Un avocat respecté pense pouvoir mettre le pied dans un trafic de drogue sans être happé, et se retrouve vite à devoir survivre…

 

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Cartel affiche francaiseCette première collaboration entre Ridley Scott et Cormac McCarthy, lauréat du Prix Pulitzer, qui signe ici son premier scénario original, n’est pas si déplaisante en dépit de nombreuses maladresses et autres lourdeurs dans l’orchestration de leur travail respectif. Cartel (The Counselor), ancré dans la chaleur du désert entre le Texas et le Mexique, a effectivement les défauts de ses qualités avec son rythme lent, sa profusion de dialogues, ses longues saynètes successives qui visent à bâtir – pas toujours très clairement – les relations entre les personnages et cette montée longue et progressive dans l’action. Mais celui à qui l’on doit les romans The Road ou encore No Country For Old Men, portés à l’écran respectivement par John Hillcoat et les frères Coen, réussit néanmoins à livrer un récit chargé de réflexions philosophiques et existentielles. On adhère ou non à l’histoire de cet avocat avide, appelé Maître (Counselor) dont le véritable nom n’est jamais révélé, qui s’engage contre tout avertissement sur les terres nauséeuses du trafic de drogue, en pensant ne jamais en être éclaboussé. Ce thriller trouble, luxueux et classieux se transforme en une chronique plutôt intéressante, même dans sa superficialité, sur les revers des cartels mexicains où se côtoient la moralité et l’immoralité, la fin des illusions, le sexe et l’amour, l’appât du gain et la cupidité, les choix des individus et les conséquences irréversibles de leurs actes. C’est ce qui fait sans doute tout le sel de Cartel qui parvient à trouver un sens grâce à son atmosphère singulière et à son casting prestigieux, en dépit des critiques assassines et des retombées d’un box office américain en berne.

 

Cartel (The Counselor) - Michael Fassbender et Penelope Cruz

 

On peut effectivement reprocher à McCarthy d’éluder de nombreux points dans le scénario comme les détails sur la transaction ou encore la construction des personnages et leurs motivations, qui rendent souvent difficile la pleine compréhension des situations. Nonobstant ses faiblesses – souvent scénaristiques -, ce thriller aux allures de série b haut de gamme nous plonge dans la descente aux enfers de cet avocat, assuré et confiant, fou amoureux de sa compagne (Penelope Cruz). Qu’on se le dise, ce n’est pas le meilleur rôle de Michael Fassbender, qui retrouve le réalisateur après son interprétation de l’androïde David 8 dans PROMETHEUS (notre critique), mais il sort cependant son épingle du jeu. Si le paradoxe de son personnage manque de profondeur et de complexité, l’empathie est néanmoins présente lors des paiements de la dernière partie. Idem pour Javier Bardem et Brad Pitt qui parviennent à insuffler à la fois du recul et de la tension dans leurs rôles dépeints comme deux associés d’affaires louches de l’avocat. Si l’acteur espagnol est moins magistral que dans No Country For Old Men, pour lequel il a remporté un Oscar, par sa prestance et son charisme intrinsèques, il injecte ici la dose d’humour suffisante au travers de son rôle de gangster et de propriétaire flamboyant d’une boîte de nuit qui lui propose un marché douteux. De son côté Brad Pitt, qui marque ses retrouvailles avec le cinéaste de Thelma & Louise qui l’a révélé en 1991, manipule assez bien son personnage d’intermédiaire désinvolte, en mode cowboy élégant dont l’achèvement se fend d’une des séquences les plus percutantes du film.

 

Michael Fassbender - The Counselor

 

Quant à Cameron Diaz, elle trouve le moyen d’imposer son rôle de femme venimeuse et prédatrice, avec son tatouage de guépard dans le dos, qui déploie son emprise du côté obscur de la force. Car si la question du pouvoir de la femme n’est pas toujours très bien soulevée ni développée, elle parvient néanmoins à trouver une manière de rééquilibrer cette position (dont une particulièrement déviante et sexuellement loufoque sur le pare-brise d’une décapotable) par rapport à celle de Penelope Cruz, l’innocente du lot, dans le récit parfois abscons de McCormac. Cartel est cependant visuellement impeccable tant du point de vue de la mise en scène que de la beauté photographique intense et saturée. Mais aussi par les choix des décors architecturaux et des costumes luxueux, d’Armani à Thomas Wylde. Au final, Scott et McCarthy livrent une allégorie sur la tentation certes un peu éthérée dans son propos, mais non dénuée d’intérêt nous imprégnant d’un je-ne-sais-quoi de paumé et d’obsédant. Le réalisateur parvient à s’extraire de cette sensation de flottement permanent et à éviter l’inertie dramatique dans un dernier acte viscéral, au rythme de la bande son tendue d’Henry Jackman, qui ne peut trouver son issue que dans son propre salut.

 

 

CARTEL de Ridley Scott en salles le 13 novembre 2013 avec Michael Fassbender, Penelope Cruz, Brad Pitt, Javier Bardem, Cameron Diaz. Scénario : Cormac McCarthy. Producteurs : Ridley Scott, Nick Wechsler, Steve Schwartz, Paula Mae Schwartz. Photo : Dariusz Wolski. Décors : Arthur Max. Montage : Pietro Scalia. Costumes : Janty Yates. Musique : Daniel Pemberton. Distribution : 20th Century Fox. Durée : 1h51.

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Source: CBO Box office

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