Unfriended de Levan Gabriadze
Malgré le manque d’originalité de son pitch, Unfriended est singulier. Sans introduction ni fioritures, Levan Gabriadze plonge le spectateur au cÅ“ur de l’écran MacBook de l’une des protagonistes. Un point de vue auquel vont venir se greffer les fenêtres de discussions d’autres intervenants.
L’idée n’est pas neuve puisqu’elle figurait déjà dans l’un des sketches du premier volet V/H/S, qui exposait deux personnages au travers du programme Skype, ou encore de Open Windows avec Elijah Wood. Néanmoins, le cinéaste géorgien complexifie l’opération en multipliant les conversations et applications utilisées via Skype, Facebook, Gmail, YouTube, iMessage. Évidemment, la prétendue bande de potes se retrouve rapidement confrontée à une entité menaçante qui veut détruire la petite communauté qui a causé sa mort. Dès lors, la suspicion est de mise. Qui s’accapare le compte de la défunte Laura Barnes ?
Unfriended est conçu tel un huis clos virtuel qui offre une mise en scène bien calibrée. Si la vengeance et la culpabilité semblent représenter les thématiques centrales, c’est plutôt la notion d’absence de confidentialité qui s’impose. À l’heure où un simple clic permet de donner accès aux informations personnelles de millions d’internautes, le secret et la confidentialité n’existent plus. Condamnés par leur propre mentalité, les adolescents sur-connectés ne parviennent pas à renverser la situation face à une force fantomatique manipulatrice. Celle-ci révèle d’autres démons que chacun pensait enterrés. Le médium web est d’autant plus respecté par Gabriadze qu’il garde une fidélité constante aux défauts de ses images. Les multiples connexions induisent de nombreuses distorsions visuelles. Un Souviens-toi… l’été dernier (Danny Cannon, 1998) en version numérique.
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