Ready Player One de Steven Spielberg : critique

Publié par CineChronicle le 28 mars 2018

Synopsis : 2045. Le monde est au bord du chaos. Les êtres humains se réfugient dans l’OASIS, univers virtuel mis au point par le brillant et excentrique James Halliday. Avant de disparaître, celui-ci a décidé de léguer son immense fortune à quiconque découvrira l’œuf de Pâques numérique qu’il a pris soin de dissimuler dans l’OASIS. L’appât du gain provoque une compétition planétaire. Mais lorsqu’un jeune garçon, Wade Watts, qui n’a pourtant pas le profil d’un héros, décide de participer à la chasse au trésor, il est plongé dans un monde parallèle à la fois mystérieux et inquiétant…

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Ready Player One - affiche

Ready Player One – affiche

Après Pentagon Papers, Steven Spielberg reprend l’affiche pour la seconde fois cette année et confirme qu’il est décidément l’un des maîtres virtuoses absolus de la science-fiction. Le cinéaste de Rencontres du Troisième TypeMinority Report et A.I renoue ici avec le genre treize ans après La Guerre des Mondes, alors qu’il se consacre, depuis une décennie, à des oeuvres plus intimistes, dramatiques et historiques, à l’instar de Lincoln ou encore du Pont des Espions. Il a aussi manipulé la performance capture avec Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne qui, en plus d’être un excellent film d’aventure, lui donnait l’occasion de montrer qu’il était tout aussi à l’aise avec cette manière de filmer. Le voilà de retour avec l’adaptation du roman d’Ernest Cline, Player One (2011). Voir Spielberg mettre en scène une histoire qui repose en grande partie sur tout un univers qu’il a lui-même mis en place avait de quoi intriguer nostalgiques et fans de la première heure. « The Boss », comme l’appelle Tom Hanks, nous livre ici un de ses films les plus personnels et les plus aboutis de sa carrière. Ready Player One va certainement prendre une place importante dans sa filmographie. On peut facilement le considérer comme une synthèse de tout ce qu’il a pu entreprendre et créer au fil des années. C’est une oeuvre généreuse, complète, attachante et puissante. Bien que les différences avec le livre soient nombreuses, Spielberg à réussi à condenser un univers extrêmement riche. Jouer avec toutes ces références présentes dans le roman était un exercice périlleux, mais il parvient avec aisance, simplicité et respect à assimiler trente années de pop culture. À l’heure où les studios entendent capitaliser sur cet attachement au passé pour un max de profit (Stranger Things), c’est aussi pour Spielberg l’occasion de questionner son héritage à travers toute cette nostalgie qu’il manipule intelligemment. Que restera-t-il de son oeuvre d’ici quelques années ? Seront-elles reléguées à la simple citation ou resteront-elles intemporelles ? Tout ce qu’il met en exergue sert la narration et la mise en scène. En témoigne cette fameuse scène cruciale, durant laquelle les héros se retrouvent plongés dans un film mythique, ne faisant pas partie de sa filmographie. Une séquence prodigieuse qui lui permet de repousser les possibilités du cinéma.

 

Ready Player One

Ready Player One

 

Comme souvent, il met en scène un garçon solitaire, au père absent. Il est facile de voir en Wade (Tye Sheridan) un miroir du cinéaste au même âge. Il a lui aussi connu le départ de son père et s’est réfugié dans le cinéma et les jeux vidéo. On peut même l’apercevoir en train de jouer sur une borne d’arcade pendant le tournage d’Indiana Jones. Le film raconte cette course contre la montre qui repose sur l’accomplissement de trois épreuves, qui donnent au vainqueur le contrôle de l’OASIS ainsi que la fortune de son créateur. On peut reprocher un début un peu expéditif, tant l’univers à nous raconter est vaste, alors que le livre prend le temps de présenter une humanité à la dérive, vidée de toutes ses ressources. Cette séquence d’ouverture est d’un dynamisme rare mais peut accuser aussi une très légère baisse de rythme dans la seconde demi-heure bien qu’elle présente en profondeur les personnages. Mais c’est bien les seuls reproches qu’on peut faire à Ready Player One. Car si l’histoire du roman -et à fortiori du film- est assez classique reposant sur un schéma narratif qui a fait le sel des films d’aventures et de science-fiction des années 80, la façon dont Spielberg nous la raconte fonctionne à merveille. Un art de la mise en scène et de la psychologie des personnages attachants qu’il a toujours su maîtriser. Le tout est sublimé ici par une nouvelle utilisation de la performance capture qui donne vie à cet univers virtuel.

