Synopsis : Rahul et Shalini, les parents de Kali, 10 ans, sont divorcés. La fillette vit désormais avec sa mère et son beau-père, Shoumik, responsable d’une brigade de la police de Bombay. Un samedi, alors que Kali passe la journée avec son père Rahul, elle disparaît…

 

♥♥♥♥♥

 

Ugly - affiche

Ugly – affiche

Projeté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2013 et au dernier festival de Beaune et au BIFFF cette année, Ugly d’Anurag Kashyap se révèle être une oeuvre ultime et admirablement maitrisée. Elle confirme la position du cinéaste indien, entre autre auteur de la fresque de cinq heures Gangs of Wasseypur, déjà de l’aventure cannoise en 2012. Reposant sur une mise en scène sobre et épurée, Ugly conte l’enquête menée par deux hommes après l’enlèvement d’une petite fille en plein souk indien. L’enfant est bien connue de ces protagonistes puisqu’ils en représentent tous deux les figures paternelles. Rahul, le vrai père, est un acteur raté séparé de sa femme Shalini. Celle-ci est remariée avec Bose, le chef de la police, qui est donc le « second père » de l’enfant. Les deux hommes vont rapidement se confronter. Bose va soupçonner Rahul et son ami producteur d’être les auteurs de l’enlèvement. Après une extraordinaire séance d’interrogatoire, totalement loufoque – Rahul en vient à photographier un policier odieux avec son iPhone -, Bose va passer à tabac son rival en lui sommant de coopérer tout en se faisant discret. Une fois ce point de départ posé, s’enclenche alors une réaction en chaîne où l’égo de chacun des personnages impliqués par l’affaire, va l’emporter sur l’enjeu majeur qui les préoccupe, la recherche de l’enfant.

 

Ugly

Ugly

 

Soulignons à ce titre la force et l’habileté d’Anurag Kashyap à dresser un portrait dense, profond et trouble des personnages au travers d’un vaste récit. Car très vite, ceux-ci vont séparément chercher à tirer profit de l’enlèvement en espérant rafler au passage une conséquente somme d’argent. Sans explications ni mises en situations, Kashyap expose à différents instants les protagonistes en train d’enregistrer des messages vocaux qui réclament une rançon. La première séquence du genre, dans laquelle le producteur prépare méthodiquement un message destiné à son ami Rahul, tire une force de ce manque d’informations. Le spectateur ne sait plus à qui il est confronté – à l’ami ou au kidnappeur -, et cette tension est pleinement bénéfique au récit, qui joue précisément sur ce jeu de pistes pour démasquer le coupable. La confiance ne mérite jamais d’être accordée à l’un des protagonistes tant leurs personnalités sont méprisables et discutables. Les vices sont d’ailleurs exposés sans concession. A tel point que les pistes entamées ne cessent de se conclure par des impasses. L’enfant apparaît alors systématiquement comme un faire-valoir, manipulée dans le but d’un enrichissement personnel et purement égoïste. Le spectateur a conscience de ce qui se trame mais ne parvient jamais à trouver d’échappatoire à ce cercle vicieux, chacun des personnages sombrant dans une cupidité effrayante et effarante. L’une des dernières séquences expose notamment Rahul hurlant de rage sa culpabilité et son désespoir, qui enfonce davantage une logique machiavélique dans laquelle la mère et le père de la disparue cède eux-mêmes à la tentation. La séquence finale confronte avec beaucoup de brutalité le spectateur à l’issue de cette sombre quête. Une issue qui ne fait qu’accentuer le sentiment de répulsion éprouvé à l’égard des actes opportunistes commis par les protagonistes, confirmant la justesse du titre Ugly.

