Dunkerque de Christopher Nolan : critique

Publié par CineChronicle le 19 juillet 2017

Synopsis : Au printemps 1940, près de 400 000 hommes, anglais et français, sont pris au piège de l’étau allemand. Repliés sur les plages de Dunkerque, ils attendent, sous les feux ennemis, des secours qui n’arrivent pas. Désastre humain et militaire, l’évacuation paraît alors inconcevable. Les hommes immobilisés sur les bancs de sables français cherchent à s’en échapper par les moyens qui s’offrent à eux. Soumis aux menaces aériennes, l’évacuation s’organise autour de rares avions de la Royal Air Force et de navires civils mobilisés en urgence.

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Dunkerque - affiche

Dunkerque – affiche

Une poignée de soldats britanniques parcourent une ville désertée. Tombent alors du ciel des tracts de l’ennemi allemand au message clair « surrounder ». La troupe est encerclée, prise au piège d’une étreinte invisible. La menace ne se fait pas sentir par des soldats ou drapeaux bariolés de symboles nazis, mais par le bruit des balles qui résonnent dans les rues et frappent ceux qui s’y trouvent. Sans nommer ou donner un visage à l’ennemi, la scène d’ouverture donne le la d’un film dont le cœur est avant tout la survie. La course du jeune soldat, des rues vers la plage, rythmée par les percussions des coups de fusil révèle les enjeux. Il n’est pas question d’affrontement d’homme à homme, de soldat à soldat, ce qui compte, c’est quitter une ville devenue synonyme de mort. Et ce n’est pas une histoire de conquête que celle de Dunkerque, nous sommes loin du débarquement spielbergien d’Il faut sauver le soldat Ryan (1998), ou du plus daté Le jour le plus long (1962) ; le courage ne se mesure pas à la prise d’un bunker, ou au nombre d’ennemis abattus. Elle s’estime aux vies sauvées, et à sa propre survie. Nolan célèbre ce désir de vivre. Celui qui lutte pour retrouver sa patrie n’est pas un lâche, c’est un héros sans gloire. Sans victoire à célébrer, sans trophée à ramener autre que son propre corps. Le soldat allemand est quant à lui représenté à l’image sous les traits mécaniques des chasseurs et autres bombardiers. Machines de mort sans visage. Balles et bombes sont tout ce que dépeint le réalisateur de cet ennemi, car c’est tout ce qui importe aux hommes présents sur la plage.

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Dunkerque de Christopher NolanDunkerque de Christopher NolanTom Hardy - DunkerqueKenneth Branagh - Dunkerque

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Œuvre quasi muette, sans discours sur le bien et le mal, Dunkerque s’attache à faire vivre aux spectateurs une expérience avant tout sensorielle. Deux éléments majeurs permettent à Christopher Nolan de mener à bien cette ambition. Le temps et le son. Pas de date qui ancrerait le récit dans la grande Histoire et qui installerait de fait une distance entre les personnages et les spectateurs. Une semaine, un jour, une heure, sont les seules marques temporelles mises en évidence et sur lesquelles nous basculons tour à tour. Pas de jeux temporels sur les modèles d’Inception ou d’Interstellar, le temps prend ici des contours plus tangibles. Il se dessine sous les traits d’un réservoir qui s’épuise à mesure qu’un chasseur anglais approche de la plage de Dunkerque, ou d’un équipage qui attend la marée pour enfin pouvoir la quitter.

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C’est une course contre la montre qui se heurte systématiquement à l’attente, de secours ou de bombardements, que nous livre le cinéaste. Le son se construit sur les éclats des balles, fracassant les cuirasses des bateaux, sur les explosions, dans les airs, la mer ou le sable. Ces déflagrations transportent. Elles pourraient être des freins, perdre l’audience dans un brouhaha inaudible. Elles absorbent au contraire et définissent le récit. Elles sont parfois annonciatrices d’espoirs, mais préfigurent surtout des menaces prêtes à s’abattre. Elles se fondent dans la bande originale d’Hans Zimmer, grandiose sans être pompeuse, qui trouve encore dans le cinéma de Christopher Nolan le média idoine.

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Si la nature de l’œuvre laisse peu de place aux dialogues, les performances n’en sont pas moins convaincantes. Plus que des incarnations monolithiques de la bravoure, ils définissent un courage pluriel, pas dénué de peur ou même de bassesses. Les collaborateurs habituels du réalisateur, Tom Hardy, Cillian Murphy, sont particulièrement poignants, sans éclat ou esbroufe. Mark Rylance n’est pas non plus en reste en civil appelé à la mer par le devoir. Pas de fausse note donc, y compris chez Harry Styles dont la présence au casting avait pu surprendre mais qui propose une composition finalement assez juste. En se détachant pour la première fois de la fiction, tout en préservant un lien avec ses propres obsessions, Christopher Nolan offre une expérience de cinéma dense, dépouillée mais surtout magistrale. Dunkerque conforte encore un peu plus la place de cinéaste majeur du cinéma contemporain à son auteur.

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Thomas Danger

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  • DUNKERQUE (Dunkirk) écrit et réalisé par Christopher Nolan en salles le 19 juillet 2017.
  • Avec :  Tom Hardy, Mark Rylance, Cillian Murphy, Kenneth Branagh, Harry Styles, Fionn Whitehead, James d’Arcy, Tom Glynn-Carney
  • Production: Christopher Nolan, Emma Thomas
  • Photographie: Hoyte Van Hoytema
  • Montage: Lee Smith
  • Décors: Nathan Crowley
  • Costumes : Jeffrey Kurland
  • Musique : Hans Zimmer
  • Distribution : Warner Bros.
  • Durée : 1h47

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