The Program de Stephen Frears: critique

Publié par Olivier H. Gamas le 14 septembre 2015

Synopsis : Une évocation du destin hors normes du champion de cyclisme américain, Lance Armstrong, de sa lutte contre le cancer à ses sept victoires consécutives sur le Tour de France avant sa déchéance suite à un scandale de dopage sans précédent.

 

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The Program - affiche

The Program – affiche

Stephen Frears est de retour avec un biopic sur le coureur cycliste tiré du livre d’investigation de David Walsh, Sept péchés capitaux : ma poursuite de Lance Armstrong. Ici, pas de moralisme accusateur ni de procès facile mais une question simple : comment un homme se perd-il à ce point ? Le cinéaste britannique pose le personnage en empereur qui sombre dans le mensonge et le faste, entouré d’une cours de cyniques. Du coureur de talent qui défait le cancer au champion dopé jusqu’à la moelle, tout est là. La perte de contrôle d’un homme obsessionnel qui devient vil face à son entourage amorce la notion de perception chère au cinéaste. Comment ses proches ou l’opinion publique appréhendent-t-ils le champion ? Comment dire non ? Ainsi, leurs réactions sont tout aussi passionnantes que l’odyssée personnelle du sportif. Le spectateur, comme les protagonistes, sont ramenés au rang de complices tandis qu’Armstrong trompe le monde, car ici le doute n’existe pas. Bien sûr, on n’a de cesse d’être horrifié par la tragédie qui se joue mais il s’agit bien de revivre l’histoire aux côtés du coureur, depuis les coulisses. Frears, fidèle à son habitude d’une mise en scène discrète et toute en subtilité, se permet quelques prises de parties esthétiques plus visibles qu’à l’accoutumée, notamment dans sa façon de filmer les courses. Il réussit à conférer aux coureurs une certaine isolation en contradiction avec le fait qu’ils évoluent au sein d’un peloton. Ils sont en réalité bien seuls face à leurs guidons : une approche d’une grande intelligence qui sauve l’œuvre de toute fétichisation du cyclisme. Une nervosité bien venue dans le découpage qui confère à ces scènes et à l’ensemble un excellent rythme, malgré l’utilisation d’une musique peu recherchée.

 

Ben Foster dans The Program de Stephen Frears

Ben Foster dans The Program de Stephen Frears

 

Outre une écriture pétillante à travers laquelle le spectateur passera par toutes les émotions, le cinéaste trouve à s’exprimer sur le fond et la forme, deux aspects tenus fermement de bout en bout. La complexité du personnage d’Armstrong, qui ne cesse d’évoluer, est d’une humanité confondante et la mise scène colle constamment à cet aspect, tout comme la photographie, toujours dans des gris anti-manichéens. Ben Foster s’impose avec brio dans le rôle d’Armstrong à l’instar d’un Jesse Plemons inspiré dans celui de Floys Landis. L’acteur révélé par la série Friday Night Lights se pose en coéquipier fleur de peau dont les origines et les motivations viennent contrecarrer celle d’Armstrong. Les deux hommes se fondent dans une direction d’acteur naturaliste et maîtrisée, là où Guillaume Canet, en médecin italien Michele Ferrari, se perd dans une interprétation scorcesienne caricaturale, seul point noir de l’ensemble. Le casting est par ailleurs efficace : de Chris O’Dowd (le journaliste David Walsh) à Lee Pace (l’avocat Bill Stapleton), en passant par la présence remarquée d’un Dustin Hoffman malicieux à souhait dans le rôle d’un homme d’affaire suspicieux.

 

Jesse Plemons dans The Program de Stephen Frears

Jesse Plemons dans The Program de Stephen Frears

 

Refusant les approches classiques liées au biopic et qui trop souvent les ont menés à leurs pertes, le cinéaste se garde d’évoquer une dimension personnelle qui ne s’inscrirait pas dans l’aspect médiatique ou sportif de la vie du personnage. Il s’agit pour Frears de ne surtout pas s’éparpiller. Ainsi, l’entourage du champion devient entièrement professionnel et rien d’autre. Sa vie familiale ou amoureuse n’est qu’effleurée d’une manière frustrante tant le personnage n’existe que pour le sport et son combat contre le cancer, qui passe par les médias. Il en résulte néanmoins une incroyable sensation de cirque médiatique, où la dimension pathétique prend le pas sur la dimension morale. Tout l’enjeu est donc d’assister à ce spectacle qui échappe des mains d’Armstrong. Une approche complexe et sans concession qui ne tombe jamais dans l’écueil de la stigmatisation du coureur cycliste bien que le portrait soit dur. Frears fait le choix judicieux de brosser un milieu rempli de naïfs et de cyniques, tout autant responsables de l’avènement puis de l’effondrement d’une légende du sport.

 

 

 

 

  • THE PROGRAM réalisé par Stephen Frears en salles le 16 septembre 2015.
  • Avec : Ben Foster, Lee Pace, Jesse Plemons, Dustin Hoffman, Chris O’Dowd, Guillaume Canet, Elaine Cassidy, Laura Donnelly, Edward Hogg…
  • Scénario : John Hodge d’après le livre « Sept péchés capitaux : ma poursuite de Lance Armstrong » écrit par le journaliste d’investigation et spécialisé dans le sport, David Walsh.
  • Photographie : Danny Cohen
  • Production : tom Bevan, Eric Fellner, Tracey Seaward, Kate Solomon
  • Montage : Valerio Bonelli
  • Décors : Alan MacDonald
  • Costumes : Jane Petrie
  • Musique : Alex Heffes
  • Distribution : StudioCanal
  • Durée : 1h43

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