Synopsis : À l’occasion du mariage de sa soeur, Laura revient avec ses enfants dans son village natal au cœur d’un vignoble espagnol. Mais des évènements inattendus viennent bouleverser son séjour et font ressurgir un passé depuis trop longtemps enfoui.
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Everybody Knows a ouvert le 71e Festival de Cannes. Asghar Farhadi revient en compétition officielle après et Le Passé et Le Client. Ce huitième long-métrage, deuxième tourné hors Iran, était très attendu grâce à son casting prestigieux avec Penélope Cruz, Javier Bardem et Ricardo DarÃn. Il révèle également plusieurs acteurs en herbe, dont Carla Campra, qui incarne la fille de Laura (Penélope Cruz). Everybody Knows se modèle à partir de l’environnement du pueblo viticole espagnol. La place principale, où les événements se passent, au vu et au su de tous, est au cÅ“ur du village. Pourtant, la végétation dissimulatrice alentour rend cette transparence apparente incertaine. Ces deux ambiances rentrent dans un conflit arbitré et chronométré par l’horloge du clocher de l’église, imposant un compte à rebours troublant. La photographie de José Luis Alcaine, qui travaille régulièrement avec Almodóvar depuis trente ans, retranscrit à l’écran l’atmosphère locale en combinant des codes classiques du thriller à un réalisme chaleureux et familial. Cette composition audiovisuelle apparaît dès la première séquence où les coupures de journaux et l’horloge du clocher habité par des oiseaux se mêlent aux images de vacances en famille dans la campagne castillane. Par la suite, elle imprègne cette bourgade espagnole jusqu’au bout, que ce soit par la lumière ou la musique. Everybody Knows adopte une position atypique en montrant l’action d’une perspective collective, malgré une caméra souvent proche des personnages. Le suspense ne se construit pas de manière linéaire, les fausses pistes ne deviennent jamais assez concrètes pour être démontées, laissant une multitude de possibilités ouvertes. Ici, ce n’est pas tant le mystère qui porte la narration, mais le jeu de cette fine frontière entre les dissemblances de perceptions et les mensonges. Everybody Knows est sans doute en-deçà du niveau habituel des Å“uvres de Farhadi. Son empreinte personnelle y est moins palpable et la production internationale, au lieu d’enrichir, finit par atténuer son aura cinématographique. Certains mécanismes souvent utilisés par le cinéaste, comme l’exploration des relations interpersonnelles ou l’intrusion du passé dans le présent, paraissent plus faiblement exploités. Pourtant, la démarche mise en place pour revisiter le genre reste originale et mérite d’être saluée pour son aboutissement plutôt remarquable. Le drame espagnol du réalisateur iranien a inauguré honorablement le Festival de Cannes 2018. Â
Erica Farges
- Notes de la rédaction cannoise
- Philippe Descottes ♥♥♥♥♥
- Nathalie Dassa ♥♥♥♥♥
- Cyril Perraudat ♥♥♥♥♥
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- EVERYBODY KNOWS (Todos Lo Saben)
- Sortie salles : 8 mai 2018
- Réalisation : Asghar Farhadi
- Avec : Penélope Cruz, Javier Bardem, Ricardo DarÃn, Eduard Fernández, Bárbara Lennie, Inma Cuesta, Elvira Minguez, Ramon Barea, Carla Campra, Sara Sálamo, Roger Casamajor, José Angel Egido, Sergio Castellanos
- Scénario : Asghar Farhadi
- Production : Alexandre Mallet-Guy et Alvaro Longoria
- Photographie : José Luis Alcaine
- Montage : Hayedeh Safiyari
- Décors: Maria Clara Notari
- Costumes: Sonia Grande
- Musique : Javier Limón
- Distribution : Memento Films
- Durée : 2h12