On était informés dès le départ que Darren Aronofsky s’attaquait à sa première production d’envergure avec NOÉ (NOAH), avoisinant les 130 millions de dollars, qui devrait être sombre et avoir un ton incisif. Cela peut engendrer des désaccords. Selon THR, c’est ce qui se passe actuellement entre Darren Aronofsky et la Paramount sur le final cut de cette épopée biblique, qui doit prendre l’affiche le 25 mars 2014 aux Etats-Unis et le 9 avril 2014 en France. Des projections-tests de différentes versions auraient en effet provoquées le déluge dans la communauté religieuse et on ignore si le réalisateur conservera son droit de final cut. Rob Moore, vice président de la Paramount, se veut pourtant rassurant déclarant que tout se déroulait selon « un processus normal de preview » et le résultat sera « une version du film que Darren a réalisé ».
Ces dernières semaines, le studio a en effet procédé à des projections-tests destinées à des groupes clés, qui ont un fort intérêt pour le sujet. C’est ainsi que NOÉ a été proposé à New York à un public en majorité juif, en Arizona où la population est chrétienne et dans le comté d’Orange en Californie pour un public plus éclectique. Tous auraient manifesté des réactions non concluantes. De plus, selon de nombreuses sources, Darren Aronofsky n’accepterait pas les suggestions de changements de la Paramount car « Darren n’est pas fait pour les films des studios. Il est très hautain. Il ne tient pas tient compte des avis [du studio] ». Le talentueux scénariste/réalisateur des pépites d’une noirceur palpable comme Pi, Requiem for a Dream ou encore Black Swan (qui a remporté les faveurs de la critique et du public et a valu un Oscar à Natalie Portman) ne serait pas familier de leurs habitudes.
Selon leurs dires, l’utilisation des effets spéciaux serait trop profuse à tel point que dans certaines scènes, on ne verrait que le visage de l’acteur. Si cela s’est avéré nécessaire pour le déluge et Noé, dont le rôle est porté par Russell Crowe, aucun animal réel figure dans le film. Le cinéaste s’est d’un côté lancé dans la fabrication d’un navire gigantesque que nous avions relayés ICI et LÀ, et de l’autre a favorisé la conception numérique pour les animaux recréant les fourrures et les couleurs, avec la collaboration de la fameuse société Industrial Light and Magic, fondée par George Lucas en 1975. Il a indiqué que les créatures ont été « légèrement modifiées » par rapport à la réalité. Selon les équipes, ce travail a nécessité énormément d’implication et de moyens et représenterait même le plus compliqué de toute l’histoire d’ILM, sur l’une des séquences du film en particulier. Dans un long entretien sur le site de la Director’s Guild of America (DGA), Aronofsky rentre par ailleurs dans les détails précisant qu’il a inventé ‘tout un royaume animal’ avec la présence de ‘créatures fantastiques’ car il ne souhaitait pas sombrer dans le cliché des ‘couples d’ours polaires, d’éléphants et de lions qui déambulent dans l’Arche’.
Outre le problème des effets numériques, une remise en question a fait bondir les chrétiens les plus féroces car dans la Bible, Noé et les habitants de l’Arche survivent au déluge qui détruit la Terre. Or un écrivain a réussi à se procurer une version du scénario et son commentaire à déclencher un grand scepticisme dans la communauté : « Le personnage de Darren Aronofsky est un écologiste dingo ». Il s’avère que le réalisateur avait décrit Noé comme étant le premier écologiste. La Paramount garde cependant la foi. Au mois de juillet dernier, Darren Aronofsky a projeté quelques séquences dans une église basée à Echo au Texas et les retours du public par l’intermédiaire de Twitter se sont avérés positifs. Le vice président du studio savait qu’en s’engageant dans ce film, il rencontrerait des difficultés. Pour cette raison il « a prévu une très longue période de postproduction, qui permettra d’effectuer un grand nombre de tests ». Si Aronofsky « veut définitivement un certain niveau d’indépendance » a-t-il ajouté, « il veut aussi faire un film à succès ».