Synopsis : En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus.
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En lice pour la palme d’Or à Cannes en mai dernier, le neuvième opus de Tarantino, Once Upon a Time…in Hollywood est une chronique flamboyante et mélancolique de l’Amérique des sixties. C’est aussi une magistrale déclaration d’amour au 7ème Art. Hollywood. 1969. Rick Dalton endosse le costume de cow-boy dans des westerns de seconde zone. Il a connu ses heures de gloire avec la série Bounty Law, inspirée d’Au nom de la Loi, la sitcom qui a lancé la carrière de Steve McQueen. Dalton, quant à lui, fébrile et enchaînant les whiskies, s’est fossilisé. Cliff Booth, sa doublure et désormais homme à tout faire, traité en paria à cause d’une rumeur, reste bredouille sur les tournages. Le soir, il se retrouve seul en compagnie de son chien dans une caravane miteuse. Ces deux déclassés, à l’amitié indéfectible, croisent le chemin de leurs illustres voisins : Roman Polanski et Sharon Tate, tandis qu’un certain Charles Manson rôde dans le quartier… Once Upon a Time…in Hollywood possède les ingrédients qui ont fait la recette du cinéma décalé de l’enfant terrible du cinéma américain : le pastiche et la culture pop, une narration éclatée et le fétichisme des pieds. Pour autant, Tarantino n’en reste pas là. Il infiltre dans son imagerie habituelle une nostalgie aux accents mélancoliques. Et c’est en cela qu’il déconcerte tout autant qu’il fera le bonheur de ses aficionados. La première partie de Once Upon a Time…in Hollywood, au charme pictural, prend le pouls des années 60 : ambiance rétro aux petits oignons.
On peut saluer la reconstitution d’époque quasi maniaque, et le cinéaste, en DJ mélomane, sert pour l’occasion une musique jubilatoire, florilège de Rock et de folk. De même, quels acteurs auraient mieux donner corps à ces protagonistes arpentant des studios mythiques, que Brad Pitt et Leonardo DiCaprio, deux monstres sacrés du cinéma ? Or, fidèle à sa veine iconoclaste, le trublion de Hollywood s’applique à gratter le vernis glamour de « l’usine à rêves ». Il peint un monde crépusculaire en suivant le parcours de Rick Dalton, désabusé, cabotinant dans les décombres du Vieil Hollywood. Ironie du sort, les figures montantes du Nouvel Hollywood résident à deux pas de chez lui. Et, si son cascadeur tombe sous le charme d’auto-stoppeuses hippies aux clins d’œil innocents, il faut se méfier des apparences…La secte Hippie de Manson précipitera bientôt à la fin des utopies.
Le culte du cinéma innerve le film jusqu’aux moindres recoins. La caméra plonge son regard fasciné dans des affiches rétros, emmène le spectateur dans des drive-in, se délecte avec Sharon Tate d’une séance de ciné…Ici, on reconnaît Steve Mc Queen ressuscité en noir et blanc par la magie du pastiche ; là, on assiste à une baston avec Bruce Lee… Tarantino délivre une éblouissante boîte à images, sophistiquée à souhait, captant sur la pellicule un Hollywood fantasmé et ses coulisses. Soit. On sait que Tarantino aime passer la fiction au crible de sa cinéphilie. Or, dans cet opus, les pastiches n’imprègnent pas la réalité. Le film interroge subtilement les rapports entre celle-ci et la fiction, et pour cela joue avec les attentes du spectateur façonnées par l’inconscient collectif, en tordant le cou aux mythes et aux rumeurs. Le deuxième volet du long-métrage, qui revisite singulièrement l’Histoire à la Inglourious Basterds, est à cet égard un véritable pied de nez. La mécanique de Once Upon a Time…in Hollywood, bien huilée, baroque et déroutante, a donc de multiples résonances et prend tout son sens au terme de l’intrigue…
Alice Dumas
- ONCE UPON A TIME… IN HOLLYWOOD
- Sorties salles : 14 août 2019
- Réalisation : Quentin Tarantino
- Avec : Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Al Pacino, Emile Hirsch, Timothy Olyphant, Kurt Russell, Michael Madsen, Dakota Fanning, Quentin Tarantino…
- Scénario : Quentin Tarantino
- Production : David Heyman, Shannon McIntosh, Quentin Tarantino
- Photographie : Robert Richardson
- Montage : Fred Raskin
- Décors: Barbara Ling
- Costumes: Arianne Phillips
- Musique : Mary Ramos
- Distribution : Sony Pictures
- Durée : 2h41
- Site officiel du film