Synopsis : Pendant la dynastie Ming, le ministre Yu, loyal et intègre, est faussement accusé par le méchant et puissant eunuque Cao et exécuté. Les enfants de Yu sont envoyés en exil à l’Auberge du Dragon, un avant-poste frontalier. Cao envoie des assassins pour tenter de les tuer mais l’épéiste Xiao apprend le complot et arrive sur place, y rencontrant un ancien subordonné de Yu et sa sœur.
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Présenté en avant-première ce lundi 21 avril au cinéma Le Louxor dans une superbe copie restaurée 4K, à l’occasion de l’ouverture de la première édition du Festival Play it Again, Dragon Inn fait partie des fleurons du Wu Xian Pian, genre inspiré du Chanbara japonais. Ce type de cinéma virevoltant et chevaleresque, simplement appelé ‘films de sabre chinois’, a eu droit à son très bel hommage au travers du magnifique Tigre et Dragon de Ang Lee (2000). On retient de façon plus populaire Quentin Tarantino, grand amateur de cinéma asiatique et d’exploitation, qui nous a offert ses deux fameux volumes de Kill Bill avec Uma Thurman en mariée vengeresse. Le film de King Hu, cinéaste perfectionniste fortement marqué par l’opéra de Pékin avec sa mise en scène des combats et l’entrée des personnage dans l’histoire, se présente comme un savant mélange d’aventures sur fond de complots politiques et familiaux. L’intrigue, située en majeure partie à huis clos dans l’auberge du dragon, est peu avare en combats de toutes sortes, principalement au sabre, qui sont excellemment chorégraphiés. On reste particulièrement marqué par ce combat final entre le vieil eunuque Cao (Pai Ying) et ses jeunes assaillants, alimenté de dialogues savoureux sur sa virilité pour le moins défaillante. Pour qui aime le genre, le plaisir est garanti et offre un excellent divertissement. Rappelons que Dragon Inn a connu à sa sortie en 1967 un succès record au box office tawaïnais, coréen et philippin. Il révolutionna le genre tout en marquant sa profonde influence, d’un point de vue technique et artistique, sur le cinéma chinois en devenir.
Les héros de Dragon Inn sont charismatiques et participent allégrement à la réussite de l’ensemble. En tête d’affiche, la jeune Shang Kwan Ling-feng fait une entrée éclatante, après la présentation déjà fulgurante du personnage d’épéiste génial, incarné par Shi Jun. Dans son premier rôle, qui lui a valu une célébrité immédiate, la comédienne chinoise livre une formidable performance, notamment lorsqu’elle nous livre l’une de ses meilleures séquences de combat au sabre. L’autre point fort de cette oeuvre, et ce qui la distingue des autres productions du même genre, c’est son ton humoristique. Un atout appréciable et ce, bien avant les acrobaties et les gags de Jackie Chan. Le rire s’invite ainsi régulièrement sans que la virtuosité du spectacle et la profondeur de l’intrigue en pâtissent. Du grand Art en somme. King Hu signe un superbe film d’arts martiaux, dont Tsui Hark (The Blade) ou John Woo (Les Trois Royaumes) sont les dignes héritiers. Dragon Inn reste donc encore aujourd’hui un classique impressionnant du genre dans lequel souffle une grande poésie lyrique teintée de comédie, qu’il faut absolument (re)découvrir dans les salles obscures dès le 6 août prochain.
- Ressortie de DRAGON INN (L’Auberge du Dragon) écrit et réalisé par King Hu en salles le 6 août 2015 en version restaurée.
- Avec : Shang Kwan Ling-feng, Shi Jun, Pai Ying, Hsu Feng…
- Production : Sha Yung-Fong
- Photographie : Hua Hui-ying
- Montage : Chen Hung-Min
- Décors : Chih Liang Chou
- Costumes : Chia-Chih Li
- Musique : Chou Lan-ping
- Distribution : Carlotta Films
- Durée : 1h51
- Date de sortie : 1967
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