Synopsis : Privé de son puissant marteau, Thor est retenu prisonnier sur une lointaine planète aux confins de l’univers. Pour sauver Asgard, il va devoir lutter contre le temps afin d’empêcher l’impitoyable Hela d’accomplir le Ragnarok – la destruction de son monde et la fin de la civilisation asgardienne. Mais pour y parvenir, il va d’abord devoir mener un combat titanesque de gladiateurs contre celui qui était autrefois son allié au sein des Avengers : l’incroyable Hulk…
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Thor : Ragnarok est le troisième volet dédié au Dieu du Tonnerre d’Asgard, après Thor de Kenneth Branagh et Thor : Le Monde des ténèbres d’Alan Taylor. Les commandes de cette nouvelle épopée ont été confiées à Taika Waititi, derrière entre autres Vampires en tout intimité (What We Do in the Shadows). Mais le cinéaste néo-zélandais de 42 ans a également signé les vidéos mockumentary en deux parties qui narrent ce que Thor et Hulk ont fait après les évènements d’Avengers l’ère d’Ultron et pendant Civil War, disponibles en ligne (parties 1 et 2) et en bonus du DVD de Captain America : Civil War. Avec une bande annonce rythmée par Immigrant Song de Led Zeppelin, Thor : Ragnarok raconte l’apocalypse asgardienne avec une bonne dose d’humour qui avait fait défaut au tout premier volet. Car c’est à travers l’humour que le personnage de Chris Hemsworth trouve ici une nouvelle dimension plutôt efficace. Dans la volonté de Marvel de s’adresser à un public de plus en plus jeune au gré de ses dernières productions, Thor : Ragnarok ne déroge pas à la règle et tend vers une approche similaire aux Gardiens de la Galaxie. La relation entre Loki et son frère est au centre de l’élaboration de cet humour qui flirte avec le slapstick, le burlesque et même parfois le vaudeville. Chris Hemsworth en est le principal artisan ; son héros herculéen classique rompt la frontière entre le super-héros et l’homme ordinaire. Thor y gagne en sympathie à travers son irrévérence, à l’instar de Loki avec ses nombreuses farces nuisibles.
Si le casting tire dans l’ensemble son épingle du jeu dans ce foisonnement de gags, comme Jeff Goldblum, excellent dans le rôle du Grand Maître, le tandem Bruce Banner / Hulk y perd le côté torturé de son personnage, au profit des nombreuses scènes comiques mettant en avant le tempérament simplet de Hulk. Son interprète Mark Buffalo a d’ailleurs révélé à la presse que Thor : Ragnarok serait le point de départ d’un arc centré sur le géant vert en trois films. Si Hulk n’en sera pas le personnage central pour des raisons de droits d’exploitation, son histoire sera développée en parallèle de deux autres productions Marvel après celle-ci.
Mais Thor : Ragnarok, c’est aussi un super casting féminin qui parvient à se démarquer. Cate Blanchett, qui continue de naviguer entre blockbusters et films d’auteurs, se révèle machiavélique en Hela, fille d’Odin et Déesse de la Mort. La malice de son regard donne une profondeur inquiétante à son avidité de pouvoir. Quant à Tessa Thompson (Creed), elle prend les traits d’une Valkyrie rongée par les fantômes de son passé qu’elle tente de fuir dans l’alcool. Son cynisme fait mouche et vient s’insérer parfaitement dans la relation qu’entretiennent les deux fils d’Odin. Dans son mélange de genres et d’univers, son humour plus potache et ces nouveaux codes esthétiques, Thor : Ragnarok aurait pu nous faire craindre le pire. Mais en centrant l’action sur trois grands décors principaux, Taika Waititi parvient à imposer une identité visuelle plaisante sans basculer dans l’indigestion.
Bien délimité par l’action et la mise en scène, chaque univers que Thor et ses compagnons traversent ne font pas de compromis et vont au bout de leurs partis pris artistiques. Si la mise en scène des séquences terrestres doit beaucoup au Doctor Strange (dont la scène post-générique annonçait Thor : Ragnarok), les séquences asgardiennes restent fidèles aux premiers opus, et celles situées sur Sakaar peuvent se permettre de donner forme à l’excentricité rococo-futuriste du Grand Maître. La musique souligne aussi habilement ce transvasement d’univers en univers par des changements de tonalités agréables, du rock 70’s à la musique électro en passant par des compositions orchestrales plus en phases avec le grandiose d’Asgard. La partition de Mark Mothersbaugh (Moonrise Kingdom, 21 & 22 Jump Street…) joue également sur le décalage avec les images, créant des effets comiques, le plus souvent efficaces. Thor : Ragnarok recalibre ainsi son personnage dans le ton et la forme pour une meilleure harmonie avec les phases du MCU. Si l’exercice offre ici un réel divertissement, on peut néanmoins se demander jusqu’où ira la régression de Marvel et Disney, et s’ils sauront la freiner à temps pour garder un dosage satisfaisant.
- THOR : RAGNAROK
- Sortie salles : 25 octobre 2017
- Réalisation : Taika Waititi
- Avec : Chris Hemsworth, Tom Hiddleston, Cate Blanchett, Idris Elba, Jeff Goldblum, Tessa Thompson, Karl Urban, Mark Ruffalo, Anthony Hopkins, Benedict Cumberbatch…
- Scénario : Eric Pearson, Craig Kyle, Christopher Yost
- Production : Kevin Feige, Louis d’Espositio, Victoria Alonso, Brad Winderbaum, Thomas M. Hammel, Stan Lee
- Photographie : Javier Aguirresarobe
- Montage : Joel Negron
- Décors : Dan Hennah
- Costumes : Mayes C. Rubeo
- Musique : Mark Mothersbaugh
- Distribution : The Walt Disney Company France
- Durée : 2h10
- Site officiel du film