Il y a quelques semaines, le réalisateur de Gravity postait sur son compte Twitter le plan unique d’une flaque d’eau extrait de son prochain film, Roma, dont le très émotionnel trailer a été publié récemment par Netflix.
Roma semble avoir tous les qualificatifs pour être l’un des films les plus émouvants, épiques, personnels et attendus de cette année 2018. Quatre ans après Gravity, Alfonso Cuarón revient avec un récit relatant les destins de femmes issues de la classe moyenne des années 1970 au Mexique.
La bande annonce en noir et blanc et sans dialogue présage encore un tournant radical dans les choix esthétiques du réalisateur. Sa structure met de plus en évidence la trame narrative : une succession de plans, telles les photographies d’un album photo figé dans le temps, qui alterne révoltes politiques et tranches de vie à un rythme qui s’accélère jusqu’à ce que les deux univers s’entremêlent et s’envahissent.
Sur son compte Twitter, le réalisateur avait accompagné le premier extrait de Roma d’une phrase rappelant cette dualité : « Il y a des périodes dans l’Histoire qui marquent à jamais les sociétés et des moments dans la vie qui nous transforment en tant qu’individus ».
There are periods in history that scar societies and moments in life that transform us as individuals. pic.twitter.com/TOBHcvGb7T
— Alfonso Cuaron (@alfonsocuaron) 25 juillet 2018
Plus précisément et selon le synopsis officiel relayé par Deadline, l’histoire suivra Cleo (Yaltiza Aparicio) et Adela (Nancy Garcìa), jeunes domestiques et descendantes de Mixtèques, des anciens indigènes. Adela travaille pour une famille du quartier bourgeois de Roma. Sophia, mère de quatre enfants, doit en effet faire face à l’absence prolongée de son mari tandis que des nouvelles bouleversantes vont mettre en danger l’attention d’Adela quant à la surveillance des enfants de Sophia qu’elle aime comme les siens. Dans un contexte de hiérarchie sociale où classes et ethnies sont intimement liées, Sophia et Adela vont prendre part à des changements s’immisçant dans leurs foyers. Dans un contexte conflictuel entre gouvernement militaire et manifestations étudiantes, les jeunes femmes devront repenser les concepts d’amour et solidarité.
Roma s’inspire par ailleurs de la manifestation étudiante mexicaine de 1968 que le gouvernement réprima avec violence, causant ainsi plusieurs morts, et ce, dix jours avant les Jeux Olympiques.
Selon les producteurs, Roma est l’oeuvre la plus intime du réalisateur, car le récit s’inspire des femmes de son enfance et du système matriarcal qui façonna son univers. Cuarón dira lui-même à Indierwire : « 90 % des scènes du film sont issues de ma mémoire. […] Ces gens-là ont vraiment existé, ce sont des personnes que j’aime profondément. »
À l’image de ses personnages, Cuarón prend donc part au conflit en racontant une partie de son histoire. Le film, produit par Esperanto Filmoj et Paticipant Media, sera présenté en avant-première mondiale à Venise ce 30 août. Il ne sortira pas en France, mais sera disponible sur Netflix.
Camélia Benamrane