Résumé : À une époque où les affiches des studios consistent quasi uniquement en des portraits d’acteurs en moyen ou gros plan, ce livre dévoile un réseau d’artistes qui réinventent les affiches de film et redonnent du sens à l’« art de l’affiche ». Ce groupe d’illustrateurs très actif a réactivé l’intérêt du public en composant des œuvres frappantes sur des films cultes et/ou classiques. Les collectionneurs s’arrachent ces affiches, souvent éditées en série limitée. Cet ouvrage présente cette production éclectique à travers plus de 200 affiches de plus d’une centaine d’artistes d’avant-garde, accompagnés de commentaires sur les coulisses de leurs créations.
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Pendant longtemps, les affiches de cinéma ont constitué un véritable trésor pour les cinéphiles. Il faut dire qu’entre les graphismes d’artistes réputés ou les versions surréalistes des illustrateurs d’Europe de l’Est, l’affiche de film dépassait naturellement le stade de la triste réclame pour atteindre celui d’une petite œuvre d’art en soi. Depuis plusieurs décennies pourtant, les affiches semblent, à quelques exceptions près, être revenus à leur seul statut de produit publicitaire, clairement marketés pour attirer le chaland peu exigeant. On ne peut donc que féliciter le beau projet initié par Matthew Chojnacki, journaliste, historien du cinéma et de la musique : demander à de nombreux illustrateurs reconnus de dévoiler leurs affiches clandestines. Conçues comme des œuvres originales, destinées à des expositions, rétrospectives, ou à un seul usage personnel, celles-ci se présentent comme un recyclage particulièrement inventif de motifs, de styles, et de tons autour de nombreux grands classiques du cinéma. Le visage d’un gremlin devenu mascotte de céréales, l’étrangeté du Prestige et de La Mouche condensé en une série de formes rappelant l’approche abstraite de Saul Bass, la menace de WarGames pixelisée à l’échelle d’une carte mondiale, ou encore La Planète des Singes vue à travers le prisme fragmentaire du toit de la chapelle Sixtine ; autant d’exemples de ces projets singuliers, souvent drôles, parfois inquiétants mais toujours fascinants. Par le biais de petits encarts insérés en bas de page, chaque artiste explicite les enjeux de son œuvre, revenant sur son origine, ses techniques de composition, ainsi que sur ses possibles influences. Chojnacki a en outre pris soin d’indiquer les sites et blogs de tous ses interlocuteurs, permettant aux lecteurs de prolonger encore le plaisir de la découverte. C’est bien sûr la mise en page qui prime ici. Prenant les dimensions d’un beau livre, ces Affiches clandestines profitent du grand format qui leur a été alloué pour se projeter sur pas moins de 200 pages. À l’approche des fêtes de fin d’année, la publication de cet ouvrage original apparaît donc particulièrement bienvenue. On pourra cependant regretter que Chojnacki n’offre aucun véritable retour sur l’histoire de l’affiche de cinéma. Aux réjouissances du regard, on aurait en effet souhaité un contenu manuscrit plus complet. Reste la (belle) forme de cet ouvrage, unique en son genre.
- AFFICHES CLANDESTINES. LE CINÉMA REVISITÉ PAR LES ILLUSTRATEURS
- Auteur(s) : Matthew Chojnacki
- Éditions : Akileos
- Date de parution : 19 octobre 2017
- Format : 208 pages
- Tarif : 35 €