Ressortie/ Vidéodrome de David Cronenberg: critique

Publié par CineChronicle le 22 septembre 2014
Videodrome de David Cronenberg

Videodrome de David Cronenberg

 

Et si la perte de repère était d’emblée totale dans ExistenZ (1999), la réalité dans Vidéodrome s’altère de manière plus progressive. Son climat de plus en plus malsain est en outre renforcé par la musique obsédante et atonale de Howard Shore, compositeur attitré de Cronenberg. Car l’enquête de Max se transforme en une véritable quête mystique à l’encontre de ce programme lorsqu’il découvre celui qui tire les ficelles. Barry Convex (Les Carlson), homme à priori respectable, souhaite punir les amateurs de sensations fortes par ce système tentaculaire. Max, qui n’est pas à la hauteur de ses adversaires, franchit rapidement le point de non-retour et perd pied avec le monde réel. Froid, cynique et tout en self-control, il devient un individu lymphatique au regard perdu déambulant comme un somnambule. La performance monumentale de James Woods dénote toute la complexité de son personnage et veille davantage à déstabiliser le spectateur, confronté aux méandres du scénario, ne lui donnant aucune distance de son point de vue.

 

James Woods dans Videodrome David Cronenberg

James Woods dans Videodrome David Cronenberg

 

Vidéodrome n’est pas qu’un simple brûlot dénonçant la violence sur le petit écran, sans second degré. Il comprend aussi une dimension parodique en détournant les codes de la série B, notamment ses personnages archétypaux comme celui de l’assistante amoureuse de son patron, ou encore de l’acolyte geek à lunettes. On rit aussi de l’extrême des situations et leur caractère de plus en plus improbable. Cronenberg se moque de ses propres excès. Il est ainsi difficile de tenter de déceler le ‘message’ de Vidéodrome. Si la fascination de Max Renn pour les pulsions les plus brutales le conduit à son autodestruction, la posture inverse est aussi stigmatisée chez Barry Convex, individu à priori motivé par les meilleures intentions, qui apparaît comme un personnage inquiétant et dangereux. Cronenberg évite ainsi l’écueil du dogmatisme à l’excès en ne confortant pas le public dans des crédos rassurants. Bien au contraire, sa fascination latente pour l’horreur interroge notre propre regard et addiction de façon bien plus efficace qu’une dénonciation directe et austère. C’est la plus grande force de ce manifeste de science-fiction intelligent, viscéral et transgressif, tout en restant une expérience des plus réjouissantes. Car il s’agit surtout d’une première exploration réussie d’un univers personnel que Cronenberg a continué d’enrichir jusqu’à opérer un virage en 2005 dans sa manière d’examiner les névroses de l’âme humaine et de la société davantage par l’esprit que par la chair, jusqu’à récemment MAPS TO THE STARS (notre critique) sur les dérives d’Hollywood. Alors longue vie à la Nouvelle Chair !

 

Laetitia Della Torre

 

  • Ressortie en version restaurée de VIDÉODROME écrit et réalisé par David Cronenberg en salles le 29 octobre 2014 (20 copies).
  • Avec : James Woods, Sonja Smits, Deborah Harry, Peter Dvorský, Les Carlson, Jack Creley, Lynne Gorman…
  • Production: Claude Héroux
  • Photographie: Mark Irwin.
  • Montage: Ronald Sanders.
  • Décors: Carol Spier.
  • Costumes: Delphine White.
  • Maquillage : Rick Baker avec Shonagh Jabour, Steve Johnson, Michael Kavanagh, Inge Klaudi, Mark Molin…
  • Effets Spéciaux : James Stuart Allan, Frank C. Carrere
  • Musique: Howard Shore.
  • Distribution : Splendor Films.
  • Durée : 1h27.
  • Sortie initiale en France : 16 mai 1984, interdit aux moins de 12 ans.

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