Synopsis : Paul Atréides s’unit à Chani et aux Fremen pour mener la révolte contre ceux qui ont anéanti sa famille. Hanté par de sombres prémonitions, il se trouve confronté au plus grand des dilemmes : choisir entre l’amour de sa vie et le destin de l’univers.
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En 2021, l’année a été marquée par la réouverture des cinémas et le retour en salle des spectateurs suite à la pandémie. Mais aussi par la sortie de Dune, nouvelle adaptation cinématographique, après celle de 1984, du roman de science-fiction culte du même nom de 1965. Le réalisateur canadien Denis Villeneuve, à qui l’on doit Premier contact, Blade Runner 2049 ou encore Prisoners, nous livrait un récit mature, spirituel et grandiose, qui servait d’introduction à l’univers et jetait les bases d’une histoire plus ambitieuse. Si le succès en salle n’a été qu’en partie au rendez-vous, il a permis à Villeneuve et à son équipe de mettre en chantier une suite, qui doit conclure le chef-d’œuvre de Frank Herbert. C’est donc trois ans plus tard, et après quelques mois de report dû aux grèves des acteurs et scénaristes à Hollywood, que Dune : Deuxième Partie sort en salle en ce mois de février 2024. De retour sur Arrakis, Paul Atréides (Timothée Chalamet) et sa mère Dame Jessica (Rebecca Ferguson) tentent de se faire accepter par le peuple des Fremen qui les a recueillis à la fin du premier film. Hanté par des visions de guerre et de mort, Paul les aide à organiser la révolte contre ceux qui ont détruit sa famille, entamant parallèlement une romance avec Chani (Zendaya). De son côté, la maison Harkonnen veut conserver sa mainmise sur la production de l’épice, fameuse ressource tant convoitée, qui permet de naviguer à travers l’espace. Ce deuxième volet des aventures de Paul Atréides s’avère une immense réussite et parvient à élever son récit au-delà de son prédécesseur en tout point. Encore plus ambitieux, le film ne souffre d’aucun problème de rythme ni de lenteur, contrairement au premier opus. L’action est plus présente. Que ce soit au niveau des scènes de combat, des guerres à grande échelle ou des chevauchés à dos de vers de sable, l’ensemble est parfaitement réparti.
Le cinéaste maîtrise ainsi son sujet et son univers de bout en bout. Avec l’aide du scénariste Jon Spaihts (Docteur Strange, Prometheus, Dune), il densifie son récit, creusant davantage les enjeux politiques et surtout religieux. Il nous en montre également bien plus sur la planète Arrakis à travers ses habitants, les Fremen, qui rendent cette planète désertique plus vivante que jamais.
Villeneuve a véritablement su impliquer toute son équipe, donnant vie à sa vision à travers un impressionnant spectacle visuel et auditif. Comme il le dit lui-même dans une interview accordée à Variety, « l’image et le son purs, c’est la force du cinéma ». La photographie de Greig Fraser (The Batman, The Creator) en est l’exemple parfait, passant des textures simples et épurées d’Arrakis à du noir et blanc pur sur Giedi Prime pour la planète des Harokenn. Le réalisateur joue également sur les proportions d’échelle : gigantisme des vaisseaux, plans larges sur le désert, cadrage plus serré pour l’intimité des dialogues et du ressenti des personnages.
De même, le son s’impose pour encore plus d’immersion et de tension. Chaque élément sonore procure une émotion. Tout comme son absence d’ailleurs, notamment lors d’une scène de combat magnifiquement chorégraphiée, dépourvue entièrement de son et de musique. Entre costumes, décors et partition épique de Hans Zimmer, ce second opus parachève son expérience de cinéma. Quant aux thématiques, elles proposent différentes réflexions, gagnant en complexité. À travers une critique du contrôle par la religion et l’image de la figure prophétique, le récit dénonce les dangers du fanatisme religieux. Fait rare à souligner dans une superproduction.
Et le casting n’est pas en reste : Timothée Chamelet prend de l’épaisseur et gagne en charisme dans la peau de cette figure mystique et religieuse ; Zendaya livre une prestation tout en simplicité et nuance ; Austin Butler incarne un méchant psychopathe et cruel qui va sans doute rester dans les mémoires.
Dune : Deuxième Partie arrive ainsi à surpasser un premier film déjà convaincant. Car à l’image de L’Empire contre-attaque de la trilogie originelle de Star Wars, de The Dark Knight de celle de Christopher Nolan ou encore des Deux Tours du Seigneur des Anneaux, cette suite ancre déjà la saga comme l’une des plus belles réussites de ces dernières années. L’œuvre de Denis Villeneuve réussit à marquer de son empreinte le cinéma de science-fiction et, par extension, celle du septième art. Son blockbuster fraie les terres du grand spectacle, tout en poussant à la réflexion, avec une véritable patte artistique.Â
Florian Rouaud
- DUNE : DEUXIÈME PARTIE (Dune: Part Two)
- Sortie : 28 février 2024
- Réalisation : Denis Villeneuve
- Avec : Timothée Chalamet, Zendaya, Rebecca Ferguson, Javier Bardem, Josh Brolin, Austin Butler, Florence Pugh, Dave Bautista, Christopher Walken, Léa Seydoux, Stellan SkarsgÃ¥rd, Charlotte Rampling, Souheila Yacoub, Roger Yuan, Babs OlusanmokunÂ
- Scénario : Denis Villeneuve, Jon Spaihts
- Production : Cale Boyter, Tanya Lapointe, Mary Parent, Denis Villeneuve
- Photographie : Greig Fraser
- Montage : Joe Walker
- Décors : Patrice Vermette
- Costumes : Jacqueline West
- Musique : Hans ZimmerÂ
- Distribution : Warner Bros.
- Durée : 2 h 46