Crimson Peak de Guillermo del Toro
Après PACIFIC RIM (notre critique), qui marquait son retour derrière la caméra cinq ans après Hellboy 2, Guillermo del Toro nous convie cette fois à le rejoindre dans l’horreur gothique, genre qu’il a toujours affectionné. Le cinéaste mexicain du Labyrinthe de Pan et de L’Echine du Diable signe une magnifique romance gothique au cœur d’une maison hantée dans l’Angleterre victorienne.
Il fait renaître ici l’intensité des effets de suggestion issus des chefs-d’œuvre qui ont marqué de leur sceau le cinéma fantastique tels La Maison du Diable de Robert Wise ou encore LES INNOCENTS de Jack Clayton (notre critique). Toute la valeur du beau au cinéma devient ici significative ; Guillermo del Toro mêle habilement le fond et la forme.
Crimson Peak n’appose pas seulement une esthétique visuelle pour nous éblouir par sa photographie, ses effets visuels, ses couleurs, ses décors, ses costumes et ses accessoires. Le récit, sous les plumes de Guillermo del Toro et Matthew Robbins, est aussi soigneusement écrit et développé. Le casting achève de sublimer ce conte surnaturel, sombre et poétique, grâce notamment aux personnages féminins. La beauté atypique de Mia Wasikowska insuffle cette belle attractivité émotionnelle, déjà remarquée dans Stoker de Park Chan-wook. Et Jessica Chastain, vue dans Mama produit par Guillermo del Toro, exploite entre fermeté, élégance et délicatesse les palettes nuancées de son personnage double. Le plus faible provient des personnages masculins, comme Charlie Hunnam, plutôt effacé et sans réelle consistance.
Ces quelques scories rejoignent d’ailleurs l’autre point négatif de Crimson Peak. Si le scénario est respectueux des codes du conte gothique, il ne réinvente pas le genre. C’est ce qui manque à cette œuvre splendide, où l’action se déroule essentiellement dans cette immense propriété qui révèle des secrets sinistres et transgressifs, symbolisant in situ toute la décadence aristocratique de l’époque. Néanmoins, Crimson Peak parvient à trouver sa place ici.