Marc Fitoussi et Jean-Pierre Darroussin - La Ritournelle

Marc Fitoussi et Jean-Pierre Darroussin – La Ritournelle / Photo CineChronicle

Après Copacabana, Marc Fitoussi revient à l’histoire d’une femme en rupture avec son quotidien, une nouvelle fois campée par Isabelle Huppert, avec à ses côtés Jean-Pierre Darroussin dans le rôle de son époux terre à terre qui va devoir réagir. CineChronicle a rencontré le cinéaste et le comédien à l’occasion de la sortie de La Ritournelle ce mercredi 11 juin 2014. Complices, ils évoquent leur travail avec Isabelle Huppert, le duo insolite et inédit qu’il forme à l’écran avec sa partenaire, et leurs envies de découverte.

 

 

 

La Ritournelle de Marc Fitoussi - affiche

La Ritournelle de Marc Fitoussi – affiche

CineChronicle : Après Copacabana, dans lequel vous dirigiez Isabelle Huppert, vous mettiez déjà en scène une femme en décalage avec son propre environnement. Qu’est ce qui différencie l’héroïne de ‘Copacabana’ de celle de ‘La Ritournelle’ ?

Marc Fitoussi : Dans Copacabana, le personnage était plus fantaisiste, et célibataire. La Ritournelle se distingue de mes précédents films car il s’agit surtout de l’histoire d’un couple, d’un  film sur le duo.

 

CC : Le fait que Xavier et Brigitte soient agriculteurs était-il important pour vous ?

MF : C’est un film d’amour avant tout, mais je trouvais intéressant de placer ces deux êtres dans ce cadre agricole, peu représenté au cinéma, encore plus sous un aspect moderne, avec ces webcams pour surveiller les bêtes. Xavier est d’ailleurs davantage présenté comme chef d’entreprise. L’idée est partie d’un séjour chez des éleveurs bovins en Bourgogne, parents d’un ami. J’avais été surpris de les voir si fringants et élégants. Et après Pauline détective, je voulais sortir du cadre urbain et revenir à quelque chose de plus sage où dominerait l’émotion. J’ai pensé tout de suite à Isabelle car j’avais envie de retravailler avec elle.

 

Jean-Pierre Darroussin : Cela a été une vraie rencontre avec Isabelle. Cela m’a fait plaisir de jouer avec elle car je l’admire énormément. On travaille de la même façon et on est de la même génération. On a fait le conservatoire tous les deux et on a eu des professeurs communs. Nous sommes des acteurs brechtonniens. Ce qui nous intéresse, c’est de parler de l’étrange et du rapport à l’étrange. On développe une connaissance, des imprégnations et donc des signes au spectateur pour qu’il ne soit pas plongé uniquement dans un processus d’identification mais aussi dans un rapport qu’il ne connaît pas.

 

MF : J’avais d’abord pensé à Gérard Jugnot pour ce rôle car j’avais l’idée d’un couple mal assorti, mais il était engagé sur une pièce de théâtre à Paris. Puis Jean-Pierre s’est imposé à moi car on l’avait déjà vu en agriculteur au cinéma.

 

J-P D : Nous avons été assistés par les agriculteurs locaux pour la scène de vêlage. Mais c’est vrai que j’ai eu une enfance paysanne. Me retrouver dans une étable ne me pose pas de problème. La perspective de replonger dans le monde rural est d’ailleurs l’une des raisons qui m’ont donné envie de faire ce film. Je trouvais aussi le scénario bien ficelé et plein de surprises et j’ai été tenté par la découverte du Pays de Caux, de la Haute Normandie que je ne connaissais pas.

 

Jean-Pierre Darroussin dans La Ritournelle de Marc Fitoussi / Photo SND

Jean-Pierre Darroussin dans La Ritournelle de Marc Fitoussi / Photo © SND

CC : Justement, la partition locale est un aspect qui vous intéresse particulièrement. Tient-elle une place à part selon vous dans votre filmographie ?

J-P D : Oui j’ai un ancrage méditerranéen avec les films de Robert Guédiguian. Mais au théâtre j’ai vocation à faire des tournées un peu partout en France. J’ai aussi voyagé avec le cinéma, en tournant Le Poulpe à Saint-Nazaire et 15 Août ailleurs en Loire-Atlantique.

 

CC : Vous avez en effet une image moins associée à Paris qu’Isabelle Huppert…

J-P D : On se met à imaginer des choses par rapport à l’image, mais il faut laisser une imagination suffisamment large. Je circule dans des univers assez différents.

