Oscars 2015: envolée victorieuse pour Birdman !

Publié par Guillaume Ménard le 23 février 2015
Alejandro Gonzales Inarritu - Oscars

Alejandro Gonzales Inarritu – Oscars

Pour cette 87e cérémonie des Oscars, qui s’est déroulée dans la nuit du dimanche 22 Février 2015 au Dolby Theatre de Los Angeles, le monde entier a pu admirer l’envol de Birdman, du Septième Art, mais surtout de l’engagement et de l’audace. (Sans) Surprises, émotions ou déceptions, ce fut une soirée à laquelle on ne s’attendait pas toujours dans son déroulement…

 

 

Neil Patrick Harris - Oscars / ©Mike Blake/Reuters

Neil Patrick Harris – Oscars / ©Mike Blake/Reuters

La cérémonie aux nuances communes s’est organisée étonnamment autour du thème de la lutte, du combat et de la persévérance. Et particulièrement de la lutte de l’artiste, le combat des ambitions contre le temps, et l’obstination d’une femme, d’une mère, d’un homosexuel et d’un afro-américain. Une soirée sous le signe de la différence donc, dénonciatrice des inégalités. C’est Neil Patrick Harris qui a officié en tant que maître de cérémonie. Une première pour l’ex-Barney Stinson de la sitcom How I Met Your Mother. À l’aise dans son rôle de présentateur, Neil Patrick Harris n’en est pourtant pas à son premier coup d’essai puisqu’il avait déjà animé les Emmy et les Tony Awards. Cette faculté déjà révélée dans la série de CBS nous a offert en ouverture un numéro musical impressionnant, teinté d’un humour bon enfant. Spectacle hollywoodien en grande pompe, qui a joué la carte de la magie délivrant un tour en trompe l’œil sur le pouvoir des films et leur aura. Rejoint par une Anna Kendrick en Cendrillon et un Jack Black déchaîné, il laisse opérer la poudre de fée pour conquérir un public tendu par les dernières polémiques.

 

Certains ont reproché dernièrement le manque de diversité dans les nominations aux Oscars, occultant de la sélection les acteurs issus d’une minorité, comme ce fut le cas en 1998. Malgré la citation de Selma sur Martin Luther King dans la catégorie meilleur film, il a fallu attendre l’interprétation sur scène de la chanson Glory, issue de ce semi-biopic, par Common et John Legend, pour voir imploser cette polémique. Legend au piano, Common habité, et une cinquantaine de personnes avançant dans une marche engagée, au rythme de la musique, ont mis tout le monde d’accord. Vrai moment de solidarité et de larmes sincères dans une communauté d’artistes proche de leur histoire, comme en avait témoigné la victoire de 12 YEARS A SLAVE (notre critique) l’an passé. Selma est d’ailleurs reparti avec l’Oscar de la meilleure chanson originale.

 

Michael Keaton dans Birdman de Alejandro Gonzales Inarritu

Michael Keaton dans Birdman de Alejandro Gonzales Inarritu

L’espoir s’est enfin concrétisé avec la consécration de BIRDMAN (notre critique), grand favori de la cérémonie. Le chef-d’œuvre d’Alejandro Gonzales Inarritu repart avec 4 superbes Oscars majeurs (meilleurs film, réalisateur, scénario original et photographie). Le discours du réalisateur d’Amours Chiennes s’est concentré sur la notion d’égo et ses dérives dans un monde où « quand quelqu’un gagne, quelqu’un doit partir ». Le paradoxe du jeu de la profession, et du mérite de la récompense, situé dans une zone proche de l’humilité. L’instant comique de la soirée s’est révélé grâce au maître de cérémonie, qui , laissant son peignoir coincé dans la porte de sa loge, se voit obligé d’évoluer dans les couloirs du théâtre en sous-vêtements (photo du haut). Référence bien sûr à BIRDMAN, d’autant plus drôle lorsque Neil Patrick Harris finit par croiser un Miles Teller à la batterie, renvoyant à son rôle dans WHIPLASH, mais aussi à la bande son jazzy du film d’Inarritu.

