Shrew’s Nest de Juanfer Andrés et Esteban Roel
Premier long métrage du duo Juanfer Andrés et Esteban Roel, Shrew’s Nest s’inscrit dans la lignée des excellentes réalisations horrifico-fantastiques espagnoles produites cette dernière décennie. Il est soutenu et produit par Alex de la Iglesia, cinéaste atypique (Les Sorcières de Zugarramurdi, Balada Triste).
Le film s’apparente à Misery de Rob Reiner et évoque Répulsion de Roman Polanski. Il rappelle également l’atmosphère tendue et perverse de Malveillance de Jaume Balaguero, dans lequel on retrouve l’acteur Luis Tosar interprétant ici le rôle du père. Andrés et Roel prennent le temps de développer leurs personnages et de s’approprier l’espace confiné. Ce champ d’action restreint permet de mettre en relief toute l’importance de Montse, interprétée par Macarena Gomez, qui métamorphose l’appartement en véritable tombeau mortuaire. Elle parvient à instaurer un climat de folie permanent qui contamine viscéralement le film. Viscéral, c’est le terme idoine pour dépeindre ce thriller psychologique qui évolue vers une forme d’horreur extrême.
Shrew’s Nest expose deux formes de violence : d’abord mentale, découlant des névroses de Montse, puis dans un gore jubilatoire. Andrés et Roel utilisent l’horreur pour dénoncer les dérives de la foi radicalisée et de la peur de l’autre et de l’inconnu. Avec beaucoup d’humour, noir bien entendu, ils parviennent à dresser le portrait acerbe d’une famille ultra-protectrice où les notions d’amour et de fraternité sont judicieusement amalgamées avec des pulsions sanguinaires.