Melvin et Howard (1980)
À l’origine, Melvin et Howard est inspiré de l’étrange fait divers que voici. À la mort de Howard Hughes en 1976, fut découvert dans un temple mormon de Salt Lake City, un testament manuscrit du défunt milliardaire.
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Parmi de nombreuses bizarreries qui firent douter de l’authenticité du document (fautes d’orthographe, légations douteuses, etc) figuraient le nom de Melvin Dummar, à qui devait revenir la coquette somme de 156 millions de dollars. L’intéressé expliqua alors qu’il avait, neuf ans plus tôt, ramassé un individu hirsute sur le bord de la route, dans le désert du Nevada, et qu’il l’avait conduit à Las Vegas. L’étranger lui aurait affirmé en sortant de la voiture être le célèbre milliardaire Howard Hughes.
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C’est sans doute l’histoire du long et tumultueux procès qui s’ensuivit que voulut d’abord raconter Demme. Mais le réalisateur rencontra Dummar et préféra raconter son histoire personnelle plutôt que celle qui avait défrayé la chronique.
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S’ouvrant sur la fameuse rencontre dans le désert entre Dummar (Paul Le Mat) et Hughes (Jason Robards, superbe), Melvin et Howard bifurque sur la vie quotidienne de Dummar, sa relation avec sa femme (l’excellente Mary Steenburgen, lauréate d’un Oscar mérité), ses ennuis quotidiens… Demme remballe ainsi son procès épique pour une comédie dramatique sur la vie de gens simples que Hollywood nous montre si rarement, préférant les caricaturer avec mépris dans des personnages de « white trash » ou autres « redneck ». C’est au contraire avec pudeur et tendresse que Demme filme la vie en caravane, les petites magouilles foireuses, les embrouilles de boulot, et fait la chronique douce-amère du mode de vie américain ordinaire.
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Ce film, la première franche réussite artistique de Demme, fut un grand succès critique. Les succès publics allaient suivre.
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