Synopsis : Des crabes mélomanes, un casque rose fluo, un drôle de sac, un gâteau d’anniversaire, une biennale d’art contemporain, une ceinture d’explosifs, du rap palestinien, un Skype qui ne marche pas et un lit suédois à assembler mais pas assez de vis, vraiment pas assez de vis. Situations burlesques, coups du sort, deux jeunes femmes – Michal, artiste israélienne et Nadine, ouvrière palestinienne – vivant de chaque côté du mur de séparation, après une confusion à un check-point, se retrouvent à vivre la vie de l’autre.

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Self Made – jaquette

Après Les Méduses, lauréat de la Caméra d’Or au Festival de Cannes 2007, la cinéaste israélienne Shira Geffen signe – seule, cette fois, sans son mari Edgar Keret – une tragicomédie singulière et surréaliste. L’absurde tient une place centrale dans Self Made, présenté à la Semaine de la Critique en 2014, qui bascule de la comédie sociale au récit onirique. Métaphores et allusions décalées se fondent à la réalité israélo-palestinienne. Le postulat de départ est très prometteur : deux femmes évoluent l’une à côté de l’autre mais dans deux réalités différentes ; le mur et le check-point séparant ces deux mondes. Michal, une célèbre artiste plasticienne israélienne atteinte d’amnésie lorsque son lit se brise, et Nadine, une ouvrière palestinienne qui joue les Petit Poucet en jetant des vis par terre après avoir franchi le check-point pour se rendre au travail, vont finir par voir leurs vies entremêlées. Les deux femmes vont se confondre, s’assembler, échanger leur vie sans que personne ne fasse la différence et être amenées à vivre la vie de l’autre. Shira Geffen réalise une œuvre dépourvue d’émotion dont les motifs souvent inexplicables reviennent de manière obsessionnelle. La clé, finalement, est de se laisser porter par les images oniriques et l’humour absurde des situations qui alimentent le récit, comme la vis manquante de Michal pour monter son meuble préfabriqué ou celles que Nadine accumule pour retrouver son chemin de retour. Autant d’objets du quotidien et d’éléments codifiés qui finissent par devenir abscons et burlesques. Cette histoire de vis est sans doute d’ailleurs le clou de Self Made, même si le prometteur tour de passe-passe sur l’inversion des rôles s’avère aussi fascinant que vain dans cette réflexion existentielle. Car tout fonctionne lorsque la réalisatrice interroge l’identité, la condition féminine des deux côtés du mur – ces deux facettes d’une même femme -, le patriarcat, les check-points, l’art contemporain dans tout ce qu’il peut extraire de l’intérieur et exprimer de baroque, les restrictions et la liberté des corps et des pensées des individus. Cependant, le contenu de Self Made a tendance à se diluer dans le contenant, perdant quelque peu de sa substance dans cet univers alternatif. Néanmoins, on retient certains moments poétiques, des touches d’humour perspicaces et surtout l’audace de la réalisatrice, au-delà des artifices, de mettre le point de mire sur son pays autrement, qui méritait bien une séance rattrapage en vidéo.

DVD : Dans les suppléments, qui contiennent une scène coupée et un court métrage des « Créations de Michal », le plus intéressant reste l’interview de la réalisatrice qui a le mérite d’éclaircir certains points et de donner un certain sens au récit.

• SELF MADE écrit et réalisé par Shira Geffen disponible en DVD et VOD depuis le 2 février 2016.
• Avec : Sarah Adler, Samira Saraya, Doraid Liddawi, Na’ama Shoham, Ziad Bakri…
• Production : David Mandil, Moshe Edery, Leon Edery
• Photographie : Ziv Berkovich
• Montage : Nilli Feller
• Décors : Arad Sawat
• Costumes : Laura Sheim
• Musique : Amit Poznansky
• Éditeur vidéo : Rimini Editions
• Tarifs : 19,99 € (DVD), 4,99 € (VOD)
• Version originale sous-titrée – Son 5.1 – Format 2.35 16/9 compatible 4/3
• Durée : 1h29
• Distribution : Paname Distribution
• Sortie en salles : 8 juillet 2015

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