Shining de Stanley Kubrick (1980)
Voilà sans doute la meilleure des adaptations de Stephen King, et la plus controversée. Dans son film d’horreur, Stanley Kubrick atténue l’aspect purement fantastique du roman Shining, l’enfant lumière, publié en 1977, au profit d’une approche très psychanalytique.
Le cinéaste se montre peu intéressé par le paranormal et les histoires de fantômes. Il le fera d’ailleurs savoir à Stephen King qui en gardera une rancœur tenace. Kubrick préfère dépeindre un drame paranoïaque et familial au sein de l’hôtel Overlook, lieu prestigieux situé dans les montagnes rocheuses du Colorado, inspiré par le Stanley Hôtel – paraît-il hanté -, où Stephen King nourrira la création de son roman lors d’une nuit passée.
Dans cet endroit isolé, la famille Torrence, emmenée par le père Jack (génial Jack Nicholson), est chargée d’assurer le gardiennage pendant l’hiver. Début d’un des films les plus effrayants du cinéma d’horreur. Outre le zoom coutumier de ses précédents films, Kubrick expérimente ici le procédé alors révolutionnaire du steadycam, manipulé par son créateur Garett Brown à travers les couloirs de l’hôtel, reconstitué en studio à Londres.
La mise en scène alors révolutionnaire offre des prises de vue inédites. La caméra suit et traque les personnages à la façon d’un œil invisible et menaçant. Shining regorge de scènes étourdissantes, comme le final dans le labyrinthe végétal. Un sentiment de malaise et d’inconfort naît des images puissantes que nous assène Kubrick, comme lorsque le père Jack pénètre dans la mystérieuse chambre 237 et y découvre une horreur indicible.
Comme à son habitude, Kubrick compose une partition musicale à l’aide de morceaux classiques de Berlioz, Ligeti ou Bartok. L’aspect sonore ajoute à l’épouvante une tension qui ne faiblit pas. Mais la peur vient surtout des comédiens, à commencer par Jack Nicholson, qui compose un père de famille meurtrier hallucinant et diabolique. En face de lui, la trop rare Shelley Duvall ne démérite pas en épouse terrifiée par un mari possédé, et le petit Danny Lloyd dans le rôle du fils doué du don de clairvoyance (le shining) apparaît comme une figure marquante dans la liste des personnages d’enfant du cinéma fantastique.
À noter que le roman a également été adapté en 1997 sous la forme d’une mini-série intitulée Shining : Les couloirs de la peur et réalisé par Mick Garris (Critters 2) avec une approche plus respectueuse ; l’hôtel hanté finit dans les flammes à la fin. Si Stephen King a préféré le téléfilm, Shining de Stanley Kubrick demeure un inoubliable classique du genre. TC