Mémoire du Cinéma : Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone 

Publié par Philippe Descottes le 12 juillet 2018

LA PRESSE DE L’ÉPOQUE

 

Il etait une fois dans lOuest - Copyright Paramount

Charles Bronson – Il était une fois dans l’Ouest – Copyright Paramount

 

À la sortie de Il était une fois dans l’Ouest, les critiques furent mitigées. Cependant une grande partie de ses détracteurs changèrent d’avis par la suite. Du côté des grands cinéastes, le soutien fut plus prompt :

 

John Boorman : « Le déclin du western a commencé quand scénaristes et réalisateurs sont devenus trop empruntés et se sont mis à faire de la psychologie dans leurs films. John Ford et d’autres, en revanche, travaillaient « avec leurs tripes ». Les westerns spaghetti de Sergio Leone ont rendu sa vitalité au genre en retournant délibérément aux histoires mythiques, en soignant l’aspect réaliste du texte et autres détails et en rejetant sans pitié les récentes accrétions du « vrai » Ouest et de ses motivations psychologiques. » Money into Light: Emerald Forest Diary – 1985

 

Sam Peckinpah : « Dans Il était une fois dans l’Ouest, le western touche à son apothéose. Le titre est une déclaration d’intention ; avec ce film, Leone fait don à l’Amérique de ses contes perdus. Ce genre de chef-d’œuvre ne peut exister qu’en dehors des modes. C’est à la fois le plus grand des westerns et le dernier. »

 

Martin Scorsese : « Quand j’ai vu Il était une fois dans l’Ouest, je n’ai rien compris (…). Sa lenteur me déstabilisait. Il a fallu que je revoie le film deux ans plus tard à la télévision pour comprendre qu’un western n’avait pas besoin de racines américaines. Je me suis fait à ses images, à sa musique. Leone ne s’inscrivait pas tant dans la filiation du western que dans la tradition théâtrale italienne qui est celle de l’opéra. Il avait une manière bien à lui de composer avec les archétypes du genre. » M le magazine du Monde –  18 mai 2012

 

Contre

 

« Ce n’est pas qu’Il était une fois dans l’Ouest soit un film à jeter aux sorties, (…) Leone sait tenir son public au-delà de trois heures, (…) mais il manque au film la fraîcheur de l’inspiration. La matière trop riche se replie sur elle-même sous le poids des échos innombrables et des citations de classiques. Mais l’ennui majeur ce n’est pas cela, l’originalité de Leone ayant toujours été davantage dans la forme que dans le fond ; c’est que justement la confection demeure convenue. (…) Le nouveau film a la saveur du vieux. » Giovanni Grazzini – Coriere della Serra – 2 décembre 1968

 

« Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone est une distillation minutieuse du style qu’il a rendu célèbre dans les trois westerns avec Clint Eastwood. Il y a la même musique étrange ; les mêmes visages moites ; le même rythme d’attente et de violence ; la même attention aux petits détails de la vie occidentale. Il y a malheureusement aussi l’incapacité de Leone à l’abandonner. Le film s’étire sur près de trois heures, avec entracte, et fournit deux fausses alertes avant qu’il ne se termine (…). Nous sommes dans la deuxième heure du film avant que l’intrigue ne devienne claire. Roger Ebert – 6 juin 1969

 

« On aura beau dire, ils auront beau faire, les Italiens, en matière de western, feront toujours du « spaghetti » ! Disant cela, je n’ai nullement l’intention d’insulter l’industrie des pâtes alimentaires – qui le sont vraiment en l’occurrence, le « spaghetti-western » assurant des bénéfices confortables au cinéma italien. Je veux simplement souligner que le western à l’italienne ne risque pas d’être confondu avec l’autre, le seul, le vrai : l’américain. Même lorsqu’il lui emprunte ses recettes. Même lorsqu’il lui emprunte ses hommes. » H.R. – La Croix – 8 septembre 1969

 

« (…) tout est ici trop visiblement orchestré en fonction de l’effet à produire. Il s’agit pour (Leone) d’un florilège surgelé de poncifs empruntés avec application au fonds commun de cette épopée cinématographique qu’est le western. » Gilbert Salachas – Téléciné n°156 – Octobre/novembre 1969

 

« (…) l’univers qu’il explore est un univers fabriqué de toutes pièces, l’horizon au niveau duquel il se hausse est celui des boutons de guêtres (…) » Jean A. Gili – Cinéma 69 n°140 – Novembre 1969.

