Résumé : De Buster Keaton à Fast and Furious, de L’Inspecteur Harry à Rambo, en passant par Rocky, Terminator, L’Arme fatale ou Piège de cristal, le cinéma d’action américain est devenu au fil des décennies un pilier de la pop culture, voire de la culture tout court. Désigné pour la première fois comme tel en 1982 à la sortie de Rambo, l’action movie remonte pourtant à la naissance même du cinéma, ayant nourri la plupart des genres hollywoodiens : films burlesques, westerns, science-fiction, polar ou film-catastrophe… Parce qu’il est le lieu de tous les défis technologiques, le cinéma d’action reste l’un des supports les plus efficaces pour détecter chez un cinéaste des talents de metteur en scène. Quentin Tarantino n’a-t-il pas dit : «J’ai toujours considéré que les réalisateurs de films d’action sont les meilleurs cinéastes du monde»?
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Rambo, Rocky, Bullitt, L’Inspecteur Harry, Terminator, ou encore Die Hard : le cinéma d’action américain a sans nul doute jalonné de nombreux parcours cinéphiles. Olivier Delcroix, écrivain et journaliste déjà auteur d’un excellent ouvrage consacré aux super-héros au cinéma (Hoëbeke, 2013), nous livre une passionnante synthèse d’un genre qui n’en est pas vraiment un. Car si les caractéristiques syntaxiques (structure narrative et formelle) et sémantiques (personnages) énoncées par l’auteur (le film d’action comme « long métrage spectaculaire, à la violence stylisée, dont l’intrigue se déploie autour d’une série de séquences d’action pure, le tout soutenu par un justicier vengeur, qui fera tout pour que triomphe la justice ») éclairent quelque peu son entreprise, l’approche chronologique adoptée par l’étude révèle la présence d’horizons multiples. Des gags spectaculaires d’Harold Lloyd au bullet time de Matrix, Delcroix raconte l’histoire d’un cinéma hanté par la figure du corps et de son rapport à l’espace. Si La Mort aux trousses de Hitchcock apparaît bien comme une matrice essentielle, l’auteur rappelle l’importance du caractère idéologique à l’origine du corpus de films étudiés. De fait, les années quatre-vingt apparaissent comme un véritable âge d’or, porté par l’énergie libérale de la politique de Reagan, avant que les attentats du 11 septembre ne viennent relancer la mode des héros dont le caractère ordinaire ne doit pas faire oublier leur trop-plein de violence rentrée. La perspective historique promulguée par l’ouvrage permet de souligner quelques constances et de nombreuses évolutions (l’importance de plus en plus grande accordée aux figures féminines ou à la thématique de la vieillesse, l’arrivée des techniques du numérique venues remplacer les effets spéciaux traditionnels). De nombreux encarts permettent par ailleurs de s’attarder sur un film ou une séquence en particulier pour en révéler les rouages et coutures de création. Limpide et intelligemment référencée, l’écriture de Delcroix suscite l’enthousiasme et enclenche constamment un désir de (re)découverte. Servi par une magnifique mise en page, de nombreuses illustrations, et assortie d’un index particulièrement fourni, l’étude se présente en définitive comme une parfaite réussite.
- LE CINÉMA D’ACTION AMÉRICAIN
- Auteur(s) : Olivier Delcroix
- Édition : Hoëbeke
- Collection : Photographie
- Date de parution : 19 octobre 2017
- Format : 192 pages
- Tarif : 29, 90 €