La Passion du Christ de Mel Gibson (2004)
Neuf ans après son multi-oscarisé Braveheart, Mel Gibson livrait sa nouvelle réalisation, mûrie après une dizaine d’années de réflexion sur sa foi, lui qui s’avère très pieux. Il met devant sa caméra le très croyant Jim Caviezel mais aussi Monica Bellucci qui tient le rôle de Marie Madeleine.
Cette croyance est donc bien évidemment au cÅ“ur de ce projet relatant les douze dernières heures de la vie de Jésus-Christ, de sa condamnation à mort jusqu’à sa marche expiatoire et sa crucifixion. L’ambiance très religieuse du tournage s’étendait jusque dans les messes quotidiennes menées par le prêtre français Charles-Roux auxquelles se prêtaient volontiers le réalisateur et l’acteur principal. Ce dernier était investi au maximum dans son rôle au point d’être plusieurs fois blessé pendant le tournage, notamment lorsqu’il s’agissait de porter la croix lourde de 75 kilos.
L’hyper religiosité des parties prenantes du métrage a forcément un impact sur le résultat à l’écran de La Passion du Christ, accusé de verser dans un prosélytisme hypertrophié. Il dresse ici le personnage de Jésus Christ comme le martyr ultime des forces obscures à travers des scènes très sanglantes et esthétiques à outrance, lui qui prêche par ailleurs l’amour et la tolérance. En découle une petite histoire disant que de nombreuses personnes se seraient convertis au christianisme après avoir vu le film… Celui-ci peut également faire tiquer par son choix de matérialiser le Diable sous les traits d’une femme androgyne ou par une scène finale au goût douteux où le héros ressuscite sur fond de musique épique.
Ayant la particularité d’avoir été tourné en araméen et en latin, Mel Gibson tenait à sortir son film sans sous-titres afin de renforcer l’impact des images. Mais devant l’énorme doute émis par les potentiels distributeurs, il dût se résoudre à en aposer. Il a entièrement budgété le film à 30 millions de dollars via sa société de production Icon et pour l’amener en salles, seules quelques grosses firmes s’y sont risquées.
Aux États-Unis, c’est Newmarket qui a pris la décision très payante de s’en charger, le film a amassé pas moins de 370 millions de dollars de recettes internes. En France, c’est l’homme d’affaires Tarak Ben Ammar qui a pris le film sous son aile via sa société Quinta Communication. Mel Gibson s’attèle à livrer une suite potentiellement intitulée The Ressurection où il retrouvera Jim Caviezel, pour flatter à nouveau tous les chrétiens de la planète.