Moi, Tonya de Craig Gillespie : critique

Publié par CineChronicle le 21 février 2018

Synopsis : En 1994, le milieu sportif est bouleversé en apprenant que Nancy Kerrigan, jeune patineuse artistique promise à un brillant avenir, est sauvagement attaquée. Plus choquant encore, la championne Tonya Harding et ses proches sont soupçonnés d’avoir planifié et mis à exécution l’agression…

 

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Moi Tonya - affiche

Moi Tonya – affiche

À l’inverse de ce que l’on peut attendre habituellement d’un biopic, souvent laudatif et anecdotique, Moi, Tonya de Craig Gillespie (remake de Fright Night, Million Dollar Arm) se distingue rapidement. Présenté d’emblée comme étant inspiré des entretiens réalisés avec les protagonistes de cette histoire, le genre s’en nourrit et l’on retrouve les épisodes dramatiques entrecoupés par des interviews reconstituées offrant un contrepoint image/voix off dynamisant l’ensemble. L’incident qui motive le film et qui a vraisemblablement rendu Tonya Harding (Margot Robbie) célèbre n’apparaît que dans le dernier tiers, mélangeant ainsi plusieurs histoires. Tout d’abord l’enfance de Tonya, malheureuse et difficile comme il en est, à base de séparation parentale et de mère sévère et abusive (Allison Janney). Puis l’histoire d’amour quand Tonya rencontre Jeff (Sebastian Stan) sur les bancs de la patinoire. Et enfin, un aspect plus dramatique après l’ ”incident”. D’un côté success story où Tonya doit se battre pour accomplir son rêve et parvient avec réussite à devenir la première patineuse américaine à réaliser un Triple Axel, de l’autre un récit miséreux dans lequel sa vie oscille entre complaisance glauque (déterminisme social redneck) et déni. Tonya est toujours victime des circonstances et comme un nouveau Valmont, elle ne cesse de répéter “ce n’est pas de ma faute”. La mère acerbe, méchante et folle, calculatrice jusque dans ses aveux, apporte beaucoup d’énergie au récit grâce à la prestation de Allison Janney qui, depuis son Golden Globe, rafle les prix les uns derrière les autres. Détestable au plus au point, elle rend les scènes de patinage très jouissives par contraste. Ces séquences sont filmées au plus près de Tonya, accompagnant ses efforts et sa motivation. La prestation de Margot Robbie est tout à fait convaincante, bien qu’elle n’ait pas réalisé toutes les figures, les instants sur la glace restent très prenants. En revanche, le récit semble parfois décousu avec une temporalité et des subjectivités explosées. Les va-et-vient entre interviews et drame créent une distance. Celle-ci est renforcée par l’utilisation de l’adresse directe au spectateur avec laquelle on brise le quatrième mur. L’effet est souvent utilisé dans un but comique qui fonctionne, mais qui semble de temps en temps superficiel et inutile, voire contre-productif, car le rire implique une séparation qui embarrasse le récit quand il désire souligner une tension ou simplement faire émerger une émotion forte. Néanmoins, la comédie noire qui s’installe surprend par son agressivité et l’assiduité avec laquelle elle se manifeste. Le comique ne se laisse pas dominer par la tragédie et la noirceur acerbe des personnages et l’absurdité des situations évoquent le cinéma de frères Coen. C’est la raison pour laquelle Moi,Tonya est une belle surprise repoussant les limites du biopic pour en faire un objet filmique moins conventionnel.

 

Alexandre Pierzak

 

 

 

  • MOI, TONY (I,Tonya)
  • Sortie salles : 21 février 2018
  • Réalisation : Craig Gillespie
  • Avec :  Margot Robbie, Allison Janney, Sebastian Stan, Paul Walter Hauser, Julianne Nicholson, McKenna Grace, Caitlin Carver,…
  • Scénario :  Steven Rogers
  • Production : Bryan Unkeless, Margot Robbie, Tom Ackerley, Steven Rogers
  • Photographie : Nicolas Karakatsanis
  • Montage : Tatiana S. Riegel
  • Décors : Adam Willis
  • Costumes : Jennifer Johnson
  • Musique : Peter Nashel
  • Distribution : Mars Films
  • Durée : 2h

 

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