Livre/ Génération Propaganda par Benoit Marchisio : critique

Publié par Jacques Demange le 7 mai 2017

Résumé : La société Propaganda Films a beau être inconnue du grand public, elle est pourtant responsable de quelques-unes des images les plus cultes des années 1980 et 1990. En 15 ans d’existence, elle aura favorisé l’essor des Guns N’ Roses, iconisé Madonna et Janet Jackson, révolutionné l’esthétique et le business de la publicité, participé à la création des séries Twin Peaks et Berverly Hills 90210 et révélé des metteurs en scène comme David Fincher, Michael Bay, Spike Jonze, Mark Romanek et Antoine Fuqua. Avec ses clips, ses pubs, ses films et ses séries, la société a joué un rôle central dans la culture populaire américaine, en conjuguant les opportunités offertes par l’émergence de la chaîne 100% musicale MTV et du blockbuster avec celles de l’ère du pitch, ces résumés censés contenir toute une intrigue en une poignée de mots. Conçu d’après les témoignages des principaux acteurs de cette folle épopée, Génération Propaganda retrace un pan inédit et essentiel de l’histoire de la télévision et du cinéma américains.

♥♥♥♥♥

 

Generation Propaganda - couverture

Generation Propaganda – couverture

Tout commence par un titre de musique, le Bohemian Rapsody de Queen dont la promotion vidéo jette en 1975 les bases de l’esthétique du clip. De ce terreau hybride, entremêlant lignes musicales et stylisation formelle, est né Propaganda Films. Car dix ans après le coup d’essai du groupe britannique, le format clip s’impose aux États-Unis. Celui-ci ouvre un espace de liberté à l’intérieur​ d’une industrie du divertissement rattrapée par ses impératifs commerciaux. Pour peu que l’on respecte son budget et les délais de tournage, le clip permet les expérimentations les plus fantastiques. Quatre réalisateurs (Nigel Dick, Greg Gold, Dominic Sena, David Fincher) et deux producteurs (Joni Sighvatsson, Steve Golin) sont à l’origine de ce projet. Société de production mise au service de l’inventivité de ses cinéastes, Propaganda détonne. Du clip au cinéma en passant par la publicité, son identité se développe rapidement, et sa réputation grandit aux côtés des plus grandes stars de son époque (de Guns N’ Roses à Slayer en passant par Janet Jackson). Une nouvelle vague de metteurs en scène (Antoine Fuqua, Michael Bay, Spike Jonze, entre autres) scelle définitivement son destin : Propaganda fera du cinéma. Kalifornia (1993), The Game (1997), Dans la peau de John Malkovich (1999), ou le film d’horreur Candyman (1992) portent la marque Propaganda, ainsi décrite par l’auteur : « un high concept clair, une expérimentation visuelle et technique quasi permanente et une propension à la vulgarité assumée. ». La formule cartonne souvent (exemple de Bad Boys de Michael Bay) mais rate parfois sa cible (Kalifornia ou The Game), des échecs qui expliquent la chute du studio, racheté par Polygram au début des années quatre-vingt-dix, puis progressivement abandonné par ses membres fondateurs. 

.

Propaganda Films

Propaganda Films

.

Collaborateur à la revue SoFilm, Benoit Marchisio raconte l’histoire de Propaganda à la façon d’un récit légendaire. Nourrie de nombreux propos recueillis par l’auteur, l’étude n’hésite pas à rentrer dans le détail, pour le plus grand bonheur du lecteur. Les analyses des clips (le matriciel Welcome to the Jungle des Guns, ou le moyen-métrage Rhythm Nation 1814 réalisé pour Janet Jackson) s’offrent comme le panorama d’une époque. Marchisio profite de son sujet pour développer des prolongements autour de l’œuvre des réalisateurs évoqués (Michael Bay, ou David Fincher dont l’auteur rappelle l’importance fondamentale qu’a pu jouer le clip dans sa formation cinématographique, analyse de séquences à l’appui). À la façon de Peter Biskind (Le Nouvel Hollywood, Sexe, Mensonges et Hollywood), Benoit Marchisio confère à son objet d’étude la dimension d’une saga, servie par une écriture intelligente et fortement documentée (les sources employées sont d’ailleurs annexées). Belle réussite donc qui permet d’en apprendre davantage sur une société aujourd’hui un peu oubliée et sur un contexte de production encore trop peu étudié.

.

.

.

  • GÉNÉRATION PROPAGANDA. L’histoire oubliée de ceux qui ont conquis Hollywood par Benoit Marchisio, disponible aux éditions Playlist Society, Collection « Récit/Cinéma » le 10 mai 2017.
  • 160 pages
  • Tarif : 7 € (numérique) – 14 € (papier)

Commentaires

A la Une

Frank Darabont sort de sa retraite pour réaliser deux épisodes de Stranger Things Saison 5

Cela faisait onze ans qu’il n’était plus passé derrière la caméra. Frank Darabont, génial metteur en scène des Évadés et… Lire la suite >>

Juré N°2 : Une bande-annonce empreinte de tension pour le nouveau Clint Eastwood

À 94 ans, le légendaire Clint Eastwood ne compte pas prendre sa retraite. Les premières images de son nouveau film,… Lire la suite >>

John Amos, star de Good Times, Racines, 58 minutes pour vivre et Un Prince à New York, s’est éteint à 84 ans

John Amos, acteur, scénariste, dramaturge, et nommé aux Emmy Awards, connu pour son rôle mythique de James Evans, père de… Lire la suite >>

Un César d’honneur pour la grande Julia Roberts

L’Académie des Arts et Techniques du Cinéma remettra un César d’honneur à l’actrice américaine Julia Roberts lors de la 50e… Lire la suite >>

L’acteur John Ashton s’est éteint à l’âge de 76 ans

Bien connu pour son rôle du Sergent John Taggart dans Le Flic de Beverly Hills, l’acteur John Ashton nous a… Lire la suite >>

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 BEETLEJUICE BEETLEJUICE 257 671 3 1 236 222
2 L'HEUREUSE ELUE 206 815 1 206 815
3 LE COMTE DE MONTE-CRISTO 178 660 14 8 388 607
4 LE FIL 141 496 3 519 448
5 MEGALOPOLIS 136 309 1 136 309
6 LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE 109 086 2 341 487
7 NI CHAINES NI MAITRES 107 642 2 226 927
8 LES BARBARES 75 306 2 196 655
9 EMILIA PEREZ 71 881 6 933 939
10 SPEAK NO EVIL 71 332 2 200 702

Source: CBO Box office

Nos Podcasts