Synopsis : Théo est remis à l’adoption par sa mère biologique le jour de sa naissance. C’est un accouchement sous X. La mère à deux mois pour revenir sur sa décision…ou pas. Les services de l’aide sociale à l’enfance et le service adoption se mettent en mouvement. Les uns doivent s’occuper du bébé, le porter dans ce temps suspendu, cette phase d’incertitude. Les autres doivent trouver celle qui deviendra sa mère adoptante. Alice se bat depuis dix ans pour avoir un enfant.
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Poignant et formidablement interprété, Pupille, deuxième film de Jeanne Herry (Elle l’adore), déjà présenté au Festival du film francophone d’Angoulême 2018, retrace le parcours du petit Théo, âgé de trois mois, né sous X et rejeté par sa jeune mère biologique plutôt inconsciente. À Brest, Alice, femme stérile incarnée par l’éclatante Élodie Bouchez (Les Roseaux sauvages, La Vie rêvée des anges, Guy), se bat depuis dix ans pour avoir un enfant. C’est l’histoire de leur émouvante rencontre. À la frontière entre fiction et approche documentaire, ce long-métrage profondément humain s’avère percutant, optimiste, lumineux, sensible et pudique. En effet, Pupille s’ouvre sur la naissance de celui qui (re)donne la vie, ici sorte de nativité contemporaine, en décrivant avec douceur le processus de l’accouchement. Le film, peut-être un peu bavard, s’attache ensuite à expliquer la longue procédure qui permettra à l’enfant d’être adopté dans les meilleures conditions. Cette oeuvre purement cinématographique emplie d’émotion s’apparente à un ballet de regards croisés : c’est par le regard que tout arrive, que se noue le lien entre un bébé trognon et sa mère de substitution. Il faut combler le manque et apprendre à faire d’un orphelin la prunelle de ses yeux. Avec un tel sujet, relativement peu traité au cinéma, la réalisatrice approche ses personnages dans un mélange de distance et de proximité. Théo, sauvé tel un petit Moïse croise ainsi la route de Karine, interprétée par Sandrine Kiberlain (Mademoiselle Chambon, 9 mois ferme, Elle l’adore), une travailleuse sociale à la fois enfantine et puissante mâchant toujours frénétiquement un chewing-gum. Gilles Lellouche (Le Grand Bain, Mea Culpa, Plonger), que l’on connaît plutôt baroudeur et macho, se montre ici, pour la première fois, d’une grande tendresse et d’une extrême fragilité dans le rôle de Jean, l’assistant familial. Jeanne Herry prend également un malin plaisir à mettre en scène un couple inversé, avec un homme au foyer et une femme qui travaille d’arrache-pied malgré ses états d’âme. Le casting est complété par les prestations de Clotilde Mollet (Amélie Poulain, Intouchables, La Crise), qui joue la recueillante et de Miou-Miou en coordinatrice. Un film choral équilibré, très touchant, terrassant de sensibilité à l’égard du monde qu’il dépeint, à savoir celui des infirmières, des conseillers à l’adoption, des assistantes sociales mais aussi des familles d’accueil.
- PUPILLE
- Sortie salles : 5 décembre 2019
- Réalisation : Jeanne Herry
- Avec : Élodie Bouchez, Sandrine Kiberlain, Gilles Lellouche, Olivia Côte, Clotilde Mollet, Miou-Miou, Leïla Muse, Stefi Celma, Youssef Hadji
- Scénario : Jeanne Herry
- Production : Alain Attal, Hugo Sélignac
- Photographie : Sofian El Fani
- Montage : Francis Vesin
- Décors : Johann George
- Costumes : Marie Le Garrec
- Musique : Pascal Sangla
- Distribution :Â StudioCanal
- Durée : 1h47