 

« (…) une œuvre habile certes, menée de main de maître, mais lourde et complaisante dans la peinture des vices et des crimes, en un mot profondément malsaine. » Philippe Haudiquet – La Revue du Cinéma/Image et Son n°234 – Décembre 1969.

 

« Tout (y) est jeté aux yeux, aux oreilles, aux réflexes pavloviens du spectateur, tout est permis, pourvu qu’à chaque instant le cinéma agisse et se regarde agir. D’où un narcissisme cinématographique effronté, un cinéma qui ne renvoie qu’à lui-même et à ses propres mythologies, et désespère, semble-t-il définitivement, de pouvoir sortir de ce cercle. » Sylvie Pierre – Les Cahiers du Cinéma n°218 – Mars 1970.

 

Pour

 

« Ce cinéma prétendu d’action est un cinéma contemplatif. Il exprime la volupté d’un homme qui ne  se lasse pas de regarder, qui voudrait que le spectacle ne cesse jamais, et qui nous invite à partager son bonheur. Si les héros bougent la tête avec un retard considérable, dans les moments critiques, ce n’est pas seulement pour aiguiser le « suspense » avec notre impatience. Ils n’en finissent pas de savourer l’instant. Ils incarnent tous Leone. Et le spectateur idéal. » Michel Mardore – Le Nouvel Observateur – 25 août 1969

 

« (…) Leone, pour décrire un univers de violence, a choisi un style lent, quasi hiératique, où l’action est étirée bien au-delà du temps réel. C’est son raffinement, ce que les Américains nomment ironiquement « ses pauses à la Antonioni ». Mais ses recherches de style donnent aussi à Il était une fois dans l’Ouest ce climat permanent de menace suspendue, cette poignante sensation de fugacité, crette perception presque douloureuse de la précarité de la présence de l’homme sur la Terre. » Claude Veillot – L’Express – 25/31 août 1969.

 

« (…) le gros Leone a pu enfin tourner dans les paysages chers à John Ford avec des moyens considérables et des grandes vedettes made in USA comme Henry Fonda et Charles Bronson. Cette abondance de biens va de pair avec une vaste ambition. Leone n’a pas traversé l’Atlantique pour copier les grands du western américain. Il a voulu imposer son style personnel. (Il) peut être fier de lui. Il a montré aux Américains qu’il connaît l’Ouest aussi bien qu’eux. La grandeur et la précision de ses reconstitutions méritent un coup de sombrero.» Robert Chazal – France Soir – 1er septembre 1969

 

« Avec Il était une fois dans l’Ouest, le western trouve une nouvelle dimension. Pour Sergio Leone, tout est plus grand, plus vaste, plus profond : le sujet, le décor, l’amour, la haine et la violence. C’est l’escalade. En effet, pendant 2h45, et dans l’immensité des paysages, les personnages nous inquiètent et nous passionnent. » Gilbert Picard – Paris Jour – 2 septembre 1969

 

« Leone «a une façon très personnelle de conter une histoire, d’en exprimer la violence et la cruauté sans paraître s’y complaire. Le western est pour lui une cérémonie qui exclut toute vulgarité ». Le Figaro – 2 septembre 1969

 

« (…) la première tentative tant soit peu conséquente de cinéma « critique » c’est-à-dire non plus en prise directe avec la « réalité » (…) mais avec un genre, une tradition cinématographique, un texte global, le seul qui ait une diffusion mondiale : le western. » Serge Daney – Les Cahiers du Cinéma n°216 – Octobre 1969.

 

« Leone a réussi à faire essentiellement un film muet avec des aphorismes pour dialogues . (…) Il était une fois dans l’Ouest est peut-être l’exception à la règle selon laquelle les meilleurs films sortent des cinémas nationaux diversifiés sans doublage ni financement international. Mais c’est là une exception si glorieuse que la règle ne peut jamais sembler être si absolument rigide.» Andrew Sarris – Village Voice – 6 août 1970.

 

« (…) avec le recul, je juge mon article complètement “à côté” à la fois des qualités spécifiques de Leone, qui sont éminentes, et des objectifs poursuivis par les auteurs du western italien à la meilleure époque. Pour avoir revu récemment certains des premiers westerns de Leone, je dois dire que j’ai été impressionné par tout ce que je n’y avais pas vu à leur sortie. » Jean A.Gili – Gian Lhassa et Michel Lequeux, Seul au monde dans le western italien – Mariembourg, Grand Angle – 1983-1987. 

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Source: CBO Box office

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