Livre / Mettre en scène. Théâtre et cinéma : critique

Publié par Jacques Demange le 7 septembre 2020

Résumé : Il y en a qui ont fait du théâtre en attendant de pouvoir faire du cinéma. D’autres qui ont été influencés par la scène et en ont témoigné dans leurs films. D’autres encore qui se sont fait connaître par le cinéma et ont attendu longtemps avant de tenter l’expérience théâtrale. Quel que soit leur parcours, ces artistes expriment le lien profond, parfois problématique ou paradoxal qui unit cinéma et théâtre. On dit qu’au cinéma, c’est la mise en scène qui est première, alors que sur les planches, ce sont le texte et les acteurs qui règnent ; parfois, ce n’est pas si simple. Les metteurs en scène d’une pièce ont désormais acquis un statut d’auteurs, au même titre que les réalisateurs d’un film ou les chorégraphes d’un ballet : cela ne fait que brouiller un peu plus les frontières. Une dizaine de créateurs et créatrices de premier plan, forts de leur expérience, s’expriment ici sur les deux domaines. Deux passions qui n’en font qu’une : mettre en scène.

♥♥♥♥♥

 

Mettre en scene - theatre et cinema - livre

Mettre en scène – Théâtre et cinéma

Recueillis par les étudiants du Master professionnel de cinéma de l’École des arts de la Sorbonne (université Paris 1) et coordonnés par trois de leurs professeurs, N.T. Binh, Camille Bui et Jean-Paul Figasso, ces entretiens se focalisent sur le rapport hybride que tisse l’art de la mise en scène. Des planches au plateau de tournage, chaque personnalité interrogée revient sur les particularités de leur parcours transversal. Aux noms bien connus des spectateurs (Benoit Jacquot, Arnaud Desplechin, Agnès Jaoui, Guillaume Gallienne) répondent des patronymes plus familiers des cinéphiles (Xavier Durringer, Zabou Breitman, Safy Nebbou, Alexis Michalik). Tous ont pourtant en commun une volonté de dépasser le cadre d’une discipline unique pour en délocaliser les principes à travers l’usage d’un nouveau médium artistique. De fait, on reconnaît de conversation en conversation la récurrence de certaines problématiques. Le rapport à l’acteur ou l’importance du texte, les notions d’interprétation ou de direction, persistent et se transforment au contact de pratiques familièrement étrangères. Pour Gallienne, c’est le point de vue du spectateur qui bascule et s’altère, tandis que Desplechin semble trouver au théâtre un moyen de prolonger, différemment, certains enjeux de ses films (et inversement). Jaoui et Jacquot insistent quant à eux sur l’importance de l’héritage. Alain Resnais pour la première, Marguerite Duras pour le second, se présentent pour eux comme des modèles de méthode et de tempérament.

 

Diserts, les intervenants reviennent longuement sur leur pratique, concrétisant certains points de théorie (la virtuosité ou l’incarnation, la durée et le rythme…) à partir d’exemples précis. L’intérêt de l’ouvrage est de ne jamais envisager ce rapport scène-image selon une simple comparaison ou une hypothétique opposition, mais bien selon une pluridisciplinarité homogène. Ici s’explicitent la pertinence et la vivacité des questions posées qui oscillent entre particulier et général pour permettre aux metteurs en scène de rebondir immédiatement et de transformer le jeu de question-réponse en une authentique discussion.

 

On félicitera alors la grande culture (technique et cinéphile) des étudiants qui, forts de leur connaissance des œuvres évoquées, parviennent à brosser de très complets portraits de leurs interlocuteurs. Si l’on regrettera l’absence d’illustrations qui auraient permis de seconder la qualité de ces entretiens, la maison d’édition des Impressions Nouvelles propose un utile index des noms et des titres. On n’oubliera pas de mentionner la belle préface de Peter Brook qui avec sa truculence habituelle accompagne l’instructif préambule de N.T. Binh pour introduire brillamment cet ouvrage à la singularité bienvenue.

 

 

 

  • METTRE EN SCÈNE. THÉÂTRE ET CINÉMA
  • Auteurs : N.T. Binh, Camille Bui et Jean-Paul Figasso (sous la direction de)
  • Éditions : Les Impressions Nouvelles
  • Collection : Caméras subjectives
  • Date de parution : 3 septembre 2020
  • Langues : Français uniquement
  • Format : 272 pages
  • Tarifs : 20 € (print) – 14,99 € (numérique)

Commentaires

A la Une

Frank Darabont sort de sa retraite pour réaliser deux épisodes de Stranger Things Saison 5

Cela faisait onze ans qu’il n’était plus passé derrière la caméra. Frank Darabont, génial metteur en scène des Évadés et… Lire la suite >>

Juré N°2 : Une bande-annonce empreinte de tension pour le nouveau Clint Eastwood

À 94 ans, le légendaire Clint Eastwood ne compte pas prendre sa retraite. Les premières images de son nouveau film,… Lire la suite >>

John Amos, star de Good Times, Racines, 58 minutes pour vivre et Un Prince à New York, s’est éteint à 84 ans

John Amos, acteur, scénariste, dramaturge, et nommé aux Emmy Awards, connu pour son rôle mythique de James Evans, père de… Lire la suite >>

Un César d’honneur pour la grande Julia Roberts

L’Académie des Arts et Techniques du Cinéma remettra un César d’honneur à l’actrice américaine Julia Roberts lors de la 50e… Lire la suite >>

L’acteur John Ashton s’est éteint à l’âge de 76 ans

Bien connu pour son rôle du Sergent John Taggart dans Le Flic de Beverly Hills, l’acteur John Ashton nous a… Lire la suite >>

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 BEETLEJUICE BEETLEJUICE 257 671 3 1 236 222
2 L'HEUREUSE ELUE 206 815 1 206 815
3 LE COMTE DE MONTE-CRISTO 178 660 14 8 388 607
4 LE FIL 141 496 3 519 448
5 MEGALOPOLIS 136 309 1 136 309
6 LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE 109 086 2 341 487
7 NI CHAINES NI MAITRES 107 642 2 226 927
8 LES BARBARES 75 306 2 196 655
9 EMILIA PEREZ 71 881 6 933 939
10 SPEAK NO EVIL 71 332 2 200 702

Source: CBO Box office

Nos Podcasts