Félix, un trafiquant, fait affaire avec la mafia chinoise. Ana, sa femme, est une prostituée qui aime l’argent. Depuis sa cage dorée, entre l’alcool et les coups de son mari, Ana a conçu un plan dangereux pour doubler Félix et son gang. Le reste du quatuor va alors monter une expédition punitive à l’encontre du malfrat afin de lui prodiguer une double peine : intenter à sa vie tout en lui soutirant son fric. Si Ana réussit son coup avec ses amies, elle tiendra enfin sa revanche…
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Au cœur de l’été est sorti en catimini l’inédit Venganza de l’espagnol Agustin Diaz Yanes (Sans nouvelles de Dieu), privé ainsi d’une exploitation en salles que ce film aurait grandement méritée. En effet, découvert au Festival du film policier de Beaune 2009 sous le titre Solo Quiero Caminar, Venganza propose un traitement original du thème éculé de la vengeance et parvient à rivaliser avec les récentes pépites du genre telles A Vif de Neil Jordan, Death Sentence de James Wan ou le prochain Harry Brown de Daniel Barber, prévu en salles le 12 janvier 2011.
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Porté par des actrices incroyables de talent et de beauté, Victoria Abril (Sans nouvelles de Dieu), Elena Anaya (A bout Portant), Ariadna Gil (Le Labyrinthe de Pan) et Pila Lopez de Ayala (Juana la loca), Venganza se distingue d’abord par une caractérisation particulièrement soignée, les nombreux protagonistes ne se réduisant pas à une simple fonction à l’image de Félix le boss et son homme de main Gabriel (la gueule d’ange Diego Luna) qui se montrent tout aussi ambivalents que les voleuses. Sans afféteries, la réalisation d’Agustin Diaz Yanes s’attache avant tout à ses personnages qui doutent et qui souffrent. La caméra sait à l’occasion se montrer plus active, notamment lors des scènes d’action comme cette magnifique séquence de casse où Aurora se faufile au travers de tracés souterrains dans une robe de flamenco.
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Mais la véritable force du film provient de cette lutte envers un pouvoir masculin et misogyne qui s’incarne au niveau institutionnel. La vengeance des quatre femmes ne vise pas exclusivement Félix mais cette société qui les humilie et les avilit. Elles se feront implacablement violentées par les représentants d’une masculinité exacerbée, telles Aurora se faisant uriner dessus dans une scène inexplicablement disparue du montage et présentée ici, ou Paloma à genoux suçant le canon d’un flingue avant de subir les derniers outrages. Elles seront obligées de s’abaisser littéralement face au pouvoir masculin comme Gloria pratiquant une fellation à un juge pour réduire la peine d’Aurora. Une efficace et virulente série B qui se pare des atours d’un violent pamphlet féministe pour donner corps à des questionnements idéologiques proprement enthousiasmants. Fiction aux charmes indéniables de ses actrices bien sûr mais aussi de sa mise en scène, Venganza est en outre empreint d’une sensibilité et d’une mélancolie touchantes qui en font plus qu’un simple film de femmes en colère.
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Par Nicolas Zugasti
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‘Venganza’ distribué par Wild Side Films est disponible en DVD
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