Synopsis : Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu’une formalité qui ne devrait pas poser de problème : obtenir son baccalauréat. Mais Eliza se fait agresser et le précieux Sésame semble brutalement hors de portée. Avec lui, c’est toute la vie de Romeo qui est remise en question quand il oublie alors tous les principes qu’il a inculqués à sa fille, entre compromis et compromissions…
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Après avoir remporté la Palme d’Or en 2007 pour 4 Mois, 3 semaines, 2 jours et le prix du scénario avec Au-delà des collines en 2012, Cristian Mungiu est reparti cette fois avec le prix de la Mise en Scène au 69e Festival de Cannes. En signant Baccalauréat, le cinéaste roumain délivre un drame social tout en lenteur témoignant de la complexité des rapports sociaux dans son pays natal. Sur la base de plans minutieusement composés, le film nous plonge dans le quotidien de Romeo (Adrien Titieni) qui arrive à un moment charnière de sa vie. Destinée à une brillante carrière universitaire en Angleterre, sa fille se fait malencontreusement agresser et voit ses chances d’obtenir son baccalauréat se réduire fortement. Elle en ressort évidemment blessée et secouée psychologiquement. Son père met alors tout en Å“uvre pour l’aider à obtenir le précieux sésame, quitte à en perdre son intégrité. Le cinéaste exploite à merveille la relation père-fille, dans laquelle Romeo se projette. Conscient des difficultés liées au niveau de vie en Roumanie, il espère pouvoir lui offrir un avenir plus radieux. Mais pris dans un engrenage huilé à coup de démarches véreuses, il se perd entre son couple qui bat de l’aile, sa mère souffrante et une amante réticente. Cristian Mungiu ne manque pas d’égratigner son personnage, en révélant au passage que la corruption est présente à tous les étages de la société. S’il signe un script ample, à la réflexion profonde, son dispositif de mise en scène se révèle être bien trop mécanique. Il abuse systématiquement de plans-séquences, composés de dialogues trop détaillés, qui deviennent foncièrement plombant au fil de l’avancement du récit. Son film souffre d’un rythme assez lent et s’étale en longueur. Le casting ne se montre en outre jamais véritablement étincelant, les différents rôles n’étant jamais propices à une véritable évolution dramatique. La réflexion sociologique emboîte le pas sur une quelconque forme d’ambition artistique, en témoigne cette absence totale de musique. En voulant à tout prix faire preuve de réalisme au sein de Baccalauréat, Cristian Mungiu oublie de dynamiser une démarche aux intentions louables.
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- BACCALAURÉAT (Bacalaureat) écrit, réalisé et produit par Cristian Mungiu en salles le 7 décembre 2016.
- Avec : Adrian Titieni, Maria Drăguș, Lia Bugnar, Mălina Manovici, Vlad Ivanov, Gelu Colceag, Rareș Andrici…
- Coproduction : Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne, Pascal Caucheteux, Jean Labadie, Vincent Miraval
- Photographie : Tudor Vladimir Panduru
- Montage : Mircea Olteanu
- Décors : Simona Paduretu
- Costumes : Brândușa Ioan
- Distribution : Le Pacte
- Durée : 2h08
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