 

Ugly

Ugly

 

Anurag Kashyap, habité ici par un regard critique et acide, dresse avant tout le portrait d’une Inde rongée par la précarité, la pauvreté et la misère, où les relations humaines sont ambivalentes. C’est précisément sur fond de cette critique sociale acerbe que Ugly tire la force de son thriller intelligent, assumé et réflexif sans jamais tomber dans la complaisance. Au contraire, on peut ressentir toute la distance dont fait preuve Kashyap à l’égard de son sujet. Il choisit de ne jamais prendre parti et égratigne l’ensemble de ses nombreux personnages. Le cinéaste étonne dans sa capacité à livrer une œuvre tendue, fascinante et bouleversante, sans jamais montrer le moindre signe d’essoufflement, en dépit de sa durée supérieure à deux heures. En reposant sur une mise en scène brute, qui soutient avec beaucoup de pertinence une narration ample et déroutante, Ugly s’inscrit comme une œuvre majeure qui plonge le spectateur au cœur d’une horreur bien concrète doublée d’un regard extrêmement corrosif.

 

 

  • UGLY de Anurga Kashyap en salles le 28 mai 2014.
  • Casting : Rahul Bhat, Ronit Roy, Tejaswini Kolhapure, Vineet Kumar Singh, Surveen Chawala, Siddhant Kapoor, Anshikaa Shrivastava, Girish Kulkarni
  • Scénario : Anurag Kashyap
  • Production : Madhu Mantena, Vikas Bahl, Vikramaditya Motwane, Arun Rangachari, Vivek Rangachari
  • Photographie : Nikos Andritsakis
  • Montage : Aarti Bajaj
  • Musique : G.V. Prakash Kumar
  • Ingénieur du son : Mandar Kulkarni
  • Direction artistique : Mayur Sharma
  • Costumes : Divya et Nidhi Gambhir
  • Distribution : Happiness Distribution
  • Durée : 2h06

.

Commentaires

A la Une

Beetlejuice Beetlejuice : Michael Keaton de retour dans la peau du bio-exorciste dans une première bande d’annonce

Il aura fallu attendre plus de 35 ans, mais voici enfin Beetlejuice Beetlejuice. La suite du classique de Tim Burton, avec Michael Keaton dans le rôle-titre, se révèle dans une première bande d’annonce.

Alien – Romulus : Le retour de la saga Alien dévoile sa première bande-annonce courte mais prenante

Alien – Romulus marque un retour aux sources avec ce septième opus, dont l’histoire se déroule entre les deux premiers volets de la franchise de science-fiction horrifique.

Furiosa : L’histoire se dévoile un peu plus dans une nouvelle bande d’annonce

La sortie de Furiosa : Une Saga Mad Max approche à grands pas et une nouvelle bande d’annonce nous laisse entrevoir un peu plus l’histoire.

Carrousel Studios : Omar Sy, Louis Leterrier et Thomas Benski lancent une société de production

Cette nouvelle société de production, cofondée par le trio, développera et produira des films et séries pour le marché mondial et s’entourera de talents émergents et confirmés. 

Scream 7 : Neve Campbell fera son grand retour dans le prochain opus de la saga horrifique

Neve Campbell absente du sixième opus retrouvera également le scénariste Kevin Williamson qui réalisera ce septième volet de la franchise.

Nos vidéos

Box OFFICE France

Titre Cette sem. Nbr Sem. Cumul
1 DUNE DEUXIEME PARTIE 560 780 3 2 945 105
2 UNE VIE 176 881 4 1 209 828
3 IL RESTE ENCORE DEMAIN 145 340 1 145 340
4 HEUREUX GAGNANTS 136 628 1 136 628
5 BOLERO 89 612 2 267 336
6 MAISON DE RETRAITE 2 86 021 5 1 397 402
7 BOB MARLEY : ONE LOVE 77 941 5 1 787 658
8 COCORICO 68 696 6 1 810 401
9 14 JOURS POUR ALLER MIEUX 58 195 2 184 873
10 SCANDALEUSEMENT VOTRE 51 921 1 51 921

Source: CBO Box office

Nos Podcasts