 

MF : En choisissant Jean-Pierre, j’ai le sentiment de renvoyer l’image d’un couple qui couple s’est aimé. Il traverse une crise très discrète, et qui s’exprime par cette plaque d’eczéma sur le visage du personnage d’Isabelle. Une alchimie fonctionnait d’entrée de jeu entre eux. Leur parcours se rapproche de la comédie de remariage, mais ce couple est si bien rodé qu’on n’est pas dans ces enjeux-là. Ritournelle est un synonyme de rengaine, et je ne voulais pas d’un long-métrage signifiant qu’un couple doit rester fidèle, mais plutôt se réinventer après toutes ces années.

 

Isabelle Huppert dans La Ritournelle de Marc Fitoussi / Photo SND

Isabelle Huppert dans La Ritournelle de Marc Fitoussi / Photo © SND

CC : Dès le départ, Brigitte est en décalage avec ce quotidien, mais c’est Xavier qui évolue le plus.

MF : C’est vrai, il a le beau rôle. Il va grandir grâce à cette histoire qui va le faire réfléchir, réagir. Je trouve émouvant de le faire aller à Paris et de se réfugier dans un musée. Cette fausse piste me plaisait, elle amène de l’originalité à l’ensemble.

 

CC : Vous avez souvent joué des hommes fragiles et plein d’humanité. Quel était le défi avec Xavier ?

J-P D : Je ne pense pas en référence à mon propre travail. Ce qui m’intéresse est la relation, l’espace qui se construit entre deux personnages, cette relation à l’actrice et aux protagonistes et ce qui va se passer entre nos deux énergies. Ce qui m’importe est de construire cet espace vide et ce silence qui nous appartiennent, et comment l’énergie va circuler. Cela se sent à travers Xavier, avec cette fierté d’être père et d’avoir offert une liberté à son fils et à sa femme.

 

MF : Il a en effet cette particularité de mentionner les choses sans les dire. Je voulais éviter tous les règlements de compte et les scènes de dialogue.

 

La Ritournelle de Marc Fitoussi / Photo SND

La Ritournelle de Marc Fitoussi / Photo © SND

CC : Vous avouez des similitudes avec ‘Septième Ciel’ de Benoît Jacquot, avec Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon. Avez-vous eu d’autres inspirations ?

MF : Je ne me suis rendu compte de ce lien qu’une fois le film terminé. La Ritournelle peut aussi faire penser à Voyage à deux de Stanley Donen, mais il reste très différent dans la construction car il inclut plusieurs périodes de la vie de couple.

 

CC : On glisse également de la chronique sociale à l’histoire d’un couple, d’une façon plus stylisée et romanesque.

MF : Je voulais déjà montrer une sorte de rêve avec la séquence de boum au début du film, pour en faire l’élément déclencheur. Je ne souhaitais pas non plus présenter un Paris trop ‘carte postale’ même si j’en assume le côté touristique avec la scène du bateau-mouche. Il y a d’ailleurs ce retour à la réalité avec le personnage du vendeur à la sauvette, Apou. Le personnage du jeune Stan joué par Pio Marmaï permet à celui de Brigitte de s’envoler, d’être catapultée quand elle part à sa recherche. Lui aussi sert de fausse-piste. J’ai tendance à présenter des personnages féminins en fuite mais je suis content que le film bifurque constamment et ne va pas là où on l’attend. Chacun peut avoir une interprétation différente.

 

CC : Changerez-vous de genre pour votre prochain projet ?

MF : Je travaille en ce moment sur l’adaptation d’un roman suédois, Trahie, de Karin Alvtegen.C’est un polar, donc un vrai déplacement, un ailleurs.

 

CC : Jean-Pierre, vous serez à l’affiche d’Au fil d’Ariane de Robert Guédiguian, le 18 juin prochain. Quel rôle y tenez-vous ?

J-P D: J’y joue un chauffeur de taxi qui n’en est pas un. C’est une proposition de cinéma fantaisiste de la part de Robert, qui a eu envie de s’attaquer à quelque chose de surréaliste.

 

CC : Vous avez fait référence à Brecht et nous avons également évoqué Isabelle Huppert avec ses tournages à l’étranger. Aimeriez-vous avoir plus de projets hors de France ?

J-P D : J’aurais aimé tourner avec Ingmar Bergman. Faire partie de l’aventure Bergman devait être quelque chose d’unique. J’aurais adoré être son Erland Josephson.

 

 

>> LIRE NOTRE CRITIQUE DE LA RITOURNELLE <<

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LA RITOURNELLE de Marc Fitoussi en salles le 11 juin 2014 avec Isabelle Huppert, Jean-Pierre Darroussin, Michael Nyqvist, Pio Marmaï.

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