 

Julianne Moore - Oscar meilleure actrice / ©John Shearer/AP/Sipa

Julianne Moore – Oscar meilleure actrice / ©John Shearer/AP/Sipa

Malheureusement, Michael Keaton a été coiffé au poteau par Eddie Redmayne récoltant l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation fragile de Stephen Hawkins. Du côté des femmes et comme attendu, c’est Julianne Moore qui s’est imposée pour son rôle de femme atteinte de la maladie d’Alzheimer dans Still Alice. Elle continue ainsi sa trajectoire victorieuse, battant ici Rosamund Pike dans GONE GIRL (notre critique) et Marion Cotillard dans DEUX JOURS, UNE NUIT (notre critique). Dans la catégorie meilleur second rôle masculin, c’est bien sûr J.K Simmons qui s’empare de la place pour sa prestation hallucinée et obsessionnelle d’un professeur de musique dans WHIPLASH (notre critique). Récompense amplement méritée, après les multiples trophées déjà récoltés dont le Golden Globe. L’œuvre de Damien Chazelle est reparti également avec les prix des meilleurs son et montage. L’équivalence féminine s’est soldée par une standing ovation pour Patricia Arquette et sa fabuleuse incarnation de mère célibataire dans BOYHOOD (notre critique). Son discours engagé et émouvant sur les droits de la femme lui a valu une pluie d’applaudissements et l’inscrit dans les moments les plus forts de la soirée.

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Alexandre Desplat - Oscars / AFP/Kevin Winter

Alexandre Desplat – Oscars / AFP/Kevin Winter

On note bien sûr l’excellente surprise de THE GRAND BUDAPEST HOTEL (notre critique), qui rafle 4 statuettes (meilleurs costumes, coiffure, production design et musique), ex-aequo avec BIRDMAN. Cité deux fois dans cette dernière catégorie (l’autre pour IMITATION GAME), le compositeur français, Alexandre Desplat, décroche enfin le premier Oscar de sa carrière après plusieurs citations pour l’oeuvre de Wes Anderson. Autre favori dans cette compétition, AMERICAN SNIPER de Clint Eastwood (notre critique) repart finalement avec un seul prix, celui du son. Dans la catégorie meilleur documentaire, c’est le subversif Citizenfour sur l’affaire Snowden qui s’offre la statuette. Quant au triomphal Timbuktu aux César avec 7 trophées, il repart ici bredouille laissant la place du meilleur film étranger à Ida du polonais Pawel Pawlikowski, devant également LEVIATHAN (notre critique) et Les Nouveaux Sauvages. Du côté de l’animation, LES NOUVEAUX HÉROS (notre critique) s’octroie la statuette du meilleur film, devant Dragon 2 et les Boxtrolls, avec le court métrage Festin. Sans surprise, cette première collaboration animée entre Disney et Marvel fait partie des meilleurs films d’animation de ces dix dernières années.

 

La soirée s’est ponctuée de hits musicaux des nommés, du dynamique Everything is Awesome du film Lego au mélancolique Lost Stars d’Adam Levine, en passant par Grateful avec cette performance enlevée de Rita Ora. Mais c’est Lady Gaga qui a créé la surprise, dans un apparat dénué d’artifices, venue rendre hommage à la Mélodie du Bonheur, avant l’apparition émouvante d’une Julie Andrews conquise. Mais le point d’orgue de la soirée s’est manifesté lors de la remise de l’Oscar du meilleur scénario adapté décerné à IMITATION GAME (notre critique). Dans son speech, Graham Moore a révélé son suicide raté à 16 ans et a conseillé à la nouvelle génération de « rester bizarre », expliquant que le caractère unique d’une personne, quelque soit ses origines, son orientation sexuelle ou sa provenance, prévaudra toujours sur l’avis des autres. Discours simple mais efficace.

 

Ainsi, cette 87e cérémonie s’est révélée à la fois émouvante et drôle, mettant en lumière le combat de l’individu au nom des valeurs qu’une société américaine a tendance à oublier au regard de sa propre Histoire. Heureusement, le cinéma est là pour exprimer l’idée qu’on n’oublie pas, qu’on ne laisse pas faire, car une injustice à l’écran est indélébile et laisse une trace pour les générations futures. Elle nous rappelle que le Septième Art, plus qu’un simple divertissement, est surtout une contribution au changement des mentalités.

 

Découvrez le palmarès de cette cérémonie 2015 en page suivante…

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