Le Roi des Rois (King of Kings) de Nicholas Ray (1961)
Initialement un remake du Roi des Rois de 1927 de Cecil B. DeMille, Nicholas Ray choisit finalement une autre vision sur l’oeuvre. Un long-métrage qui, lors de sa sortie en 1961, n’eut pas réellement le succès escompté malgré l’approbation du Vatican pour son scénario.
Nicholas Ray livre ici un autre regard sur Jésus. Campé par Jeffrey Hunter, l’interprète du fils de Dieu nous offre une version plus humble à travers sa résistance passive et sa quête de la paix. Il semble comme habité par une mission intérieure qui lui est propre.
Accompagné du scénariste Philip Yordan, les deux comparses délivrent une vision historique et politique de la Bible qui se rapproche avec la vie diplomatique du monde réel. Nous retrouvons par exemple Harry Guardino en Barabbas, généralement décrit dans les textes comme un petit délinquant, en chef rebelle. Le scénariste juxtapose la violence de Barabbas et les moyens pacifiques de Jésus, dont leur but commun est la libération de la Judée des Romains, à la guérilla armée instaurée par le régime castriste à Cuba en 1959. Tout comme la relation entre Judas et Jésus qui va bien plus loin qu’une « simple » trahison. Le tout sous la narration d’Orson Welles.
Jusqu’aux années soixante, la plupart des longs-métrages sur la vie du Christ évitaient de montrer le visage de l’acteur interprétant Jésus. Les cinéastes préféraient alors cadrer sur ses mains (Ben-hur), de dos ou par-dessus son épaule.
Le Roi des rois fut le premier film produit en studio à montrer le faciès de l’acteur. L’aspect juvénile de Jeffrey Hunter, qui a 33 ans au moment du tournage, incita même les critiques à rebaptiser le film « J’étais un Jésus adolescent ».
Prescilia Correnti