Sortie DVD/ The Smell of Us de Larry Clark: critique

Publié par Thierry Carteret le 26 mai 2015

Synopsis : Paris, Le Trocadéro. Math, Marie, Pacman, JP, Guillaume et Toff se retrouvent tous les jours au Dôme, derrière le Palais de Tokyo. C’est là où ils font du skate, s’amusent et se défoncent, à deux pas du monde confiné des arts qu’ils côtoient sans le connaître. Certains sont inséparables, liés par des vies de famille compliquées. Ils vivent l’instant, c’est l’attrait de l’argent facile, la drague anonyme sur Internet, les soirées trash « youth, sex, drugs & rock’n’roll ». Toff filme tout et tout le temps.

 

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The Smell of Us - affiche

The Smell of Us – affiche

Ce que l’on ne peut décemment pas reprocher à Larry Clark avec The Smell of Us, tourné en langue française, c’est d’être frileux sur le sujet abordé. À travers cette chronique, centrée sur une bande d’ados passionnés de skateboard dans le Paris d’aujourd’hui, le cinéaste et photographe américain septuagénaire, qui porte le projet depuis la présentation de Kids à Cannes en 1995, repousse davantage les limites, au risque de choquer encore. Car les héros de The Smell of Us s’offrent à la concupiscence de vieillards lubriques pour pouvoir acheter leur drogue et leurs vêtements. C’est le chaos d’une époque sans règle qui est montré ici, de la façon la plus crue possible et sans la moindre retenue. À l’instar de ses œuvres précédentes, Larry Clark se livre à une véritable réflexion sur l’état de notre société, à l’heure des caméras et des vidéos pornos sur internet, accessibles à tous. En décortiquant le mode de vie d’un groupe de jeunes désœuvrés, victimes de parents tout aussi perdus qu’eux (la longue scène avec Dominique Frot jouant la mère alcoolique et incestueuse de Math, incarné par Lucas Ionesco), le réalisateur exprime tout le néant existentiel. Au sein de cette bande masculine, émerge Marie, campée par Diane Rouxel. Ce personnage ajoute une force et une grâce toute féminine, renvoyant aux héroïnes des films noirs et à cette vision pour le moins pessimiste de la jeunesse française. Larry Clark orchestre des séquences chaotiques montées de façon anarchique. The Smell of Us frôle le arty expérimental qui peut par moments agacer par son côté poseur. Derrière cet étalage de sexe, entre jeunes et vieux, se dessine une vision décadente d’une société marchande en mal de repères. Le voyeurisme y est constant, notamment via le personnage de Toff (Maxime Terin) qui filme avec sa caméra vidéo tout ce qui se passe, d’un quasi viol sous acide à l’incendie d’une voiture. La mise en scène adopte d’ailleurs par instant le point de vue voyeuriste à l’aide d’inserts tournés avec un Smartphone.

 

The Smell of Us de Larry Clark

The Smell of Us de Larry Clark

 

On est alors confrontés à une succession de séquences à la fois dérangeantes et cocasses, où le sexe est uniquement perçu comme un moyen de consommation, détaché de tout sentiment affectif. Larry Clark fait d’ailleurs une apparition dans la peau du SDF Rockstar, projection âgé du personnage de Math comme le définit le réalisateur. Il incarne également un vieux fétichiste s’en donnant à cœur joie lors d’une longue séquence de léchage de pied pénible à regarder. Au final, The Smell of Us laisse un goût d’inachevé et de gratuité. Sur un thème proche, Gus Van Sant, avec son superbe My Own Private Idaho (1991), avait conçu une œuvre plus puissante, touchante et poétique. Ici, l’approche se veut davantage réaliste. Mais tout montrer, sans le moindre recul ni suggestion, se révèle contre-productif. En dénonçant la marchandisation du sexe et ses répercussions sur une jeunesse paumée, inculte et influençable, Clark réussit à paraître complice de ce qu’il montre, si bien que l’oeuvre engendre un réel malaise devant tant de complaisance. Après les excellents Kids (1995), Another Day in Paradise (1998), Bully (2001) et Ken Park (2002), The Smell of Us n’apporte rien de plus finalement. Pire, ce drame présente le signe inquiétant d’un auteur qui tourne en rond avec l’un de ses thèmes fondateurs.

 

Côté suppléments, outre la bande annonce, l’édition DVD propose un long entretien avec Larry Clark qui revient sur son expérience de tournage avec ses jeunes acteurs français. Il livre une multitudes d’anecdotes intéressantes pour tous les aficionados de son cinéma.

 

 

 

  • THE SMELL OF US de Larry Clark disponible en DVD le 10 juin 2015.
  • Avec : Lucas Ionesco, Diane Rouxel, Théo Cholbi, Hugo Behar-Thinières, Ben Yaiche Ryan, Adrien Binh Doan, Maxime Terin, Valentin Charles, Dominique Frot Niseema Theillaud, Valérie Maës, Larry Clark, Philippe Rigot…
  • Scénario : Mathieu Landais, Larry Clark
  • Production : Gérard Lacroix, Christophe Mazodier, Pierre-Paul Puljiz
  • Photographie : Hélène Louvart
  • Montage : Marion Monnier
  • Décors : Natalia Brilli
  • Costumes : Eloïse Larochelle
  • Musique : Howard Paar
  • Edition DVD : Jour2Fête
  • Durée : 1h28
  • Tarif conseillé : 19,99 €
  • Sortie en salles : 14 janvier 2015
  • Distribution : Arcadès

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