Résumé : Chaque film à sa manière nous apprend le cinéma : les questions que le réalisateur et son équipe se sont posées affleurent dans le récit, elles émergent de l’enchaînement des images et des sons. Pour qui veut bien s’y montrer attentif, un film peut devenir, non pas un manuel, mais un guide. Cet ouvrage suit à la trace cinq questions posées par cinq films ou ensembles de films, des questions que ces Å“uvres se posent d’abord à elles-mêmes. La mise en scène en est profondément marquée : la pratique de l’analyse de film devient dans cette perspective – au-delà du plaisir que l’on peut prendre à redécouvrir, explorer, ausculter parfois un film qu’on a aimé – un instrument de réflexion sur le cinéma, sur des problèmes propres à l’art cinématographique.
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En 2017, Jean-Pierre Esquenazi, professeur émérite à l’Université Lyon 3 et spécialiste des relations entre les conditions de la production culturelle et celles de son interprétation, proposait un remarquable manuel d’analyse filmique sous la tutelle de Gilles Deleuze (L’analyse de films avec Deleuze, CNRS Éditions). Ce nouvel ouvrage s’offre comme un prolongement et un dépassement de son précédent en s’offrant comme un retour plus général sur l’exercice de l’analyse filmique. À partir d’un corpus éclectique, Esquenazi s’emploie à démontrer les différentes problématiques qu’implique toute étude des images du cinéma. Entre description, conceptualisation et interprétation, l’ouvrage concentre chacun de ses chapitres sur une production et un thème en particulier. Mouvements, espaces et temps s’envisagent à l’intérieur d’un champ de réflexion centrifuge, partant d’un objet bien précis pour viser une certaine objectivité de la pensée théorique. Rosetta des frères Dardenne ou French Connection de William Friedkin articulent ainsi leurs fictions respectives à travers des jeux de dynamiques et de points de vues éminemment cinématographiques. Les vacances de M. Hulot et Mon oncle de Jacques Tati illustrent quant à eux les modalités d’identification d’un style personnel qui se confond avec la conduite d’une mise en scène. Mud de Jeff Nichols et les collaborations de Ingrid Bergman et Roberto Rossellini permettent enfin d’appréhender la nature des personnages au cinéma à partir d’une exploration de la topographie d’un territoire filmique et de la continuité tissée par la cohérence d’une filmographie partagée. Ce vaste ensemble profite d’une érudition certaine qui s’actualise dans la production de concepts centraux (« l’esprit caméra ») qui sans chercher à renouveler l’exercice de l’analyse filmique permet d’en réaffirmer l’utilité pratique et théorique. On conclura la critique de cet ouvrage par la mention de sa maison d’édition. Les Presses Universitaires de Strasbourg, dont on a déjà félicité ici la grande qualité de la mise en page, inaugurent cette nouvelle collection consacrée à l’analyse de films par une franche réussite. On ne peut que souhaiter à cette nouvelle série de prolonger les ambitions annoncées par ce premier titre.
- QUESTIONS DE CINÉMA ET PRATIQUE DE L’ANALYSE DE FILM
- Auteur : Jean-Pierre Esquenazi
- Éditions : Presses Universitaires de Strasbourg
- Collection : Écouter/Voir
- Date de parution : 13 juin 2019
- Format : 208 pages
- Tarif : 10 €