Série/ Glow (saison 1) : critique

Publié par Lucia Miguel le 5 juillet 2017

Synopsis : Ruth Wilder, une actrice en mal de notoriété, trouve dans le monde du lycra et des paillettes du catch féminin une dernière chance de se faire un nom. Obligée de travailler avec douze marginales d’Hollywood, Ruth est aussi en concurrence avec Debbie Eagan, ancienne actrice de soap.

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Glow - poster

Glow – poster

Netflix s’affirme de jour en jour comme l’un des plus importants viviers de créations télévisuelles et propose depuis le mois de juin sa nouvelle série événement, Glow, qui mêle catch, paillettes et féminisme dans une pure ambiance des années 1980. Cette nouvelle pépite du géant du streaming, produite par Jenji Kohan et Tara Hermann (Orange is the New Black), met en scène un groupe de femmes borderline qui s’engagent auprès d’un réalisateur de série Z pour un show télévisé avec des catcheuses, inspiré d’une émission du même nom, diffusée en 1986. Si les raisons qui poussent ces femmes à rejoindre cette aventure sont différentes et bien souvent opposées (chômage, mariage raté, manque de confiance en soi, etc), elles finissent par trouver dans le catch un moyen de s’affranchir et de s’émanciper. Le ring, devenu à la fois microcosme de la société américaine et foyer, se transforme peu à peu en une métaphore sur la lutte quotidienne engagée des femmes de toute époque, donnant ainsi à la série une universalité au-delà de son esthétisme vintage. Si les stéréotypes se succèdent et la sexualisation des personnages reste l’attrait principal, la série joue habilement avec les enjeux qu’elle met en lumière. Car tout dans Glow est de prime abord un cliché de la décennie 1980, avec des décors schématiques et des références populaires. La série caricature volontairement ces jeunes femmes aux coiffures extravagantes, en leggins rose fluo et baskets montantes, à l’instar des personnages qu’elles incarnent sur le ring, pour ensuite déconstruire ces figures hiératiques et en dévoiler l’authenticité. Si elles sont noyées dans une société qui les traite avec indifférence, leurs stéréotypes, créés par leur coach, vont leur permettre de s’affirmer en tant que femmes uniques. 

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Alison Brie - GlowBetty Gilpin - Glow

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Cette construction et déconstruction rend Glow beaucoup plus originale que Orange is the new black, par exemple, qui peine parfois à se détacher des clichés de base. Ici la gent féminine, rendue reconnaissable par leurs caricatures sur le ring (Beyrouth la terroriste, Zoya la communiste, La Reine des Allocs, Liberty Bell, etc.), réussit à s’émanciper, aussi bien de l’image qui leur a été attribuée que de la vision négative qu’elles ont d’elles-mêmes. Plus elles façonnent ces clichés, plus elles s’en détachent dans la vraie vie ; l’exercice devient ainsi un spectacle théâtral qui leur permet d’extérioriser leurs peurs et faiblesses. 

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Les créatrices de la série ont fait appel à un casting attrayant avec des visages plus ou moins connus des spectateurs. Le pari est largement gagné, avec une Allison Brie qui, jusque-là, était plus connue pour être la compagne de Dave Franco que pour ses rôles. Elle livre ici une interprétation épatante et parvient à donner des nuances à son personnage d’inadapté qui finit par se faire aimer de tous (spectateur inclus). À ses côtés, l’équipe est constituée de Betty Gilpin (déesse des années 1980), Sydelle Noel (star de la blaxploitation), Britney Young (jeune fille aux formes et au cÅ“ur généreux), Bitt Baron (jeunette anarcho-punk aux allures de The Cure), et bien d’autres. Quant au casting masculin des plus réduits, reste la prestation de Marc Maron qui incarne à la perfection ce réalisateur et créateur du show devenu une sorte de (mauvais) confident et père à ses femmes. Mais aussi Chris Lowell dans le rôle du jeune producteur. Mention toute spéciale à l’équipe artistique et au directeur de photographie qui ont réussi à récréer brillamment la décennie 1980 dans une Californie à paillettes et sous cocaïne, ainsi qu’à dénicher des vêtements en mode Gym Tonic, en beaucoup plus classe. De même pour la bande originale, qui livre quelques hits de Patty Smith, Roxette, David Bowie, Tears for Fears ou Scorpion, invitant ainsi à un voyage nostalgique pétillant.

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Alison Brie - Glow

Alison Brie – Glow

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Glow est-elle pour autant essentiellement une série féministe ? Glow traite de certaines caractéristiques, notamment dans le processus d’émancipation des femmes suite aux diverses révolutions opérées dans la décennie précédente. Mais elle explore surtout un pays en pleine mutation tissant un portrait très authentique de ces petits « riens », autrement appelés losers, qui peinent à trouver leur place dans le système. Entre humour noir et répliques désopilantes, Glow se révèle une pilule d’optimisme qui fait son effet à chaque épisode, dessinant la double personnalité que toute femme peut avoir (femme ordinaire et héroïne) et laisse croire qu’avec du courage, tout est possible, même de devenir une star du catch.

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  • Série américaine GLOW disponible sur Netflix depuis le 23 juin 2017.
  • Créateurs : Liz Flahive, Carly Mensch
  • Avec : Alison Brie, Betty Gilpin, Sydelle Noel, Britney Young, Marc Maron, Britt Baron, Kimmy Gatewood, Rebekka Johnson, Sunita Mani, Marianna Palka, Gayle Rankin…
  • 1 saison de 10 épisodes de 30 minutes

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Source: CBO Box office

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