règles auto-fixées dans les établissements scolaires. Le tout se noie dans des répliques d’une banalité confondante. C’est d’autant plus dommage que Luc Besson, qui a tourné ce film aussi dans sa belle Cité du Cinéma, parvient un tant soit peu à reprendre le gouvernail dans un dernier acte au suspense prenant et bien rythmé, avec l’arrivée des malfrats sur l’air de Clint Eastwood de Gorillaz.

 

 Malavita Robert de Niro, Michelle Pfeiffer, Dianne Agron, John D'Leo

 

On fait alors face à une comédie de gangsters boiteuse qui ne sait jamais sur quel pied danser, malgré les présences de Robert de Niro, Michelle Pfeiffer et Tommy Lee Jones qui redonnent un peu d’élan à la narration. Le premier, dans le rôle d’un patriarche de la Mafia repenti qui s’invente désormais une âme d’écrivain pour se consacrer à l’écriture de ses mémoires, renvoie à son éventail de personnages de truands mythiques (Mean Streets, Le Parrain 2, Il était une fois en Amérique, Les Affranchis, Casino ou même Mafia Blues). La seconde, toujours aussi superbe, émouvante et imposante, renvoie à ses rôles dans Veuve mais pas Trop ou d’une manière plus éloignée Scarface et incarne ici l’épouse qui n’hésite pas à faire exploser le supermarché du village en réaction aux préjugés des habitants. Le troisième ajoute tout son charisme en agent du FBI, las et épuisé par le système. Le duo entre les deux hommes est d’ailleurs savoureux et porté à son apogée lors de la scène du débat scorcesien à la cinémathèque. Du point de vue des enfants, héritiers des travers et de la violence de leur père, seul John D’ Leo parvient à s’extraire de son personnage se présentant comme un escroc et racketteur virtuose de 14 ans qui manipule d’une main de maître toute l’école. Dianna Agron se cantonne, elle, à livrer son éternel jeu bien trop plane de Glee avec sa voix basse, posée et suave. Et ce, même en dépit de cette double personnalité qui caractérise son personnage d’adolescente de 17 ans, aux allures de jeune première à la pureté virginale en quête du prince charmant. Si elle est confrontée à ses premiers émois en tombant follement amoureuse de son professeur de maths, elle peut aussi faire preuve d’une brutalité implacable contre ses camarades de l’école.

 

Malavita Robert de Niro et Tommy Lee Jones

 

Ce sont toutes ces failles et lourdeurs qui anémient le potentiel de Malavita, avec pourtant la collaboration au scénario de Michael Caleo (Les Sopranos) et le cachet de Martin Scorsese à la production exécutive. Il est très loin le temps des SubwayLéon et Nikita. Car finalement tout réside ici dans cette incapacité à pouvoir fondre naturellement toutes les disparités dans ce conflit des cultures, avec l’humour qui en découle, sur cette famille mafieuse qui tente de s’acclimater, au détriment de leur violence refoulée, à leur nouveau mode de vie dans une province française paisible. Si Luc Besson en saisit les aspérités, il ne parvient pas à accomplir cette promesse de départ dans ce mélange des genres.

 

 

 

MALAVITA de Luc Besson en salles le 23 octobre 2013 avec Robert de Niro, Michelle Pfeiffer, Tommy Lee Jones, Dianna Agron, John D’Leo. Scénario : Luc Besson et Michael Caleo, d’après l’œuvre éponyme de Tonino Benacquista. Producteur : Virginie Besson-Silla. Producteur Exécutif : Martin Scorsese. Photo : Thierry Arbogast. Musique : Evgueni Galperine. Décors : Hugues Tissandier. Costumes : Olivier Beriot. Son : Didier Lozahic, Ken Yasumoto. Montage : Julien Rey. Distribution : EuropaCorp. Durée : 1h51.

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