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Being There (Bienvenue Mister Chance) de Hal Asbhy, adapté du roman éponyme de Jerzy Kosinski, est une fable satirique contemporaine intelligente, touchante et pleine d’humour sur les antichambres du pouvoir et des médias. Pourtant cette comédie dramatique n’a curieusement pas rencontré son public lors de sa sortie sur les écrans en 1979 aux Etats-Unis. Being There raconte l’histoire d’un jardinier quinquagénaire prénommé Chance (Peter Sellers) qui vit reclus depuis toujours dans une propriété de Washington où il prend soin du jardin. Complètement déconnecté du monde, ce personnage candide et simplet n’est jamais sorti, ni même monté dans une automobile. La télévision est son unique distraction. Mais à la mort de son employeur, Chance se voit contraint de quitter les lieux et de se confronter à l’extérieur…
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A partir de l’élément déclencheur, Hal Ashby a l’idée de génie de choisir la performance instrumentale pop-jazz-funk du poème symphonique « Ainsi parlait Zarathoustra » de Richard Strauss, adaptée et orchestrée par Eumir Deodato du thème de 2001 : l’odyssée de l’espace de Kubrick. Ce premier hit mondial du genre a valu au compositeur et arrangeur brésilien exilé à New York, de remporter un Grammy Award en 1973. Devenu l’une des figures emblématiques des années 70 du style jazz/funk, Deodato aime mêler les genres jazz/funk/bossa nova… à des morceaux classiques et symphoniques.
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Ainsi Hal Ashby réussit à transcender une séquence orchestrale de 7 minutes avec ce personnage en manteau, complet noir et chapeau feutre – brillamment incarné par Peter Sellers (Golden Globe du Meilleur Acteur), à la découverte du monde et des quartiers chauds de Washington. Après cet interlude orchestral, qui confirme les talents certains du réalisateur, le film reprend sa narration. Chance croise alors le chemin d’une femme, Eve Rand (Shirley MacLaine), d’un riche conseiller (Melvyn Douglas) du président des Etats-Unis (Jack Warden). Progressivement, les paroles de cet homme hors du commun vont être prises pour un véritable oracle ; il va ainsi devenir la coqueluche du pouvoir et des médias (découvrez le trailer du film).
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La BO de Being There laisse également découvrir l’adaptation des Gnossiennes d’Erik Satie par le compositeur américain Johnny Mandel, connu pour avoir écrit la musique du générique Suicide is Painless de M*A*S*H de Robert Altman.
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Hal Ashby – monteur réputé et oscarisé pour La Chaleur de la Nuit de Norman Jewison – décédé à l’âge de 59 ans, a connu une carrière cinématographique en dents de scie dès son passage à la mise en scène. Souvent mésestimé, il va pourtant réaliser des petits bijoux tels La dernière corvée, En route pour la gloire et rencontrer son unique succès commercial avec Harold et Maude. Being There marque l’avant dernier rôle du grand Peter Sellers (Docteur Folamour, The Party) aux côtés de Shirley MacLaine (La Garçonnière), de Jack Warden (Les hommes du Président) et de Melvyn Douglas – star au temps de l’âge d’or du cinéma hollywoodien des années 30 (Ninotchka) – gagnant ici de l’Oscar et du Golden Globe du Meilleur acteur dans un second rôle.
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Voici la séquence sur la reprise de l’orchestration « Ainsi parlait Zarathoustra » de Deodato dans Being There
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