 

Mark Rylance - Ready Player One

Mark Rylance – Ready Player One

 

Le film avance donc au rythme des épreuves entre lesquelles les personnages vont se construire, se connaître et évoluer. Tye Sheridan et Olivia Cooke (Art3mis) sont les moteurs du récit, ayant chacun une motivation différente et dont l’alchimie fonctionne parfaitement à l’écran. Ben Mendelsohn nous livre un méchant d’envergure, à l’image de Rogue One. Mark Rylance, qui retrouve Spielberg après Le Pont des Espions et Le Bon Gros Géant, est encore une fois impérial dans son interprétation du créateur geek/autiste de l’OASIS dont l’histoire n’est pas si différente de celle de Wade. Ce qui permet au réalisateur de se projeter à travers ces deux personnages. À la fois dans celui de cet adolescent plongé dans un mal-être et dans celui dont les créations ont changé le cours de l’Histoire. L’un représentant le passé, l’autre l’avenir. En outre, l‘intrigue secondaire avec le partenaire du créateur, incarné par Simon Pegg, renvoie à l’un des tandems ingénieux et visionnaires, Steve Jobs et Steve Wozniak. Cette relation peut être aussi perçue comme celle de Spielberg avec ses différents complices avec lesquels il a jeté les bases de cette pop culture, tels Georges Lucas et Robert Zemeckis.

 

Ready Player One

Ready Player One

 

Si l’idée de voir Spielberg revenir au film d’aventure et de science-fiction est excitante, elle l’est d’autant plus avec la motion capture. Avec Tintin, son personnage prenait une autre dimension, tout en explorant une nouvelle façon de raconter ses histoires. Il s’en sert ici pour donner vie à cette réalité virtuelle, à l’intérieur de laquelle tout le monde vit dans le passé face à un futur incertain. Pour cela, il est accompagné par ses plus proches et anciens collaborateurs. La photographie de Janusz Kaminski est comme toujours sublime et le travail de montage effectué par Michael Kahn est remarquable. Si John Williams ne gère pas ici la partition, occupé à l’époque par celle de Pentagon Papers, la musique est signée par un Alan Silvestri très inspiré, et qui s’en donne à coeur joie en revisitant ses propres thèmes, Retour Vers le Futur en tête. Cette première collaboration entre les deux est vraiment distrayante.

 

« Les gens viennent dans l’OASIS pour toutes les choses qu’ils peuvent faire, mais ils y restent pour tout ce qu’ils peuvent être ». Cette phrase prononcée par le héros explore in fine l’une des plus grandes thématiques du film : l’identité. Comme souvent chez Spielberg, la réponse se trouve dans l’Autre. C’est à travers Art3mis, Halliday et ses amis du monde réel que Wade va s’accomplir et se trouver. Cette question au coeur du cinéma de Spielberg n’aura de cesse d’être exploré. Ready Player One est un attrayant rubik’s cube cinématographique qui démontre ainsi tout le génie de Spielberg. À 71 ans, ce faiseur de rêve continue de nous émerveiller à travers des histoires et des images qui n’ont pas fini de marquer les générations.

 

Georges Malher

 

 

 

  • READY PLAYER ONE
  • Sortie salles : 28 Mars 2018
  • Réalisation : Steven Spielberg
  • Avec : Tye Sheridan, Olivia Cooke, Ben Mendelsohn, T.J. Miller, Simon Pegg, Mark Rylance, Lena Waithe, Hannah John-Kamen, Philip Zhao,..
  • Scénario : Ernest Cline, Zack Penn, d’après un roman d’Ernest Cline
  • Production :  Kristie Macosko Krieger, Donald De Line, Dan Farah, Steven Spielberg
  • Photographie : Janusz Kaminski
  • Montage : Michael Kahn, Sarah Broshar
  • Décors : Adam Stockhausen
  • Costumes : Kasia Walicka-Maimone
  • Musique : Alan Silvestri
  • Distribution : Warner Bros.
  • Durée : 2h20
  • Site officiel du film

 

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