Ressortie/ Le Lauréat de Mike Nichols : critique

Publié par Thierry Carteret le 12 juillet 2017

Synopsis : Benjamin Braddock vient d’achever ses études couvert de diplômes. Au cours d’une réception organisée par ses parents, il rencontre Mme Robinson, une amie de ces derniers. Elle séduit le jeune homme, lui faisant découvrir les plaisirs de l’amour. Les parents de Benjamin, qui ignorent tout de cette relation, incitent bientôt leur fils à sortir avec Elaine, la fille des Robinson. Réticent au début, il s’attache rapidement à l’étudiante…

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Le Laureat de Mike Nichols - affiche version restauree

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Pour fêter son cinquantième anniversaire, Le Lauréat de Mike Nichols ressort le 12 juillet en salles dans une très belle version restaurée 4K, à l’initiative de Carlotta Films. Ce classique signé Mike Nichols, décédé en 2014, a connu un incroyable succès lors de sa sortie aux États-Unis en 1968, alors numéro un au box office avec pas moins de 105 millions de dollars de recettes engrangées. Le Lauréat, d’après le roman de Charles Webb, reste aujourd’hui une Å“uvre symbole de l’émancipation de la jeunesse américaine des années 1960 finissantes. Dustin Hoffman, incandescent et à l’aube de sa célébrité, incarne Benjamin Braddock, jeune étudiant de 21 ans fraîchement diplômé, brillant et timide, qui va s’émanciper et s’extraire du carcan familial petit bourgeois afin de trouver sa propre voie. Pour son premier grand rôle – au départ prévu pour Robert Redford -, Dustin Hoffman donne la réplique à la grande Anne Bancroft, qui interprète la fameuse Madame Robinson, l’amie de la famille. Cette séduisante bourgeoise mature, originaire du sud de la Californie, libérée et mariée sans amour à Monsieur Robinson (Murray Hamilton), va l’initier au plaisir charnel. Pour le jeune Benjamin, cette découverte relativement tardive de la sexualité avec une femme plus expérimentée, agit sur lui comme un puissant déclencheur d’un désir de liberté. Avec cette relation secrète, réprouvée par les principes moraux de l’Amérique, Benjamin découvre le sens de son existence, noyée dans les dictats d’une éducation parentale un peu trop présente. La vision que Nichols pose sur une Amérique – en pleine révolution des mÅ“urs (« Summer of love ») et en révolte contre la guerre du Vietnam – à travers cette façon outrée de fêter le jeune diplômé comme le Messie, s’avère à la fois ironique et féroce.

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Le Laureat

Le Lauréat

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Le Lauréat démarre alors comme une comédie pleine de finesse et de psychologie. Dans sa première partie, la réussite tient pour l’essentiel au face à face Bancroft/Hoffman avec des scènes proprement savoureuses, comme lorsque Benjamin essaie maladroitement de masquer l’invitation de sa partenaire dans une chambre d’hôtel. Les deux comédiens n’ont que peu de différence d’âge – 36 ans pour Anne Bancroft, 30 ans pour Dustin Hoffman -, mais leur talent fait le reste pour exprimer ce décalage de génération. Dustin Hoffman impressionne lors du casting, et les producteurs vont jusqu’à modifier le scénario en fonction de sa personnalité. Son personnage suscite d’ailleurs chez le spectateur une empathie immédiate. Dans sa seconde partie, le film délaisse l’humour et le brin de légèreté pour un tournant plus émotionnel, avec la rencontre de Benjamin et Elaine (Katherine Ross), la fille non désirée de Madame Robinson. La délicate comédienne, ici débutante, compose avec Dustin Hoffman un duo amoureux totalement touchant et crédible, exprimant la force des sentiments au-delà des dictats sociaux. Et à ce sujet, la séquence finale demeure un grand moment libérateur, brisant les tabous d’une Amérique asphyxiée par de vieux principes et des traditions familiales rigides. Les deux amants fuyant vers un avenir encore incertain, comme les Adam et Eve d’une nouvelle société à construire.

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Le Laureat

Le Lauréat

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Le Lauréat est soutenu par une réalisation maîtrisée – il s’agit du second long métrage du réalisateur après Qui a peur de Virginia Woolf ? en 1966 – et à l’image de la Nouvelle Vague française dont on sent l’influence. Nichols pulvérise les codes de la mise en scène hollywoodienne, ouvrant la voie au « Nouvel Hollywood ». L’ensemble est rehaussé par les mémorables mélodies de Simon & Garfunkel, comme les mythiques morceaux The Sound of Silence et Mrs. Robinson ou encore le sublime Scarborough Fair. La musique a été disque d’or cette année-là, nourrissant depuis un culte. Drame grinçant sur le rêve Américain, Le Lauréat est une Å“uvre « pop » ancrée dans son époque. Ce chef-d’œuvre récompensé en 1968 par l’Oscar du meilleur réalisateur, cinq Golden Globes et cinq BAFTA, est depuis devenu un classique – au même titre que Easy rider ou Hair -, tout en nourrissant l’inspiration de grands réalisateurs, comme Sofia Coppola ou Wes Anderson. Le film phare d’une génération qui resplendit donc à nouveau avec cette ressortie au cinéma restaurée 4K.

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  • Ressortie de LE LAURÉAT (The Graduate) de Mike Nichols en version restaurée 4K le 12 juillet 2017.
  • Avec : Anne Bancroft, Dustin Hoffman, Katharine Ross, Murray Hamilton, William Daniels…
  • Scénario : Calder Willingham et Buck Henry, d’après l’oeuvre de Charles Webb
  • Production : Lawrence Turman, Mike Nichols
  • Photographie : Robert Surtees
  • Montage : Sam O’Steen
  • Décors : Richard Sylbert
  • Costumes : Patricia Zipprodt
  • Musique : Paul Simon, Dave Grusin
  • Distribution : Carlotta Films
  • Durée : 1h46
  • Date de sortie : 4 septembre 1968

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