Synopsis : Mona rêve depuis toujours d’être comédienne. Au sortir du Conservatoire, elle est promise à un avenir brillant mais c’est Sam, sa sœur cadette, qui se fait repérer et devient rapidement une actrice de renom. À l’aube de la trentaine, à court de ressources, Mona est contrainte d’emménager chez sa sœur qui, fragilisée par un tournage éprouvant, lui propose de devenir son assistante. Sam néglige peu à peu son rôle d’actrice, d’épouse, de mère et finit par perdre pied. Ces rôles que Sam délaisse, Mona comprend qu’elle doit s’en emparer.
♥♥♥♥♥
Les rapports entre sœurs, ce n’est jamais simple. Et lorsque celles-ci sont actrices, cela l’est encore moins. Un thème intéressant pour le premier long métrage en tant que réalisateurs de Jérémie et Yannick Rénier, eux-mêmes frères et acteurs. Pour Carnivores, ils avouent volontiers s’être inspirés de leurs vies pour ce qui devait être à la base une comédie et qui se termine finalement en thriller psychologique. Le scénario n’est pas le point fort malgré les deux rebondissements majeurs qui le jalonnent. Le récit plonge le spectateur au plus près de l’évolution mentale de Mona. Cette actrice en galère passe ainsi de l’admiration envers une sœur qui tourne dans de grands projets au rejet de cette dernière devenue un obstacle à son épanouissement personnel. Si les frères Rénier auraient pu approfondir l’intrigue afin de l’entraîner vers les hautes sphères du genre, ils exposent assez efficacement les coulisses des plateaux de cinéma qu’ils connaissant très bien, livrent une mise en scène soignée et font briller leur duo d’actrices. Sur près de 80 minutes, ils évitent tout temps mort. Carnivores, produit par les frères Dardenne, dévoile une atmosphère palpable. Sur le plan esthétique, les réalisateurs semblent avoir une préférence pour les mouvements de caméra lents et précis, des décors froids bien exploités et une musique électronique minimaliste composée par Pierre Aviat (dit Avia). L’absorption dans l’univers de Carnivores fonctionne grâce à l’implication des comédiennes principales. Les frères Rénier l’ont bien compris et se muent en fabuleux directeurs d’actrices. Ce travail est flagrant sur Leïla Bekhti, César du meilleur espoir féminin pour Tout ce qui brille, qui réalise sans doute ici l’une de ses meilleures prestations. Tout en sobriété, elle est impeccable dans le rôle de cette sœur renfermée sur elle-même qui va se confronter à une lente transformation psychologique. Face à elle, Zita Hanrot est moins en nuance incarnant une sœur exubérante et à fleur de peau. Cette jeune actrice révélée dans le césarisé Fatima apporte son charisme et un naturel de jeu certain. Son parcours est à suivre. Si Carnivores, à la lisière du drame et du film de genre, a les défauts d’une première oeuvre avec un scénario trop balisé, on assiste ici à l’éclosion prometteuse d’un duo de cinéastes qui a des choses à montrer.
- CARNIVORES
- Sortie salles : 28 mars 2018
- Réalisation : Jérémie Rénier, Yannick Rénier
- Avec : Leïla Bekhti, Zita Hanrot, Bastien Bouillon, Johan Heldenberg, Octave Bossuet, Hiam Abbass, Christophe Sermet, Marianne Fabbro, Isabelle Kramrick, Dominique Signori…
- Scénario : Jérémie Rénier, Yannick Rénier, Agnès De Sacy, Bulle Decarpentries
- Production : Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne, Hugo Sélignac
- Photographie : George Lechaptois
- Montage : Nico Leunen
- Décors : Laura Léonard
- Costumes : Virginie Montel
- Musique : Pierre Aviat (dit Avia)
- Distribution : Mars Films
- Durée : 1h26