Martin Scorsese - Taxi Driver (1976) avec Robert De Niro

Martin Scorsese – Taxi Driver (1976) avec Robert De Niro

La Cinémathèque Française rend hommage à Martin Scorsese à travers une fascinante exposition du 14 octobre 2015 au 14 février 2016. L’occasion de pénétrer à la fois dans l’atelier d’un artisan perfectionniste et dans l’intimité d’un cinéphile dont la passion a souvent des accents christiques.

 

 

 

Expo Martin Scorsese - affiche

Expo Martin Scorsese – affiche

Les meilleures expositions ont ce mérite de faire redécouvrir les artistes que l’on pensait connaître ; celle de Martin Scorsese à la Cinémathèque Française en fait partie. On s’y promène comme dans un passionnant journal intime, nourri d’éléments sortis de sa collection privée, d’anecdotes, de réflexions et de rapprochements judicieux, mais aussi de celles de Robert De Niro et de Paul Schrader.

 

Ce rendez-vous incontournable est ainsi divisé en différentes sections, comme autant de chapitres évoquant les thèmes chers au cinéaste : famille, fratrie, crucifixion, New York, montage, musique…

 

On est dès lors plongés dans son univers, qui appréhende mieux ses approches et trouvailles artistiques, son souci permanent du détail, ses souvenirs, ses influences, sa dévotion pour le cinéma… autant de témoignages, d’objets, d’affiches et de méthodes qui tracent un magnifique portrait d’une des plus grandes figures du cinéma américain.

 

 

UNE FAMILLE ITALO-NEW-YORKAISE

Dès nos premiers pas, nous sommes plongés dans le bain de ses racines. Si nous savions que Marty était issu d’une famille d’immigrés siciliens, nous ignorions que ses parents, originaires de deux villages aussi voisins qu’ennemis, une fois transportés à New York, demeuraient chacun d’un côté de la même rue et se fréquentèrent malgré l’interdiction de leur famille. Depuis, New York est resté le cadre de prédilection de sa filmographie : de Mean Sreets (1973) à Taxi Driver (1976) en passant par Gangs of New York (2002) et Le Loup de Wall Street (2013). Une petite pièce nous guide dans ces différents décors grâce à une grande maquette de la ville. Enfant asthmatique, donc faute de pouvoir pratiquer d’activité sportive, il aimait se rendre dans les salles obscures avec sa mère. On découvre ainsi cet étonnant storyboard de péplum (générique compris) qu’il avait dessiné à l’âge de 11 ans et colorié avec application. La grammaire cinématographique était déjà une seconde langue vivante pour lui et on comprend mieux dès lors la présence de ses innombrables storyboards sur les murs de chaque salle. Si la cellule familiale, indissociable de la tribu mafieuse, a toujours été fondamentale, on constate aussi l’importance de la fratrie dans ses œuvres. Cette relation, à la fois tendre et violente, se révèle étonnamment forte entre Johnny Boy Cervello (Robert De Niro) et Charlie Cappa (Harvey Keitel) dans Mean Sreets. Ou encore entre Jake la Motta (De Niro) et son frère Joey (Joe Pesci) dans Raging Bull, notamment dans cette séquence sado-maso où il lui demande de le frapper sans raison apparente.

 

Storyboard Raging Bull - Expo Martin Scorsese Cinémathèque FrançaiseRaging Bull - Expo Martin Scorsese Cinémathèque Française

 

UNE PASSION CHRISTIQUE

L’amour chez Scorsese est inséparable des sens. La parole se fait chair. Marty est un catholique sicilien jusqu’au bout des ongles, quasi doloriste : de la douleur, du sang, des larmes… La salle d’entrée sur quatre écrans met cette dimension en évidence faisant se côtoyer une scène de lit et une image de la figure du Christ supplicié. Si La Dernière Passion du Christ (1988) est ancré dans notre esprit, rappelons-nous aussi Les Nerfs à Vif (1991), particulièrement le dos tatoué de Max Cady (De Niro), avec cette grande croix soutenant en balance les paniers de la justice et de la vérité de part et d’autre. On peut y voir un clin d’œil à Robert Mitchum, interprète de la première version par John Lee Thompson en 1962, elle-même issue du roman de John D. MacDonald : dans La Nuit du Chasseur de Charles Laughton (1955), il avait tatoué sur ses mains les mots « amour » et « haine ». Mais plus rares sont ceux ayant vu Bertha Boxcar, son second long métrage réalisé en 1972, et savent ainsi que cette passion y est déjà présente avec la crucifixion du personnage dans le dénouement. Ainsi un lien révélateur finit par s’établir entre cette passion qui l’habite et la fameuse scène de combat dans Raging Bull où La Motta (De Niro) se livre en martyr face aux coups de son adversaire Sugar Ray Robinson (Johnny Barnes). Le sang gicle. Encore un Christ de douleur, qui se dévoile graduellement au fil de cette exposition captivante. Scorsese s’était initialement destiné à la prêtrise ; on s’aperçoit ici que la foi anime toujours son cinéma.

 

Aviator - Expo Martin Scorsese Cinémathèque Française

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UN ARTISAN PASSIONNÉ ET PASSIONNANT

Dans cette balade au cœur de son intimité, on en découvre davantage encore sur ce cinéphile boulimique, engagé et soucieux de préserver le cinéma du patrimoine. Sa passion s’exprime aussi à travers celle d’un artisan curieux d’analyser la technique des anciens. On peut revoir ainsi la magnifique reconstitution des tournages de Georges Méliès (Ben Kingsley) avec le studio de ce pionnier du cinéma, reconstruit à l’identique pour Hugo Cabret (2011). Ou bien encore celle tout aussi impeccable du Hollywood des années 40 dans Aviator (2004), avec toujours ce souci de restaurer les couleurs de l’époque. On se souvient par ailleurs qu’il souhaitait retrouver des collaborateurs d’Hitchcock en sollicitant Bernard Hermann pour composer la musique de Taxi Driver et Saul Bass pour concevoir les génériques des Affranchis (1990). On peut enfin découvrir ici un Hitchcock plus vrai que nature : « la clé de la réserve ». C’est certainement l’un des clous de cette exposition qui livre quelques séquences réalisées d’après un script prétendument retrouvé, utilisant les moyens dont aurait disposé le Maître. Il s’agit en fait d’une publicité pour la marque de vin Freixenet. Bel exercice de style, à l’instar de l’école Boule où l’on refait une Commode Louis XV avec des ciseaux d’époque, des dorures à la feuille et des patines à l’ancienne. Toutes ces découvertes scorcesiennes deviennent vraiment jubilatoires.

 

Comme toutes les grandes passions, celle de Martin Scorsese est formidablement communicative. On ressort ainsi de cette exposition avec une terrible fringale de cinéma.

 

 

François Bonnet

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