Résumé : Premier livre à examiner le fonctionnement interne d’Hollywood en tant qu’industrie politisée, Hollywood Propaganda révèle les liens étroits entre l’industrie du cinéma et les forces politiques américaines les plus réactionnaires. S’appuyant sur l’analyse minutieuse de nombreux films, M. Alford démontre qu’Hollywood loin d’être le lieu d’expression de la gauche américaine n’est que le versant culturel d’une politique impérialiste. Ainsi, des films comme Transformers, Terminator ou La Chute du faucon noir, ouvertement financés par le Département de la Défense, servent à promouvoir l’image de l’armée et de la politique américaine. Même des films dits critiques, voire contestataires comme Les Rois du désert, Hotel Rwanda ou Avatar, bien que d’une façon plus subtile, n’en remplissent pas moins une fonction similaire. Au-delà des tendances progressistes affichées par certaines célébrités, Alford met en évidence leur totale intégration à un système encourageant la suprématie mondiale américaine et le recours à la violence étatique.
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Cette étude, due à l’écrivain britannique Matthew Alford, repose sur le prédicat suivant : loin d’incarner une quelconque force d’opposition au pouvoir gouvernemental, l’industrie hollywoodienne soutiendrait une vision ô combien réactionnaire, et partant propagandiste, de l’impérialisme américain. La preuve de cette thèse se trouverait à l’intérieur des films dont l’auteur consacre de nombreuses analyses selon un séquençage par genres (films de guerre, de science-fiction, d’action et d’aventure, mais aussi comédies, films politiques, ou productions à petit budget). Alford étaye donc ses arguments selon une étude de cas qui repose sur une lecture plus ou moins minutieuses de fictions traversant les trente dernières décennies du cinéma américain (auxquelles s’ajoutent des sous-chapitres consacrés à un ensemble de films, comme les Å“uvres politiques de Oliver Stone par exemple). Si cette approche a le mérite d’éviter les généralités un peu faciles, il faut reconnaître que l’absence de toute analyse consacrée à des questions de mise en scène entache parfois la probité des réflexions émises par l’auteur. Ainsi, et bien qu’Alford intègre de nombreux contre-exemples à ses développements (ainsi de la franchise des Jason Bourne décrite comme « l’antithèse de la série macho des James Bond », ou de Total Recall dont la dimension subversive concernant le placement de produits a bien été relevée), certaines productions comme L’Enfer du devoir de Friedkin ou Raisons d’État de De Niro subissent l’opprobre de jugements relativement hâtifs. Reste que dans son ensemble, l’ouvrage saura convaincre le lecteur. Sa première partie, consacrée à l’évolution idéologique d’Hollywood, se présente ainsi comme particulièrement instructive, nourrie de nombreuses références (dont les sources sont toutes mentionnées en fin d’ouvrage) qui permettent de découvrir de l’intérieur les nouveaux enjeux économiques et politiques de l’industrie cinématographique américaine.
- HOLLYWOOD PROPAGANDA. CINÉMA HOLLYWOODIEN ET HÉGÉMONIE AMÉRICAINE
- Auteur : Matthew Alford
- Traduction : Cyrille Rivalan
- Éditions : Éditions Critique
- Date de parution : 4 septembre 2018
- Format : 304 pages
- Tarif : 20 €