Synopsis : En 1974, une reportrice TV de la ville de Sarasota, en Floride, tend à une grande exigence dans la vie comme en amour. Rater ses objectifs n’est pas une option. Cette histoire est basée sur des évènements réels.
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Présenté en compétition au Festival de Deauville, Christine d’Antonio Campos (Afterschool, Simon Killer) délivre un portrait édifiant et réaliste d’une trentenaire atteinte d’une dépression profonde, basée sur le destin réel et tragique d’une journaliste qui s’est suicidée en direct à la télévision dans les années 1970. Christine suit les effets néfastes de la dépression, déniée considérée comme étant une « maladie », sur cette professionnelle de l’information. Christine Chubbuck (Rebecca Hall) est une femme brillante et intègre qui prône un journalisme de qualité au sein d’une rédaction davantage portée sur le sensationnel que sur les gens. Déjà sous traitement médicamenteux depuis son départ de Boston, Chubbuck partage son existence avec sa mère – une sympathique hippie qui vit à ses crochets – dans une chambre de fillette qui aurait visiblement bien du mal à couper le cordon. Étrangement asociale et insensible – elle n’écoute pas les autres et ne supporte pas les compliments –, Chubbuck mène une vie d’ermite, incapable de fonder la moindre relation amicale ou amoureuse avec quiconque, et surtout pas avec ses collègues. Hormis son boss avec qui elle multiplie les prises de bec, tous ses collègues font preuve de patience et de compréhension à l’égard de cette « crise » qu’ils pensent passagère et surmontable. Ils lui apportent donc le soutien nécessaire ainsi qu’une aide sincère : le beau George (Michael C. Hall) l’encourage même à démarrer une thérapie de groupe. Mais incapable de mettre des mots sur ce qu’elle ressent réellement – peur de l’échec, peur de ne pas pouvoir avoir d’enfants, peur des autres, jalousie envers sa mère… –, elle finit par s’isoler de tous ses proches qui ne sont déjà pas nombreux. Et lorsque le burn out arrive en apprenant le refus de sa promotion escomptée, ce mal, qui lui noue le ventre et lui procure d’immenses douleurs, se fait plus présent. Mais cette supplice s’avère finalement plus profonde, plus mentale que physique, et la pousse à l’inimaginable. Dans ce rôle complexe, Rebecca Hall est méconnaissable : le visage livide et émacié, l’actrice fait état d’un mal être physique saisissant. Christine décrit parfaitement la destinée tragique mais réaliste d’une maladie psychologique et solitaire – malgré un entourage souvent présent et à l’écoute – qui s’empare chaque année de personnes soumises à de grands stress ou à des événements dramatiques. Campos fait le choix d’un traitement pessimiste de ce fait réel glaçant à l’acte final égoïste et accablant. Mais au final pouvait-il en être autrement tant le parcours d’un dépressif, aux yeux des autres, reste l’un des mystères les plus terrifiants et insondables de l’être humain.
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- CHRISTINE de Antonio Campos ne dispose pas encore de date de sortie en salles.
- Avec : Rebecca Hall, Michael C. Hall, Maria Dizzia, J. Smith-Cameron, Kim Shaw, Timothy Simons, Tracy Letts…
- Scénario : Craig Shilowich
- Production : Melody C. Roscher, Craig Shilowich
- Photographie : Joe Anderson
- Montage : Caitllyn Green, Joanthan Stromberg
- Décors : Scott Kuzio
- Costumes : Emma Potter
- Musique : Danny Bensi, Saunder Jurriaans
- Durée : 1h59