Synopsis : Après une terrible tragédie, la famille Deetz revient à Winter River. Toujours hantée par le souvenir de Beetlejuice, Lydia voit sa vie bouleversée lorsque sa fille Astrid, adolescente rebelle, ouvre accidentellement un portail vers l’Au-delà. Alors que le chaos plane sur les deux mondes, ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un ne prononce le nom de Beetlejuice trois fois et que ce démon farceur ne revienne semer la pagaille…
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Après cinq ans d’attente et un détour remarqué par la série télé avec Mercredi sur Netflix, Tim Burton fait son retour au cinéma en replongeant dans un projet de longue date avec cette suite tardive de Beetlejuice. Envisagée dans le sillage de l’immense succès du premier opus, ce Beetlejuice 2 a, en plus de trois décennies, connu de nombreux changements. Un moment envisagé avec une toute nouvelle galerie de personnages, exception faite du rôle-titre, puis situé dans un hôtel hanté à Hawaï, ce deuxième long-métrage retrouve finalement une ligne directrice plus proche de l’original. Au final, Beetlejuice Beetlejuice s’avère parfois frustrant mais aussi plaisant. Conscient de s’aventurer sur un terrain risqué, le cinéaste fait le choix de coller le plus possible à l’esprit et à l’ambiance du premier film. Si ce nouvel opus perd forcément en originalité, elle fait montre aussi d’une certaine énergie que l’on n’avait pas retrouvée chez Burton depuis longtemps. Là où des films comme Alice au pays des merveilles, Dark Shadows ou Miss Peregrine et les Enfants particuliers donnaient parfois l’impression d’avoir été réalisés en pilotage automatique, Beetlejuice Beetlejuice contient au contraire suffisamment d’idées pour constamment retenir l’attention. Pour la première fois depuis très longtemps, Burton nous donne la sensation de s’être amusé à le réaliser, et son plaisir s’avère assez communicatif.
D’une séquence de mort en animation en volume cartoonesque, à la naissance du personnage de Monica Belluci, évoquant le personnage de Sally dans L’Étrange Noël de monsieur Jack, ce second volet n’est pas avare en idées plaisantes. Si on est loin de la folie créative de ses débuts, Burton montre qu’il est encore capable d’emballer des scènes originales et visuellement réussies. En témoigne la séquence hommage au Masque du Démon de Mario Bava qui rappelle les visuels gothiques de Sleepy Hollow.
Beetlejuice 2 ne manque ainsi pas d’idées, mais le liant s’avère quant à lui plutôt chaotique. C’était déjà le cas sur le premier. Ici, les errances narratives sont encore amplifiées en tentant de raconter trop de choses pour son propre bien. Là où l’original s’apparentait souvent à une succession de sketches et de gags d’une redoutable efficacité, cette suite brasse de nombreux thèmes, allant de l’importance du deuil aux affres de l’adolescence. Un programme sans doute trop chargé pour un film se voulant avant tout une comédie déjantée et cartoonesque. Certaines sous-intrigues auraient ainsi gagnées à être étoffées, quand d’autres auraient pu être tout simplement supprimées.
On peut notamment se sentir frustré du très court temps d’écran alloué au personnage de Monica Belluci, alors que l’intrigue concernant le personnage de Jeremy ne sert qu’à faire avancer un peu trop laborieusement le scénario. Si ces problèmes d’écriture rendent le film bancal, ils ne lui enlèvent pas son indéniable capital sympathie. Une impression sans doute alimentée par le fait que Beetlejuice 2 se présente aussi pour Burton comme une réunion entre anciens et nouveaux collaborateurs.
Michael Keaton reprend ainsi ce rôle de bio-exorciste avec un plaisir non dissimulé. Winona Ryder fait parfaitement évoluer son personnage d’adolescente réservée vers une femme perdue en pleine crise existentielle. Du côté des nouveaux venus, Jenna Ortega se contente un peu trop de reproduire sa performance de Mercredi, Monica Belluci parvient, malgré son faible temps d’écran, à installer un personnage de vamp réjouissante. On retiendra également Willem Dafoe qui semble particulièrement s’amuser dans la peau d’un inspecteur de l’au-delà exagérément professionnel.
Pour toutes ces réussites et malgré ses imperfections, Beetlejuice Beetlejuice permet de retrouver un peu du Tim Burton qui a fait rêver des générations de cinéphiles pendant les années 1990 et 2000.
Timothée Giret
- BEETLEJUICE BEETLEJUICE
- Diffusion : depuis le 11 septembre 2024
- Réalisation : Tim Burton
- Avec : Winona Ryder, Michael Keaton, Jenna Ortega, Catherine O’Hara, Justin Theroux, Monica Belluci, Willem Dafoe, Burn Gorman, Santiago Cabrera, Danny DeVito…
- Scénario : Alfred Gough, Miles Millar
- Production : Seth Grahame-Smith, David Katzenberg, David Geffen, Tommy Harper, Marc Toberoff
- Photographie : Haris Zambarloukos
- Montage : Jay Prychidny
- Décors : Mark Scruton
- Costumes : Colleen Atwood
- Musique : Danny Elfman
- Distribution : Warner Bros Pictures
- Durée : 1 h 44