Synopsis : Quelques heures après les terribles événements qui ont ravagé le vieil immeuble de Barcelone. Passé le chaos initial, l’armée décide d’intervenir et envoie un groupe d’élite dans l’immeuble pour poser des détonateurs et mettre un terme à ce cauchemar. Mais quelques instants avant l’explosion, les soldats découvrent une ultime survivante : Angela Vidal… Elle est amenée dans un quartier de haute-sécurité pour être mise en quarantaine et isolée du monde afin de subir une batterie de tests médicaux. Un endroit parfait pour la renaissance du Mal… L’Apocalypse peut commencer !
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Sept ans après la sortie du premier volet de la saga, Jaume Balaguero décide de signer en solo ce chapitre final. Coréalisateur de [REC] 1 et 2 avec Paco Plaza, le cinéaste espagnol nous livre un piètre quatrième opus dénué d’inspiration, bien loin de l’univers originel. Si [REC] 3 Génesis de son comparse était annoncé comme une expérience périphérique à la franchise, [REC] 4 Apocalypse était attendu comme le retour direct à l’histoire, centrée sur la journaliste Angela Vidal (Manuela Velasco). Survivante du premier épisode, cette dernière se retrouve maintenue en quarantaine, possédée par une force démoniaque, à savoir un ver transmis via la fille Meideiros, première victime du virus. C’est tout naturellement que le spectateur assiste à la délivrance de la journaliste par de braves soldats dans l’immeuble barcelonais contaminé. La propagation du virus est alors imminente et menace la ville entière. Curieusement, Balaguero prend le parti d’instaurer une nouvelle intrigue à huis clos, enfermant les membres de la mission de sauvetage ainsi que la journaliste à bord d’un navire. Rempli de militaires et de scientifiques, le paquebot est exploité dans le but d’éviter les risques de contamination. Se déclenche alors une série d’évènements qui mêlent jeu d’acteurs exécrables, singes cobayes infectés et scènes de combats peu enviables.
Fini les caméras subjectives et les plans-séquences brillamment mis en scène. Le scénario semble ne jamais avoir été terminé, en témoigne cette séquence finale risible et totalement hors-sujet. Balaguero brosse au hachoir le portrait cliché de chaque personnage sans même épargner la journaliste, qui bénéficiait précédemment d’une approche bien plus subtile. Entre ses cris de rage, sa respiration constamment haletante et son air apeuré, le jeu de Manuela Velasco semble totalement corrompu par les intentions du cinéaste espagnol littéralement infecté par sa propre intrigue. Les retournements de situation sont prévisibles, tout comme le rôle des intervenants. Le gentil sauveur se révèle avoir une personnalité trouble, la journaliste est persécutée sans cesse et le prêtre chercheur, sans état d’âme, est prêt à tous les sévices pour parvenir à ses fins. Quant à l’informaticien grassouillet, il défie ses propres peurs.
Même en terme de genre, [REC] 4 n’est jamais en mesure d’exploiter efficacement la figure du zombie, réduite à un pauvre mobile pour mettre en scène des séquences d’action. Les monstres ne paraissent jamais incontrôlables, ni effrayants, et sont étouffés derrière un récit focalisé sur le jeu de passe-passe du ver contaminateur. L’exploitation des singes en cobayes démontre de surcroît que Balaguero est bien à court d’imagination, après 28 jours plus tard de Danny Boyle ou encore Incidents de parcours de George Romero. En cherchant à faire naviguer son récit viral vers une nouvelle forme de mise en quarantaine, le réalisateur hispanique plante son film et passe à côté de son sujet. L’auteur de La Secte sans nom et Fragile semblait pourtant apte à renouveler le concept et à surprendre son audience. S’il annonçait une apocalypse, il offre ici un raz-de-marée qui vient bien tristement détruire un travail pourtant bien prometteur. Car à l’instar de son prédécesseur, [REC] 4 est vidé de sa substance originelle et confirme l’idée que les histoires horrifiques originales finissent toutes par être grossièrement étirées dans des suites narratives inconsistantes.
- [REC]4 Apocalypse de Jaume Balaguero en salles depuis le 12 Novembre 2014.
- Avec : Manuela Velasco, Paco Manzanedo, Héctor Colomé, Ismael Fritschi, Críspulo Cabezas, Paco Obregón, Mariano Venancio, María Alfonsa Rosso,…
- Scénario : Jaume Balaguero et Manu Díaz
- Production : Julio Fernández
- Photographie : Pablo Rosso
- Montage : David Gallart
- Musique : Arnau Bataller
- Décors : Javier Alvariño
- Costumes : Marian Coromina
- Distribution : The Jokers / Le Pacte
- Durée : 1h35
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